Malgré quelques choix improbables (une voix de stewart suave pour commenter les parties), id Software semble reprendre les affaires là où il les avait laissées. Alors que le multijoueur moderne est devenu une mosaïque de concepts de plus en plus capillotractrés, DOOM cherche moins la sophistication que retrouver l’efficacité primaire des premiers temps.Dans des arènes découpées comme des gruyères tactiques, à base de tunnels, promontoires, plateformes flottantes et autres goulots d’étranglement, 12 joueurs sont invités à se mettre joyeusement sur la gueule dans une orgie de tirs de roquettes et de salves de mitrailleuse lourde. Les déplacements sont réduits à leur plus simple appareil, avec un double saut pour seul caprice. L’arsenal est carré, conventionnel, et ne cherche pas la fioriture tactique mais le bon gros DPS qui tâche.
Premier des deux modes, le Deathmatch fait dans le minimum syndical : de l’hécatombe en mode snacking décérébré, où l’on vient déchaîner sa tempête de plomb et de viscère comme au bon vieux temps. Certes, quelques originalités surnagent, comme la possibilité de se changer en démon (le mythique Revenant et son jetpack lance-roquette) pour engranger du kill par pelletées. Plus intéressant se montre le mode « Sentier de la guerre », variante du « Roi de la colline », qui demande de conquérir une zone mobile, tournant en boucle à travers le niveau, et de la tenir le plus longtemps possible. Mais le changement le plus visible (gênant ?) reste la conformation d’id Software aux préceptes imposés par Call of Duty sur le multi moderne : les gadgets secondaires, les buffs temporaires que l’on gagne à chaque match, ou encore sa liberté de tout customiser, de la culasse jusqu’au finish move rageur. Comme quoi, le studio n’est pas si réfractaire que ça aux nouveaux canons de jouabilité, ce qui apporte au moins un peu de variation tactique dans les approches de jeu.
Que dire de ce premier bilan, si ce n’est qu’on espère qu’il ne sera pas exemplaire de la suite ? Il faut certes concéder une envie sincère de revenir à une forme de simplicité, un gameplay décharné à quelques actions pour le seul plaisir de la chair supplicié en joute collective. Oui mais voilà : la chair est triste, hélas. Amusant 5 minutes, ce multijoueur brûle très rapidement ses cartouches, et c’est dans un ennui poli que l’on cumule du frag à la chaîne, comme d’autres viendraient pointer à l’usine. Assez laid (on compte sur la version solo pour se faire vitrine graphique du moteur id Tech 6), le jeu reste surtout très sage, pour ne pas dire rétrograde, dans son level design et dans son ressenti physique du combat, d’une mollesse décourageante.
Avant même sa sortie, DOOM pose d’emblée une question cruciale : entre lui et nous, lequel a le plus mal vieilli ? Une question que l’on s’était aussi posé à l’époque de Duke Nukem Forever. Si ces icônes des années 90 ont posé les règles du jeu, elles semblent bien en peine de les redéfinir aujourd’hui. A se vouloir réfractaire à l’air du temps, elles apparaissent surtout comme une obsolescence inévitable. Laissons à id Software le bénéfice du doute. Et avec lui l’espoir de nous surprendre avec d’autres modes plus pêchus et d’autres cartes mieux architecturées. Souhaitons surtout que son solo soit le foyer majeur de son retour en grâce. Dans le cas contraire, DOOM a tout du pétard mouillé qu’on ne saurait digérer.
Tous les modes multi de Doom en une seule vidéo
Doom sortira le 13 mai prochain sur PC, PS4 et Xbox One
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