L’affaire Apple Vs FBI n’était que l’arbre qui cache la forêt. On aurait pu s’en douter, ne serait-ce qu’après les révélations du Wall Street Journal expliquant que 12 iPhone attendaient encore d’être débloqués dans les locaux du FBI, mais l’ampleur du lièvre soulevé par l’ACLU est sans précédent.
Le gouvernement utilise le All Writs Act, censé n’être utilisé qu’en dernier recours, dans au moins 63 dossiers pour exiger l’aide d’Apple et de Google pour débloquer les téléphones. Depuis 2008, le FBI, l’agence de lutte des drogues et même les services secrets l’ont utilisé pour demander leur assistance, en particulier dans des affaires liées à la drogue ou à la pédopornographie.
Le All Writs Act de 1789 permet à un tribunal d’exiger la collaboration d’une tierce partie pour aider les autorités dans leurs affaires en cas de force majeure et lorsqu’aucun autre outil juridique n’est disponible.
Selon les documents publiés par l’ACLU, les demandes concernant Google représentent 10 % des cas et pas nécessairement concernant des téléphones chiffrés. La firme de Mountain View a apporté son aide aux autorités dans au moins 9 cas. Parfois simplement pour déverrouiller un téléphone en réinitialisant le mot de passe.
Google explique au Wall Street Journal examiner attentivement toutes les demandes afin de s’assurer qu’elles respectent la lettre et l’esprit de la loi.
« Cependant, nous n’avons jamais reçu de demande comparable à celle qu’Apple a récemment contestée, qui nous aurait demandé de créer de nouveaux outils pour affaiblir la sécurité de nos appareils. Comme l’a montré notre soutien à la démarche d’Apple, nous aurions fortement contesté toute demande de ce type », explique un porte-parole
À la lumière de ces révélations, l’inflexibilité d’Apple dans son litige l’opposant au FBI apparait sous un jour nouveau. Tim Cook n’a cessé de contester l’usage qui était fait du All Writs Act, tout en refusant d’affaiblir la sécurité de ses téléphones. Pour le CEO d’Apple cela aurait ouvert une « Boite de Pandore » et aurait créé « un précédent juridique ayant pour conséquence d’étendre les pouvoirs de gouvernement ».
Google et Apple aurait été contraint d’accéder à toutes les demandes en cours et à venir, et pas seulement dans des affaires liées au terrorisme.
Le FBI a finalement abandonné la procédure visant Apple pour débloquer l’iPhone de San Bernardino, grâce à l’intervention providentielle d’une « tierce partie », probablement une société spécialisée dans la sécurité mobile.
Et les documents publiés par l’ACLU montrent qu’Apple a refusé à des maintes reprises les demandes de réinitialisation de mots de passe, impossible à effectuer sur les iPhone, avec peu ou prou les mêmes arguments que ceux présentés devant le tribunal dans l’affaire l’opposant au FBI : cela aurait eu pour conséquence de porter atteinte à la sécurité de ses téléphones et à la vie privée des utilisateurs.
La guerre du chiffrement semble donc loin d’être terminée.
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