Passer au contenu

[Critique] Creed : L’uppercut-surprise de cette nouvelle année ?

Spin off attendu d’une longue saga, Creed avait de quoi inquiéter les fans du noble art. Mais le dernier round de Stallone tourne à son avantage

Adonis Johnson n’a jamais connu son père, le célèbre champion du monde poids lourd Apollo Creed décédé avant sa naissance. Pourtant, il a la boxe dans le sang et décide d’être entraîné par le meilleur de sa catégorie. À Philadelphie, il retrouve la trace de Rocky Balboa, que son père avait affronté autrefois, et lui demande de devenir son entraîneur. D’abord réticent, l’ancien champion décèle une force inébranlable chez Adonis et finit par accepter…

À la manière de Star Wars, la saga Rocky semblait avoir la fâcheuse manie de ne pas vouloir se terminer. Le 6e épisode mettait d’ailleurs en scène un Sylvester Stallone vaillant, mais en bout de course. L’annonce de la mise en chantier d’un spin off en forme de suite direct avait naturellement soulevé un certain scepticisme chez les amateurs de la série. La nomination de Ryan Coogler, pourtant auteur de l’intéressant Fruitvale Station, aux commandes n’avait pas dissipé ces doutes.

Pourtant, au bout d’une demi-heure, on comprend que Creed évite les écueils ridicules qui se présentaient à lui. Notamment, car Sylvester Stallone laisse enfin filer son statut de héros, pour se concentrer sur celui de mentor. Un rôle qui lui permet de mettre en avant une autre palette d’émotion. Cette gueule cassée, que quatre Rambo et six Rocky ont abîmée, livre ici une performance plus subtile qu’à l’habitude. Malade, Rocky devient Mickey, et crée un sentiment d’empathie inattendu chez le spectateur. Lui qui n’arrivait pas à raccrocher les gants (face au véritable boxeur Antonio Tarver) il y a quelques années accepte de rentrer dans l’ombre. Le vrai faux timide s’essaye même à des pointes d’humour, qui confèrent une simplicité bienvenue au film.

Cette passation de pouvoir est aussi l’occasion de mettre en lumière la performance de Michael B. Jordan. L’acteur, déjà aperçu dans le précédent film de Coogler (et l’immonde 4 fantastiques), livre une prestation convaincante. Si son background est plutôt mal exploité, il arrive à dépasser les limites que sa carrure imposante et son statut de doublure pouvaient suggérer. Sa volonté d’exister malgré l’héritage de son père permet de casser le verrou scénaristique, composé d’entrainement et d’un combat final, dans lequel les précédents opus semblaient engoncés. Comme dans Raging Bull (Scorsese) ou The Fighter (O. Russell), le personnage d’Adonis ne s’exprime pas uniquement à travers la confrontation physique. Et si Creed n’atteint pas le niveau de ses deux chefs-d’œuvre, il marque une première en ce sens dans la saga.

Le film ne se libère pas néanmoins complètement de ses gimmicks hollywoodiens. On déplore notamment une propension vers le pathos un peu artificiel. Entre un entraîneur malade et une chanteuse devenant progressivement sourde (Tessa Thompson, qui incarne sa copine), le tout peut parfois paraitre lourd, sinon maladroit. Même constat concernant le passé d’Adonis, qui passe en une ellipse d’un enfant violent balloté en foyer à celui d’un jeune homme travaillant dans la finance, qui décide d’un coup de devenir boxeur pro.

Ces errances narratives sont contrebalancées par d’excellentes phases de combats. Les joutes sont plus dansantes, sans perdre de leur brutalité. Coogler évite de trop appuyer sur l’entrainement, et ne tombe pas dans le piège ouvert du fan service de ce côté-là. Les adversaires manquent certes de charisme, mais les combats atteignent un réalisme sans précédent dans la saga. Même le thème principal se fait attendre, pour retentir au meilleur moment.

