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[Critique] Les 8 Salopards

Victime d’un leak de son scénario puis d’un piratage, le dernier film de Quentin Tarantino, The Hateful Eight (Les 8 salopards en VF) a bien failli…

Victime d’un leak de son scénario puis d’un piratage, le dernier film de Quentin Tarantino, The Hateful Eight (Les 8 salopards en VF) a bien failli ne jamais voir le jour. Il en fallait plus à cet amoureux du cinéma pour renoncer. Le jeu en valait-il la chandelle ?

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Amoureux du 7e art, Quentin Tarantino a pris pour habitude de rendre hommage à son cinéma (pas le sien, celui qu’il chérit) dans ses films. The Hateful Eight n’échappe pas à la règle.

En plein hiver, alors qu’une tempête de neige approche, le chasseur de prime John Ruth (Kurt Russell), se rend dans la petite ville de Red Roick pour que la femme qu’il a capturée, Daisy Domergue (Jennifer Jason Leigh), y soit jugée et pendue.

En chemin, il croise la route du commandant Marquis Warren (Samuel L. Jackson), ancien soldat nordiste reconverti en chasseur de primes, et Chris Mannix (Walton Goggins), renégat sudiste qui revendique le titre de shérif de Red Rock, qu’il embarque, bon gré mal gré, avec lui.

Afin de se protéger de la tempête de neige, ils trouvent tous refuge dans la mercerie de Minnie, absente des lieux. À la place, quatre inconnus occupent l’espace (Michael madsen, Tim Roth, Demian Bichir et Bruce Dern) et très vite, l’impression que peu réussiront à gagner Red Rock…

Évidemment, avec ce film, l’hommage au western (Fordien notamment) semble évident, jusque dans le titre : Les 8 Salopards évoquant le film Les 7 Mercenaires (avec Steve McQueen, Charles Bronson et Yul Brynner, 1960) ou Les 12 salopards. Faites votre choix.

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Et pourtant, The Hateful Eight n’en est pas moins, voire surtout, un brillant “huit clos” (on fera la blague une fois donc), quand bien même Ennio Morricone en signerait la bande originale. Mais alors, un huis clos horrifique, puisque le réalisateur affirme qu’avec Les 8 salopards, il signe là son « premier vrai film d’horreur ». Si bien, qu’il espère « que les gens se déguisent en personnage des Huit Salopards lors du prochain Halloween » (Vanity Fair janvier 2016).

La technologie utilisée sert à merveille ce dessein : Tarantino a choisi de filmer avec une caméra Ultra Panavision 70 mm, chose qui n’avait pas été faite depuis Khartoum en 1966. Et quoi de mieux qu’un format d’image très large pour vous plonger dans un huis clos implacable, sous tension et étouffant.

Nous avons d’ailleurs eu la chance de visionner le film dans les conditions idéales souhaitées par Tarantino : une salle dotée de projecteurs 70mm, avec scène d’ouverture, entracte et ambiance intimiste garantie. Une seule salle à Paris projettera Les 8 salopards dans ces conditions et une centaine de cinémas aux États-Unis lors d’une tournée de deux semaines.

Tout ce décorum mis à part, que vaut The Hateful Eight ?

THE HATEFUL EIGHT

C’est indéniablement un Tarantino (captain Obvious), tous les ingrédients sont réunis : sa garde rapprochée est là (SLJ, Kurt Russel, Tim Roth, Michael Madsen) accompagnée de quelques nouveaux, dont Channing Tatum, le découpage du film en chapitre, le soin porté à la bande originale, le retour en arrière, le rythme enlevé pour ne pas dire survolté, les faux semblants, l’imposture, etc.

Néanmoins, The Hateful Eight souffre de quelques longueurs. Alors oui, comme tout Tarantino, l’histoire prend tout son temps pour se mettre en place et faire monter la pression, lentement mais surement jusqu’à ce que les festivités soient lancées. On assiste ensuite à un déferlement de violence, retournements de situation, meurtres et autres joyeusetés jusqu’au dénouement final.

