Voici donc « Internet Plus » ou quand le Big data sert au contrôle des masses. Nous ne sommes pas dans un roman de science-fiction ou dans l’un des derniers épisodes de Black Mirror (Nosedive pour ne citer que lui) mais en Chine.
Fin septembre, le Parti communiste chinois au pouvoir a annoncé une nouvelle mesure surprenante basée sur le Big Data : à partir des données personnelles recueillies sur ses citoyens, le gouvernement leur attribuera une note de confiance. Une note qui servira autant de sésame que de purgatoire.
Une note de confiance pour tous les citoyens
Ainsi, cette note attribuée par le pouvoir conditionnera l’accès à certains services et fermera la porte à d’autres. Autrement dit, tout citoyen chinois devra avoir un comportement exemplaire (légal, social, fiscal, juridique, etc.), si ce n’est irréprochable, pour pouvoir prétendre à l’obtention d’un prêt ou d’une promotion.
Les moins dignes de confiance seront sanctionnés. La liste des restrictions prévues en cas de comportements déviants (employons les grands mots) détaillée par le gouvernement chinois et rapporté par le Washington Post est proprement hallucinante : elle va des restrictions bancaires et financières pures et simples (attribution d’un crédit, participation à un marché public, possibilité de devenir actionnaire, etc.), à l’interdiction de voyager en 1ère classe, voire de partir à l’étranger, ou d’inscrire ses enfants dans les meilleures écoles du pays.
Passe droit ou sanctions
Votre score déterminera votre place dans la société. Ce plan est issu de la volonté de la Chine de développer un « système de crédit social » d’envergure pour 2020, afin de promouvoir la culture de la « sincérité » au sein d’une « société socialiste harmonieuse » où « maintenir la confiance est glorieux ».
Le gouvernement va donc collecter les données de 700 millions d’internautes chinois pour les évaluer dans différents domaines, social, politique et juridique. On comprend mieux les velléités d’interdiction du pouvoir envers le chiffrement et autre VPN, qui empêcheraient ce travail de collecte : réseaux sociaux, code de la route, comportement au travail et en-dehors, tout sera passé au peigne fin et pourra avoir une incidence sur la note établie. Les entreprises sont également concernées par le dispositif et pourront se voir refuser l’accès à un marché public, l’émission d’obligation ou des investissements.
Le contrôle des masses sous couvert de lutte contre la corruption
Le gouvernement justifie ce plan par la lutte contre la fraude et la corruption, qui gangrène le pays. Ces dernières années, les scandales de corruption impliquant de hauts responsables se sont multipliés. En 2015, le caractère de l’année était donc 廉, qui signifie « incorruptible ».
Ce système de notation existe dans d’autres pays, notamment pour l’obtention d’un prêt ou d’une assurance. En France l’accès aux données de santé aux assurances a suscité une levée de boucliers. Mais c’est la première fois qu’il est déployé à si grande échelle dans toute les strates de la société et de la vie professionnelle et personnelle des citoyens.
Vers un régime totalitaire ?
En 2010, un projet similaire avait été lancé dans la province du Jiangsu, avec un maximum de 1 000 points attribués par les autorités. Les infractions pouvaient coûter entre 20 et 50 points, de la conduite en état d’ivresse ou le paiement d’un pot de vin (50 points) au passage à un feu rouge (20). Des sanctions qui s’appliquaient également à la vie privée, selon que vous apparteniez à un culte ou ne preniez pas soin de vos parents âgés. Les citoyens étaient ainsi classés de A à D et pouvaient obtenir un traitement préférentiel ou se voir refuser un emploi.
Face à la contestation, le gouvernement avait fait marche arrière, avant de revenir par la fenêtre avec ce nouveau plan.
Reste que ce plan sert de formidable moyen de pression pour les autorités qui renforce les contrôles sur sa population et pousse la Chine dans un régime totalitaire.
Un tel projet pourrait aiguiser les appétits des hackers, friands de données en tout genre. Selon William Glass, analyste dans la société spécialisée en cybersécurité FireEye : « Il y a un marché énorme pour ce genre de dispositif, et aussitôt que le système sera installé, cela incitera grandement les cybercriminels et certains acteurs soutenus par l’État à pénétrer à l’intérieur, soit pour voler des informations, soit les altérer. »
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Je ne voudrais pas dire mais cela existe déjà dans notre société actuelle : on peut être interdit de certaines activités si on a un casier judiciaire, on peut être interdit bancaire et oui on peut ne pas pouvoir aller dans certaines écoles huppées car pas assez d’argent, certains avantages sociaux sont également limités pour les étrangers et on peut aussi être interdit de quitter le territoire. Toute la question et votre article n’y répond pas est comme cela est calculé ou déterminé ?
On préfère regarder chez les autres quand on dit que c’est pas bien plutôt que de reconnaître qu’on est (plus ou moins) dans la même m***.
Bienvenue dans la distopie. Et puis j’adore l’excuse pour lutter contre la corruption… Combien vont faire de la corruption tout en restant clean ? Oui les basses besognes vont prendre chères, mais tout les grands riches, politicien et les puissants eux ne se saliront jamais les mains et feront tout pour se blanchir…
Combien avons-nous de politiciens trempés dans des affaires de corruptions ? Interdisons nous à nos politiciens d’être à de haut postes politique quand ils sont reconnus coupable de ce genre de délit ? SPOILER : bizarrement ils ne l’envisagent toujours pas…
On l’a déjà en France ! Dieudonné à un zéro pointé et ses fans on un 2/10 ! J’ose pas dire qui a 10/10 !?
T’as failli verser dans la Haine.
raclure
La prochaine étape est d’attribuer un nom en fonction du poste occupé et du niveau social. Simplement basé sur une suite de lettres. “A” étant le président par exemple. Damasio et Damasielle de Chine préparez la volution!
Je pensais au même livre ! Ce n’est déjà plus de la science-fiction…
ah Black Mirror… ça marque comme série! 😉
Excellente saison 3 d’ailleurs! ^^
Oh wait! c’est pas la news sur la saison 3, c’est en Chine!!! ^^’
on s’en fou
alors pourquoi tu réponds? blaireau
Évidemment, jamais un corrompu avec une bonne note usurpée, n’en donnera une mauvaise pour nuire a quelqu’un ?
Ca me rappelle étrangement le scénario de Psycho-Pass… o_O j’ai cru à une blague au début! Ils sont vraiment sérieux là?
J’y ai pensé, même si psycho pass c’est plus une note instantanée de latence à commettre des crimes en fonction des paramètres psychologiques et physiologiques de l’individu. Mais on se rapproche effectivement du système Sybil avec l’ordinateur qui décide pour vous de votre conjoint et de votre futur métier…
Je vis en Chine, et peut déjà vous dire que c’est déjà en phase de test pour certains “heureux élus” !
Le pire dans tout ça c’est que les chinois eux-mêmes s’investissent pour obtenir un meilleur “score de patriotisme” que leur voisins et ne voient pas ce que ça implique derrière…