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

Notre avis

En s’extirpant du carcan narratif des précédents Rocky, Creed réussit sa passation de pouvoir. Il offre à Stallone un rôle plus intimiste, qui oscille entre humour et émotion, et laisse sa nouvelle doublure proposer un spectacle plus physique. Le long-métrage n’évite pas quelques lourdeurs, rapidement contrebalancées par des joutes et un montage ultra dynamique. Plus que le combat pur, le film de Ryan Coogler s’intéresse à l’acceptation de soi et de son statut. On n’en attendait pas tant de la saga.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 7 / 10
10 commentaires
  1. J’ai vue le film, mais je partais à reculons, car entre le remake, reboot, fausse suite, univers culte sur lesquels ont chie volontiers …. etc Revoir Rocky dans une prequel (cela lance aussi une nouvelle saga, puisque la suite est annoncer), encore une fois et après un “Balboa” sympa, mais oubliable, j’avais un gros doute.

    Au final, je suis très surpris par ce film! Déjà, les acteurs, Stallone et Jordan porte le film, enfin, surtout Stallone qui surprend par ce rôle , par sa façon de jouer, la justesse de son perso (c’est bien la premiere fois qu’il dégage autre chose que juste de la testostérone).
    L’histoire tient la route, bien que des petites incohérence ici et là (enfants de Creed) et ne joue pas trop avec les clichés. Il y a un peu de guimauve, mais digeste.
    Les combats sont pas mal du tout, mais un peu “classique” à mon goûts (Southpaw, sur ce point, etait terrible avec certain plan judicieux).

    Comme dit dans la critique, tout n’est pas parfait, il y a des choses qui ont rien à foutre là (je cherche encore la raison de sa course avec des scooter ….. Why ?). Mais globalement, il passe vraiment très bien, alors toujours comme dit dans la review, c’est pas “De l’Ombre à la Lumiere” ou “Raging Bull”, mais il est clair que ce film est bon, très bon et il mérite un petit tour au ciné.

    1. Stallone a déjà joué autre chose qu’un tas de muscle : le meilleur exemple qui me vient à l’esprit est Copland que je conseille à tout le monde: un très bon film avec d’excellents acteurs (Stallone, De Niro)

      1. Ca, je suis d’accords! Il y a aussi eu “L’EMBROUILLE EST DANS LE SAC” ou encore “LES MAINS DANS LES POCHES”. Reste que 90% de sa filmographie, se résume a du “bourrin”.

        Puis, Copland était sympa, mais pas transcendant. Stallone non plus!

        Là par contre, c’est un tout autre niveau, j’ai etait bluffer (bon, c’est pas Daniel Day Lewis ou Jake Gyllenhaal), mais vraiment surpris.

  2. Grand fan de la saga Rocky depuis mon enfance, j’ai adoré le film avec, effectivement, une autre facette de Stallone .

    Par contre, il faudra m’expliquer en quoi il y a des incohérences car là pour le coup, que Creed ait un enfant illégitime, je ne vois pas en quoi ça pose problème….

  3. je n’ai pas encore vue le film mais : “Malade, Rocky devient Paulie” … paulie ??? vraiment ??? ça ne serait pas Mickey plutôt ???

  4. Le film offre de belles émotions, assez faciles. L’équilibre entre Creed et Balboa est bien ficelé, et Stallone est très bon en mentor esseulé qui s’offre un beau projet. Creed aurait pu être davantage creusé, il fait un peu lisse (une seule petite scène où il s’énerve contre un gangster, sinon le gendre idéal)… On retrouve bien l’ambiance philadelphiesque, en bon contraste avec LA/Mexique du début du film. Bref, un bon moment, pas un chef d’œuvre mais une réussite qui honore le monde de Rocky (et y met un point final?).

  5. “inquiéter les fans du noble art” :
    je pense que les fans de boxe ont depuis longtemps compris que depuis Rocky II, il ne faut plus rien attendre de ces suites mal réchauffées…

Les commentaires sont fermés.

Mode