Depuis mardi et l’injonction faite à Apple de fournir « une assistance technique raisonnable » au FBI « pour aider les agents des forces de l’ordre à obtenir l’accès aux données sur l’appareil » de l’un des auteurs de l’attentat de San Bernadino, la bataille fait rage.
La justice demandant en outre à Apple de concevoir un firmware utilisable uniquement sur le téléphone du suspect et capable de contourner l’effacement automatique des données. Celle-ci se produit après plusieurs essais infructueux pour deviner le mot de passe de déverrouillage (10 normalement) du smartphone.
Dans une lettre à ses clients, Tim Cook, le CEO d’Apple, explique pourquoi la firme refuse, non pas d’aider le FBI ou les agences gouvernementales en leur fournissant des conseils techniques mais de lui fournir ce logiciel qui s’apparente à une backdoor pour Apple.
Permettre cela serait affaiblir le chiffrement et donc la sécurité de ses terminaux. Le conflit couve depuis des mois et est ravivé au gré de l’actualité : les attentats de Charlie, puis du 13 novembre dernier ou encore de San Bernadino le 2 décembre.
Mais les entreprises technologiques, Apple en tête, ne plient pas. Les révélations d’Edward Snowden ont fait leur chemin, l’impact a été considérable et la nécessite de sécuriser les communications est désormais essentielle.
Mais les agences gouvernementales ne renoncent pas pour autant, le contexte de lutte contre le terrorisme aidant. Dernièrement, le directeur de la NSA est venu mettre son grain de sel après avoir opéré un retournement de veste en assurant que « le chiffrement est fondamental pour le futur ». Interviewé par Yahoo News, Rogers est venu affirmer que sans le chiffrement, les terroristes auraient pu être détectés et les attentats de Paris évités.
Il ne remet pas en cause la nécessité du chiffrement, mais seulement le fait que la Silicon Valley refuse l’idée de porte dérobée pour que les autorités puissent accéder aux données verrouillées des utilisateurs.
Apple pourrait se retrouver isolé, mais il n’en est rien. Google, Whatsapp, Microsoft, l’Electronic Frontier Foundation, ACLU ou encore Amnesty International ont apporté leur soutien à la firme de Cupertino.
Sur Twitter, dans une série de messages, le CEO de Google, Sundar Pichai, a ainsi estimé que « C’est un message important de Tim Cook. Obliger les entreprises à autoriser le piratage pourrait compromettre la vie privée des utilisateurs. Nous savons que les forces de l’ordre et les agences de renseignement font face à des défis importants pour protéger la population contre le crime et le terrorisme ».
4/5 But that’s wholly different than requiring companies to enable hacking of customer devices & data. Could be a troubling precedent
— sundarpichai (@sundarpichai) 17 Février 2016
Ajoutant « Nous construisons des produits sécurisés pour protéger vos informations et nous donnons aux autorités un accès aux données lorsqu’il y a une décision de justice valable. Mais c’est tout à fait différent que d’exiger des entreprises qu’elles permettent le piratage des appareils et des données de leurs clients. Ce serait un précédent inquiétant ».
Un avis partagé par Jan Koum, l’un des fondateurs de Whatsapp. En publiant la lettre ouverte de Tim Cook à ses utilisateurs, Koum a ajouté dans son billet publié sur Facebook : « j’ai toujours toujours admiré Tim Cook pour ses prises de position sur la vie privée et les efforts d’Apple pour protéger les données des utilisateurs […] nous ne devons pas permettre que ce dangereux précédent puisse voir le jour. Aujourd’hui, notre indépendance et notre liberté sont en jeu ».
http://www.apple.com/customer-letter/ – I have always admired Tim Cook for his stance on privacy and Apple’s efforts to…
Posté par Jan Koum sur mercredi 17 février 2016
De leur côté, Microsoft a soutenu une déclaration faite par la Reform Government Surveillance – dont Redmond fait partie – estimant que les « entreprises de technologies ne devraient pas être tenues d’implémenter des backdoors sur des technologies qui ont pour vocation de protéger les informations des utilisateurs ». Soulignant que RGS réitère « son engagement à fournir toute l’aide dont les forces de l’ordre ont besoin tout en protégeant la sécurité de leurs clients et les informations de leurs clients ».
RGS est composé de plusieurs firmes high-tech, dont DropBox, AOL, Evernote, Facebook, Google, LinkedIn, Twitter, Yahoo et Apple.
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La question devrait se poser dans l’autre sens: quels “monstres” sont devenus nos Etats pour que ce soit les entreprises qui protège la vie privée des citoyens?… pas plus que la France les USA ne sont le pays de la liberté, aujourd’hui le canada, l’Australie, la Nouvelle Zellande ou meme la Suisse et l’Angleterre semble des pays plus attentif a la liberté. Si on arrive encore a rentrer ^^
Sauf que la on ne parle plus de citoyen mais de terroriste.
Tu sais, sûreté national, protection de la population, lutte contre le terrorisme des trucs tres secondaire fasse a un pretendu respect de la “liberté”.
Quand on voit avec quelle facilité certains terroristes entrent et sortent de notre pays, tout en étant fichés, quand on constate le peu d’échanges d’informations entre pays européens, on peut douter de la nécessité et de l’efficacité des bakdoors réclamés par les services de “sécurité” qui sont plus des organismes d’espionnage et de fliquage.
Comme toujours la sécurité a bon dos. Il existe d’autres moyens de lutter contre le terrorisme, encore faut-il en avoir la volonté et ne pas penser qu’au business.
Le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni (https://www.journaldugeek.com/2015/12/23/apple-loi-renseignement-britannique-danger-utilisateurs/) font partie des Five Eyes avec les Etats-Unis, l’alliance des agences de renseignement, au cœur des révélations d’Edward Snowden, donc officieusement, ils souscrivent.
Le beau coup de pub pour Apple en même temps ! 🙂
L’union fait la force.
Ce “pays” est-il enfin arrivé jusqu’au point d’implosion ( et pas Godwin !… ) prélude à une seconde guerre de Sécession ?…
Les services de renseignement commencent à me taper sur le système. Qu’ils fassent leur boulot sur le terrain au lieu d’essayer de stocké des données impossible à analyser vus les quantités car pour l’instant, les attentats de Paris n’auraient pas eus lieux si on surveillait correctement les fiché S et si on commençait à faire du ménage dans les quartier chaud.
D’ailleurs, depuis l’état d’urgence, c’est fou le nombre de personne possédant des armes de guerre chez eux qui ont étés arrêtés. La preuve qu’on sait qui et où ils sont mais que d’autres barrières bloquent (judiciaire?) mais certainement pas le chiffrage de donnés…