Toutefois, là où un Pulp Fiction vous embarque avec une simple discussion entre Vincent Vega (John Travolta) et Jules Winnfield (Samuel L Jackson) à propos du nom donné à un même hamburger (Royal Cheese en France et Quarter Pounder pour les aficionados), où Kill Bill ne vous ennuie aucunement avec son style narratif, The Hateful Eight peine avec des dialogues moins ciselés et percutants qu’un Inglourious Basterds par exemple.

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De même, Tarantino aime à rendre hommage à un genre particulier par film (sauf Kill Bill qui rassembla nombre de ses références), tout comme il exploite et traite plus ou moins toujours les mêmes sujets. Dans The Hateful Eight c’est celui du racisme, la guerre de Sécession pour fondement, qui est évoqué, certes, mais sans jamais y aller franchement. Ce qui est regrettable dans un huis clos où aucune échappatoire n’est possible.

À la sortie du film, on reste un peu interdit. Oui la tension du huis clos est parfaitement retranscrite, le casting est royal (Jennifer Jason Leigh hallucinée et hallucinante, Michael Madsen et sa parfaite vraie fausse nonchalance, Samuel L Jackson faussement calme, Tim Roth impeccable, etc.), la photographie singulière, la violence très graphique, l’humour noir présent et l’intensité folle, mais quelque chose manque. Et je ne saurais vous dire quoi.

À n’en pas douter, The Hateful Eight est appelé à devenir un classique, comme la plupart de ses films, Boulevard de la mort mis à part peut-être.

[Pour l’anecdote Quentin Tarantino a régulièrement confié que la musique était à la base de tout. Il choisit la musique, qui lui donne l’idée d’un titre, dont découle un scénario.]

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28 commentaires
  1. Je l’ai étrangement préféré au bavard “Inglorious Basterds” et au long “Django Unchained”, alors que la plupart des critiques le donnent inférieur. J’ai trouvé S. Jackson fantastique, et la dynamique entre les personnage très bien faite. Mon regret a surtout été quelques incohérences de scénario (que je ne spoilerai pas)

  2. Donc le JDG c’est un journal de critiques de films alors. Donc j’imagine déjà la floppée d’articles sur les prochains films de 2016 bon courage alors…

  3. J’ai juste tiqué sur ça “Boulevard de la mort mis à part peut-être”… Boulevard de la mort PAS UN CLASSIQUE PUTAIN ?!

    1. Le débat a eu lieu au sein de la rédac, je me suis rangée à l’avis de la majorité.
      Mais nous savons bien qu’en démocratie, la majorité n’est pas forcément dans le vrai 😉

  4. J’ai pris une belle claque avec ceux film (comme avec Creed, Legend, Joy et Revenant) en ce début d’année.
    Ok, on peut trouver cela long et lent, mais si on prend la peine de plonger dedans, on décolle dans un trip jubilatoire.

    Puis, les acteurs … S.L.J …. Aie Aie !

  5. “une salle dotée de projecteurs 70mm, (…) Une seule salle à Paris projettera Les 8 salopards dans ces conditions”
    Voui, merci ! Mais laquelle svp ?

  6. J’ai bien apprécié aussi waow quel film! Déjà un classique pour moi. Ça change des films pourri de 2015.

  7. Désolé de faire mon grammar nazi mais mais c’est “huiS clos” (une fois pour le jeux de mot avec le titre du film je vaux bien, mais là…)

  8. Et faire une critique sur un film pas encore sorti en salle, donc depuis la version piratée, c’est juste pas du fabuleux.
    Merci leJdG.

  9. @JMLP : c’est pour ça que je dis “faire” mon grammar … je n’en suis pas (comme tu l’as justement remarqué) un mais quand je vois des énormités. Effectivement j’ai moi même fait des fautes (et même des fautes de frappes en plus, celles là je me les pardonne – c’est un des dangers d’écrire mal réveillé).

    Contrairement aux articles du JDG, je ne suis pas lu par des centaines (milliers ?) de gens, j’ai donc cru bon de le signaler “comme même” (spécial dédicace à toi ^^).

