L’intrigue prend place à Los Angeles en 1967. Le spectateur suit la vie d’Alice Zander et de ses deux filles, Paulina et Doris. Cette petite famille, spécialisée dans les sciences occultes, se sert de séances de spiritisme à son domicile pour arnaquer les badauds en deuil. La mère, sur les conseils de Paulina, décide de pimenter son show avec un Ouija. C’est alors que la cadette de 9 ans commence à voir et entendre des esprits maléfiques qui prennent petit à petit possession d’elle. C’est le début de l’enfer pour la famille Zander qui tente, tant bien que mal de l’exorciser. Pour le spectateur en revanche, c’est le début de l’ennui.
700 millions de clichés, et moi, et moi, et moi…
Car le constat est sans appel, Ouija : les origines n’invente rien. Mike Flanagan, le réalisateur, use et abuse de techniques déjà vues mille fois pour surprendre le spectateur : silence brisé par un son décuplé (d’autant qu’il n’y a quasiment pas de musique dans le film), plan panoramique qui s’achève sur un esprit démoniaque (le tout accompagné, évidement, d’une explosion sonore) ou encore une scène paranormale se déroulant au premier plan pendant que la vie suit normalement son cours en arrière-plan.
L’intrigue est minée par les poncifs. Petite fille possédée, corps désarticulé, envoûtement en langue étrangère, écriture avec son propre sang, intervention de l’église catholique. Et là on ne parle que du côté “horrifique” du film. Le reste de l’histoire se met également en place à coup de clichés, tels que le conflit mère-fille de l’adolescence, le premier rencard de Paulina, la famille inconsciente de la malédiction de la cadette ou la mère veuve qui tente de se reconstruire.
À travers sa préquelle, Mike Flanagan n’oublie pas le film réalisé par Stiles White. Outre la maison qui sert de décor principal, et qui est la même que dans Ouija, plusieurs plans-séquences se ressemblent d’un film à l’autre, notamment une scène de pendaison qui est pratiquement identique dans les deux longs-métrages. Sauf que face au néant scénaristique de Ouija : les origines, ces séquences ont plus une fonction de remplissage et des airs de repompe que de clins d’oeil à la première oeuvre. On en vient, finalement, à se demander si le réel hommage ne se trouverait pas dans l’absence de fond.
Un rythme spectral
Mais Ouija : les origines ne pêche pas uniquement par ses nombreux clichés, le rythme aussi est mal géré. Si de nombreux spectateurs ont reproché au premier film sa scène d’ouverture qui attaque directement dans l’horreur, Ouija : les origines, lui, tempère. Le réalisateur fait monter la pression crescendo, colle un jumpscare au plus fort de la tension et… rien. Tout retombe comme un soufflé et le spectateur s’engage dans un tunnel d’une cinquantaine de minutes où il ne se passe plus grand-chose.
Pire, cette tentative maladroite de donner un background aux personnages (et un semblant de fond à l’histoire) est balayée en une quinzaine de minutes par le climax final, qui cela va sans dire, est d’une banalité affligeante. Pour le reste, l’angoisse du film se base uniquement sur des “jumpscares”, disséminés çà et là. Au mieux, ils permettent au spectateur de ne pas sombrer dans un profond sommeil, au pire (et bien trop souvent), ils sont agaçants.
Verdict
Le déploiement (à outrance) de poncifs du cinéma d’horreur orchestré par Mike Flanagan ne parvient pas à dissimuler le gouffre abyssal du scénario. Le peu d’intrigue n’arrive pas à accrocher le spectateur qui va plus essayer de deviner quel cliché va apparaître dans la prochaine scène, que de tenter de découvrir le fin mot de l’histoire.
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On a pas du regarder le même film!