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[Critique] Snowden

Depuis 2013 et les révélations d’Edward Snowden, on a le sentiment d’avoir tout lu et tout entendu : articles, reportage, livres et documentaires (dont l’excellent Citizenfour auréolé d’un oscar en 2015) sont venus apporter un éclairage sur la plus importante fuite de données de l’histoire des États-Unis. Pour autant, l’impression perdure que les citoyens du monde entier n’ont pas véritablement pris la mesure de l’importance et des enjeux de telles révélations.

Voici maintenant le film, ou plutôt le biopic, avec Snowden d’Oliver Stone, dont la sortie est prévue le 1er novembre prochain, à quelques jours de l’élection présidentielle américaine qui doit avoir lieu le 8 novembre.

Le cinéaste s’est notamment basé sur deux livres The Snowden Files: The Inside Story of the World’s Most Wanted Man, du journaliste Luke Harding (The Guardian) et Time of the Octopus d’Anatoly Kucherena, l’avocat russe d’Edward Snowden, pour le scénario du film, co-écrit avec Kieran Fitzgerald (The homesman) : « Kieran, j’ai écrit Midnight Express en six semaines et ça m’a valu un Oscar, lui aurait balancé Oliver Stone. J’attends la même chose de toi ! ». No pression donc !

Snowden, un fervent patriote

À l’entendre évoquer Edward Snowden (qu’il a rencontré à 9 reprises à Moscou), la surveillance ou le rôle des États-Unis sur la scène internationale, on se dit qu’aucun autre cinéaste qu’Oliver Stone n’aurait pu s’emparer d’une telle histoire. Le réalisateur de Tueurs nés, JFK, Platoon ou Né un 4 juillet transpire l’engagement politique (non partisan) et il le dit : avec ce film, ce qui compte c’est le message et que chacun puisse se faire sa propre opinion sur le messager, le jeune lanceur d’alerte par qui le scandale est arrivé en l’occurrence.

Que nous raconte Oliver Stone avec Snowden ?

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Tout d’abord, il évoque le soldat Snowden, remarquable Joseph Gordon Levitt qui livre là une interprétation d’un mimétisme confondant, le vibrant patriote qui s’engage dans l’armée pour venir grossir les rangs des forces spéciales et qui ne passera du côté obscur (dans les salles confinées des agences de renseignement) qu’à la faveur d’une blessure qui signera sa réformation de l’armée.

Une foi aveugle bientôt ébranlée

À mesure que le jeune Snowden répond aux questions de Laura Poitras (Melissa Leo) et des journalistes sur ses motivations et ce qui l’a conduit à trahir son pays, le film retrace les différentes étapes importantes de son parcours d’agent du renseignement et tente de répondre à ces questions : comment un jeune patriote, désireux de servir son pays, a-t-il pu se retourner contre son pays, quels événements l’ont perturbé au point de remettre en cause ses croyances ?

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En retraçant son parcours de 2004 à 2013, une partie méconnue de son histoire, Oliver Stone nous donne à voir un autre Snowden, humain, celui de l’intime, de sa vie avec sa petite amie, Lindsay Mills (Shailene Woodley, un poil irritante), les aléas de ses déplacements, mais aussi et surtout ses premiers doutes et remises en cause, ceux qui ont fendillé l’armure et fait vaciller sa foi inébranlable, voire plutôt aveugle, en son gouvernement.

9 ans de la vie d’Edward Snowden

À ce titre, son parcours semble indissociablement lié à sa relation petite amie, très présente dans le film et véritable colonne vertébrale du couple et donc d’Edward Snowden.

Oliver Stone retrace ici 9 ans de sa vie pour tenter de comprendre le messager afin de rendre audible son message. Dans cette chambre d’hôtel, quelques heures avant d’appuyer sur le bouton rouge des révélations, la plus grande crainte de Snowden n’était pas tant d’être arrêté, mais que son message ne soit pas entendu, que le peuple américain reste apathique, sans réaction, comme nous la (re)confirmé Oliver Stone lors de sa venue à Paris.

Le film nous en apprend également énormément sur le rôle et le statut d’Edward Snowden au sein des différentes agences pour lesquelles il a travaillé, mais aussi sur la mécanique qui a cours dans ces services, comment ils fonctionnent, comment ses employés y travaillent. En ce sens, c’est un document inédit sur l’envers du décor des agences de renseignement, où culture du secret règne.

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Plus qu’un simple agent du renseignement

À l’aune des premières révélations, certains, dont des responsables de la NSA, expliquaient qu’il n’était qu’un petit pion dans l’énorme rouage, un technicien comme il y en avait tant, qu’il ne pouvait même pas être considéré comme un « agent » de la CIA ou un employé de la NSA. Pour le coup, le film remet les pendules à l’heure et démontre combien il n’en est rien. Son intelligence a été remarquée, son talent et son expertise ont été utilisés, voire exploités, et ses compétences reconnues par les plus hauts dirigeants du renseignement avec qui il a eu l’occasion de travailler.

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Pédagogie plutôt que subversion

Le film, qui a vocation à s’adresser au plus grand nombre, pèche parfois par trop de simplicité et de raccourcis (son test d’entrée, son passage de la CIA à la NSA, etc.) amoindrissant la charge émotionnelle, là où la révolte devrait gronder. On attendait peut-être un propos plus subversif que pédagogique de la part d’Oliver Stone, l’importance du sujet l’a peut-être convaincu de mettre la pédale douce.

Par ailleurs, ceux ayant lu Nulle part où se cacher, de Glenn Greenwald (Zachary Quinto dans le film) et plus encore vu Citizenfour de Laura Poitras, auront certainement un gout de déjà vu. Néanmoins, Snowden n’en reste pas moins un document inédit et un geste politique fort.

Bonus : le film répond à des critiques maintes fois formulées à l’encontre de Snowden concernant le « choix » de son pays d’accueil, la Russie. Snowden revient en effet sur sa fuite qui devait le mener en Équateur où il était attendu. Caché par des réfugiés dans l’attente de son exfiltration, Edward Snowden n’atteindra jamais sa destination, le gouvernement des États-Unis ayant révoqué son passeport, le lanceur d’alerte a été contraint d’atterrir à Moscou où il est resté 38 jours bloqué à l’aéroport avant de se voir délivrer une autorisation de séjour d’un an. Asile politique renouvelé pour trois ans et qui s’achève mi 2017.

Snowden, d’Oliver Stone, sort le 1er novembre au cinéma

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2 commentaires
  1. Le probleme d’Oliver Stone c’est ses amitiés. Ami avec Poutine et avec l’ancien president d’Ukraine déchu, j’ai du mal a faire confiance a la sincérité d’un mec qui critique les US mais qui est ami avec des gens qui ne sont pas mieux et probablement pire. J’aimerais le voir faire le même genre de film sur la Russie mais bon problement qu’il serait alors lui même en exil quelques part ou une balle dans la tête.

  2. J’ai récemment vu un documentaire appelé Les Nouveaux Loups du Web (trouvé sur Jupiter-Films.com) et j’ai trouvé qu’il venait bien compléter ce que nous apprenons dans le film Snowden. Nous sommes de plus en plus éclairé, nous sommes devenus des objets de consommation pour des géants tels que Facebook,Google… Combien de films comme ceux la va t-il nous falloir avant que l’on tente de faire quelque chose, de se protéger ?

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