Il n’est pas question d’iPhone, d’Apple ou de terrorisme ici, néanmoins le problème reste le même : le chiffrement.
Dans le cadre d’une enquête en cours, un juge fédéral américain a donné son feu vert aux autorités pour procéder aux écoutes des communications passées depuis l’application de messagerie sécurisée Whatsapp. Problème, avec le chiffrement de bout en bout des communications proposées par la société depuis 2014 cela se révèle compliqué et l’enquête stagne.
Le Département de la Justice (DOJ) étudierait donc actuellement des solutions de contournement et des pourparlers seraient engagés entre Whatsapp et le DOJ, rapporte le New York Times.
Toutefois, alors que le contexte est déjà tendu et voit Apple et le FBI se livrer une guerre de tranchées autour de la sécurité des données et des communications, des sources proches du dossier assurent que le problème est autrement plus préoccupant dans cette affaire.
Pour le NYT, cela ouvrirait « un nouveau front dans la contestation entre l’administration Obama et la Silicon Valley autour du chiffrement, de la sécurité et de la vie privée ». Avec le chiffrement, l’avenir des écoutes électroniques serait en jeu. Écoutes que les agences de renseignement estiment être à la base de toute enquête criminelle.
La question étant désormais de savoir si le Département de la Justice doit forcer Whatsapp à aider le gouvernement afin qu’il obtienne ces informations, au risque de voir s’aggraver le conflit. De leur côté, les sénateurs seraient sur le point de légiférer concernant les sanctions civiles à imposer aux entreprises high-tech, qui refuseraient de répondre aux ordonnances du tribunal requérant leur coopération pour aider les autorités à accéder aux données chiffrées de leurs utilisateurs.
Un conflit juridique avec Whatsapp pourrait également inciter les législateurs à réviser la loi sur les écoutes (wiretapping) dont la dernière mise à jour remonte à une génération.
Pour l’Electronic Frontier Foundation (EFF), le FBI et le ministère de la Justice attendent juste le moment et le cas opportuns pour effectuer une demande qui apparaîtrait enfin raisonnable.
Whatsapp n’est pas la seule application chiffrée existante – Telegram serait d’ailleurs privilégiée par les djihadistes de l’organisation Etat islamique (OEI) pour communiquer – mais avec 1 milliard d’utilisateurs, elle est, de loin, la plus importante.
Le chiffrement n’est pas qu’une sécurité pour les clients des géants du web, c’est aussi un moyen pour le gouvernement de se protéger des cyberattaques dont il est régulièrement victime. C’est pourquoi la Maison Blanche avait opéré un revirement sur le chiffrement en expliquant qu’il ne fallait en aucun cas l’affaiblir. Puis avait à nouveau changé d’avis peu après « l’acte terroriste » du 2 décembre perpétré à San Bernardino en Californie et revendiqué par l’organisation État islamique.
Au sein même de l’administration Obama, les avis divergent sur la manière d’inciter les entreprises high-tech à coopérer et/ou répondre aux requêtes des forces de l’ordre. La Maison Blanche a refusé de légiférer en ce sens en imposant des backdoors aux firmes technologiques et fait depuis des pieds et des mains pour s’attacher la coopération active des géants du web… qui semblent freiner des quatre fers, pris en étau entre la sécurité des données de leurs clients et les impératifs de sécurité nationale qui semblent légitime dans le contexte actuel. Google, Facebook, Snapchat et Whatsapp s’apprêteraient même à accélérer sur le chiffrement en optant pour le end-to-end sur l’ensemble de leurs services.
Un juste équilibre est-il possible ? Une solution qui allierait un chiffrement fort, et la possibilité laissée aux autorités d’accéder aux données souhaitées. Le président Obama la appelé de ses vœux et ce, avant que le législateur ne vienne imposer une loi qu’il juge « dangereuse ».
La vie privée est une notion très importante chez Jan Koum, le fondateur de Whatsapp, ce dernier ayant grandi sous l’ère soviétique en Ukraine. Il fut l’un des premiers à manifester son soutien à Tim Cook lorsque le CEO d’Apple a publié sa lettre ouverte expliquant les raisons de son opposition au FBI.
« Notre autonomie et notre liberté sont en jeu », avait-il alors déclaré sur sa page Facebook.
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bon…WhatsApp appartenant à Facebook et Zukerberg suçant allégrement le FBI et la CIA, je pense que ces derniers n’ont pas de problème pour récupérer les dites données..!
c’est sûrement juste question de dire, “de toute façon, ce sera pareil pour tout le monde !”.