Mai dernier. Uber, la « licorne californienne »*, constitue son premier comité de conseil en politique publique. Parmi les 8 personnalités composant ce collège, un nom se distingue : Neelie Kroes. Un nom familier pour quiconque a, un tant soit peu, suivi les soubresauts de la vie politique européenne puisqu’elle fut commissaire européenne à la Concurrence (2004-2010) puis vice-présidente de la commission en charge du Numérique (2010-2014).
En mars dernier, elle annonce intégrer le board (conseil d’administration) de SalesForce, le leader mondial des services cloud de gestion de la relation client. Rien d’étonnant à ce que la plateforme de VTC tant décriée en Europe (et à peu près partout où elle s’installe) se soit attachée les compétences de cette femme, 38e au classement des femmes les plus puissantes du monde établi par le magazine Forbes.
Uber l’avait sans doute dans ses papiers depuis 2014, année où elle avait ardemment défendu son service UberPop, interdit par la justice belge. Elle s’était dite « scandalisée » par cette volonté de « protéger le cartel des taxis ». De quoi passer un entretien haut la main.
Institutionnalisé outre-Atlantique, le lobbying est également très présent à Bruxelles où les géants de web dépensent des sommes importantes pour faire pencher la balance de leur côté.
Et à ce jeu-là, Google et Facebook font bonne figure. Comme le rapporte Le Monde, selon la dernière étude publiée par le site Google Transparency Project, Google a recruté pas moins de 65 fonctionnaires de l’administration depuis 2005, majoritairement au Royaume-Uni (26) mais aussi en France (8 au total).
Dans le pays, Google a choisi des profils très variés, avec un réseau non négligeable, et débauchés aussi bien au sein du Parlement, du ministère de l’Industrie que de l’ARCEP (l’autorité de régulation des communications).
Il faut dire que Google a eu du nez puisque, depuis 2010, la Commission européenne ne lui laisse aucun répit. Android, Google Shopping, moteur de recherche, les dossiers antitrust ne manquent pas.
Facebook n’est pas en reste puisque le n°1 des réseaux sociaux a recruté Erika Mann, 15 ans passés dans les rangs des sociaux-démocrates allemands au Bundestag, pour devenir chargée de mission permanente pour les relations avec l’Union européenne.
Des recrutements qui s’accompagnent, en parallèle, de coquettes sommes dépensées en lobbying à Bruxelles. Des centaines de milliers d’euros, voire des millions, qui n’ont rien de comparable avec les millions dépensés aux États-Unis où le lobbying a pignon sur rue.
Toutefois, au fil des ans, les sommes consacrées au lobbying européen augmente. De 600 000 euros en 2011, Google a dépensé pas moins de 3,5 millions d’euros en 2014, souligne Le Monde. Le géant de l’informatique Microsoft, qui vient de racheter LinkedIn pour 26,2 milliards de dollars, pas moins de 4,5 millions d’euros. Facebook se la joue fourmi avec 800 000 euros dépensés en moyenne chaque année.
Si ces entreprises recrutent volontiers dans ce sérail politique et européen, ces fonctionnaires franchissent également de leur plein gré le Rubicon : Google Transparency Project en dénombre une quinzaine au sein de l’Union européenne. Autant de personnel bien formé qui vient également peupler les conseils d’administration de grandes entreprises. Au sein de SalesForce par exemple, Neelie Kroes croise désormais Colin Poweel, premier secrétaire d’État de George W Bush Jr. Al Gore est présent depuis 2003 au conseil d’administration d’Apple et est conseiller officieux de Google, Christine Albanel, ancienne ministre de la Culture, est présidente du conseil d’administration d’Orange studio (également Directrice exécutive, RSE, Diversité, Partenariats et Solidarité).
* : du nom de ces start-ups non cotées en Bourse dont la valorisation a dépassé un milliard de dollars en moins de 10 ans d’existence.
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Une nouvelle “bulle” informatique est en train de se (re)former !…Gare aux dégâts quand elle éclatera !… Mais que se passera-t-il quand Google (et faubourgs ) décidera de recruter les citoyens eux-mêmes ?…..
On comprend mieux ainsi que l’UE ne se soucie QUE de la finance et du business et absolument pas des citoyens à qui elle promettait un avenir radieux.
Et maintenant ces traites négocient TAFTA dans notre dos sans nous demander notre avis. Il s n’en ont pas besoin puisqu’ils ont celui des lobbies.