  10. moi ce qui m’a surpris c’est le nom de la prisonnière nom bien Français, en plus le même que moi. lol

  11. Utopia Toulouse ce mercredi la séance à 4 €, la salle est pleine.
    Les gens font la queue dehors dans le froid et la pluie pour la séance suivante. Mon voisin de siège trouve ce film nul…
    Après avoir tant aimé Django je me suis précipité voir le nouveau Queen tin…..
    La sauce ne prends pas .Oui ce film est malsain, oui je n’ai pas pris de plaisir, oui il m’a ennuyé, oui je suis consterné de tant de gâchis avec tous ces bons comédiens.
    Il est allé chercher Morricone , je ne l’ai pas entendu, même ça. Quel naufrage.
    Attendez l’avis de vos relations avant d’aller voir ce film. Ceux là ont payé leur place.

  12. Je pense que les critiques se font avoir par le fait que c’est un Tarantino.
    Ce film est assez mauvais du fait d’une horrible réalisation et d’un doublage misérable. Le scénario est correct, et les plans sont très bien, mais bordel qu’est ce qu’on se fait chier. On se perd dans des détails sans importance, tandis qu’on a l’impression d’assister à un combat à l’ancienne : les ennemis attendent chacun leur tour pour frapper le héros ; ici c’est pareil, sauf qu’ils parlent.

  13. “Oui la tension du huis clos est parfaitement retranscrite, le casting est royal (Jennifer Jason Leigh hallucinée et hallucinante, Michael Madsen et sa parfaite vraie fausse nonchalance, Samuel L Jackson faussement calme, Tim Roth impeccable, etc.), la photographie singulière, la violence très graphique, l’humour noir présent”
    Là je suis tout à fait d’accord.
    “et l’intensité folle”
    pendant le dernier tiers du film seulement

    “mais quelque chose manque. Et je ne saurais vous dire quoi.”
    Du talent pour faire du premier tiers un huis clos avec un rythme lent convenable ? Il aurait du prendre exmple sur Man from Earth de Schenkman où il ne se passe rien pendant 1h30 mais pourtant on ne voit pas le temps passé.
    Parce que là, c’est pas juste lent, c’est incroyablement long, j’ai eu l’impression que la première partie faisait 3h et la deuxième partie 30 min.

  14. Sacré film, sacré scénario. En se laissant embarquer dans le monde de Tarantino, on comprends vite que ce film est un chef d’oeuvre. Le langage utilisé par les acteurs et le côté humour noir sont pour moi le sommet de ce film!

    1. C’est sûr que si on aime pas le style de Tarantino, mieux vaut ne pas aller voir ce film. Il n’est pas responsable du doublage, qui en français est en effet particulièrement mauvais, il faut absolument le voir en VOST, je regrette amèrement de ne pas avoir fait attention à ça. C’est un très bon Tarentino, pour moi le meilleur depuis Pulp Fiction. Je suis sorti particulièrement réjoui qu’il revienne à un cinéma un peu moins fleché, c’est prometteur pour l’avenir! Je le boudais un peu depuis ses 3 derniers films, mais si vous aimez le premier Tarentino il faut aller le voir les yeux fermés, enfin pas pendant la projection. C’est amusant de le voir recourir à Moricone pour la musique alors qu’il avait fustigé assez violemment les compositeurs de films. J’étais assez d’accord avec lui, mais pour le coup c’est réussi.

  15. Pour moi c’est le + mauvais Tarantino.
    Une succession de punchline faiblardes, une histoire médiocre, bref une mauvaise parodie de lui même.

    Toutes les blagues de beauf américain qu’on a vu 3 milliards de fois (thème noir vs racistes et guerre de secession), peu d’inventivité pour ne pas dire aucune.

    Alors oui ça reste Tarantino, donc cela signifie bonne BO, acteurs excellents, maquillages parfaits (merci Nicotero…). C’est déja pas mal, certes. Mais pour un Tarantino cela reste très faible il faut qu’il se remette à bosser.

  16. alors la pour moi ce film est un gros navet. j’ en suis bouche bé, moi qui ai aimé absolument tout les films de tarantino. non la serieux je trouve le film trop lent et l’intrigue téléphoné. les dialogues sont d’une platitude assomante qui j’ose l’espérer viens de la traduction en francais (peut etre mieux en anglais). bref ce sera le seul film de tarantino que je ne revisionnerai pas.

Les commentaires sont fermés.

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