C’est le patron d’Amazon Studios, Jason Ropell, qui a annoncé le lancement du service en France pour très bientôt. Amazon Video Direct est déjà présent aux Etats-Unis, en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Autriche et au Japon. Il se présente comme “un nouveau programme en libre-service permettant aux créateurs et à ceux ayant des histoires à raconter de rendre leurs contenus vidéo disponibles pour les clients d’Amazon”.
Un modèle économique alternatif, ou presque
De la concurrence pour Youtube, une bonne chose ? Pourquoi pas : la position ultra-dominante de la filiale de Google donne très souvent lieu à des abus vis à vis des créateurs, notamment à propos de leur rémunération. Et c’est là dessus que veut jouer Amazon, ce qui nous effraie un peu.
La compagnie de Jeff Besos a axé sa campagne de promotion du service Amazon Video Direct autour de la rémunération des créateurs. Ceux-ci pourront distribuer leur contenu gratuitement pour les abonnés au service de streaming Prime Video. Ils toucheront 0,15 dollar par heure de visionnage aux Etats-Unis et 0,06 pour chaque heure regardée à l’étranger. Le plafond de rémunération est fixé à 500 000 heures payées, ce qui donne une somme maximale de 75 000 dollars par an. Les créateurs pourront aussi choisir de proposer leur contenu en abonnement séparé, en vente unique ou en accès libre pour les clients d’Amazon mais cette fois avec des publicités. Ils toucheront 55% des revenus publicitaires ou 50% des revenus des abonnements et ventes.
Non négligeable, Amazon promet un bonus d’un million d’euros par mois répartis entre les 100 vidéos les plus regardées. Seront pris en compte dans la répartition le nombre de spectateurs, la durée pendant laquelle ils ont regardé la vidéo, ou encore la note qu’ils lui ont attribuée.
Mais des dérives sont envisageables
On ne peut pas vraiment en vouloir à Amazon d’en faire des caisses pour attirer un contenu plus ou moins de “qualité” avec des vidéastes qui se consacrent uniquement à la production de vidéos sur Amazon Video Direct. Youtube étant ultra-majoritaire dans le marché de la vidéo en ligne, il est normal de voir Amazon déployer d’importants moyens pour s’y immiscer.
Youtube s’était construit en exploitant le vide que représentait l’espace vidéo sur Internet : les créateurs avaient enfin les moyens de diffuser leurs contenus au monde entier, gratuitement et sans passer par les médias traditionnels. Amazon ne peut plus exploiter ce filon. La solution de facilité est donc de sortir le portefeuille. Mais cette stratégie (qui sera pourtant efficace) nous semble déjà vouée à l’échec. En promettant une rémunération, Amazon cherche à attirer des vidéastes qui consacreront temps et moyens pour réaliser un contenu de qualité. Pourtant, la plateforme a plus de chances de rameuter les créateurs de moindre qualité, uniquement attirés par l’appât du gain. Une dérive que l’on voit déjà sur Youtube, et qui avait éclatée au grand jour lors de l’affaire MathPodcast par exemple : un jeune youtuber avait intégralement plagié le contenu d’une autre chaîne pour se faire un nom et vivre de son activité sur la plateforme. Dans cette même veine, on peut citer les pages Facebook de vidéos « prank » ou de compilations de « vines ». Des chaines opportunistes qui surfent souvent sur le succès d’autres créateurs.
« Amazon Video Direct », le nouveau repère des chaînes de « prank » et autres « freebooters » ?
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