Bien avant d’être la détective privée que l’on a connu dans Alias, Jessica était effectivement une super-héroïne. Une super-héroïne plutôt banale pour son époque, pur produit des années 80 livré avec sa panoplie complète : une origin story facile (un accident de voiture, un bidon de produits toxiques), un costume beaucoup trop flashy pour les rétines et le meilleur nom de code l’univers :
Jewel.
Un aspect qui ne sera pas du tout utilisé dans la série Netflix. La seule manière de découvrir notre Jessica en super-héroïne, c’est donc de se plonger dans les pages de comics !
Le fashion faux-pas gentiment mis de côté, la série Alias explique avec un peu plus de détails pourquoi Jessica a lâché le costume. La narration particulière de la série dévoile au fur et à mesure des morceaux de son passé par le biais de quelques figures connues des lecteurs de comics Marvel, jusqu’à lâcher des pans entiers de ses origines dans les derniers chapitres. Est-ce que la série Netflix s’aventurera dans cette direction ? Rien n’est moins sûr compte tenu de la relative jeunesse du Marvel Cinematic Universe qui place ses super-héros dans un contexte très moderne, plus proche de ce que faisait l’univers Ultimate il y a quinze ans. L’adaptation télé conserve au moins la nemesis de Jessica, l’Homme-Pourpre, intimement lié à ce brusque arrêt de carrière.
Ses créateurs, Brian Michael Bendis et Michael Gaydos choisissent ce moment précis pour imaginer une version alternative du destin de Jessica. Le temps d’un épisode What If — un type de récit qui s’autorise à explorer sans prise de tête des dénouements décalés — Jessica Jones devient un agent de liaison du S.H.I.E.L.D. rattaché au groupe des Avengers (l’image ci-dessous). De cette réalité alternative exposée en une vingtaine de pages, une porte s’ouvre pour que Jessica devienne le personnage central du nouvel univers Marvel façonné par Bendis. Un personnage qui met ses démons intérieurs de côté pour s’accomplir pleinement dans la nouvelle série phare du scénariste-créateur : The Pulse.
Des enquêtes réalistes de l’univers MAX à l’intégration d’un groupe d’Avengers, il y a plusieurs étapes à franchir. Heureusement, on échappe à l’édulcoration forcée que sous-entend ce genre d’adaptation aux canons de l’univers classique. The Pulse, la suite directe d’Alias voit le jour à peine trois mois plus tard et tient toutes ses promesses.
La nouvelle série reprend exactement là où s’est arrêté Alias : Jessica Jones et Luke Cage sont officiellement ensemble, ils attendent un enfant et l’univers Marvel mainstream leur tend à nouveau les bras. Alors que Jessica se reconvertit en consultante super-héros pour The Pulse, le supplément du Daily Bugle, Cage rejoint la nouvelle équipe de super-héros en vogue : les New Avengers, né de la violente dissolution de l’équipe initiale.
Les New Avengers de Bendis évoluent dans un cadre plus terre à terre, dans la lignée des histoires mettant en scène les personnages urbains que le scénariste affectionne tant. Luke Cage y trouve naturellement une place de choix, à la fois outsider complet et personnage le plus raccord avec cette nouvelle façon de concevoir une équipe d’Avengers, face à des menaces nettement moins cosmiques. Bendis en profite pour y intégrer Spider-Man et Wolverine, deux super-héros connus pour leur don d’ubiquité et leur difficulté à travailler en équipe, surtout face à des super-héros iconiques comme Captain America ou Iron Man. Cette dynamique décalée permet à Luke et Jessica de s’intégrer dans un titre mainstream tout en conservant les personnalités mises en place dans Alias. On ne perd au change qu’une poignée de scènes trash qui n’ont plus leur utilité pour poser les personnages et une flopée de jurons, logiquement censurés par l’arrivée (ou le retour) de ces personnages dans un titre de l’univers classique.
Comme bon nombre de titres Avengers, le groupe connaît d’importants changements de casting. Voici par exemple l’équipe post Civil War, dirigé par Cage. Vous devriez en reconnaître certains sans problème désormais.
Il faudra attendre la seconde itération des New Avengers en 2010 pour que Jessica Jones intègre finalement l’équipe en tant que membre actif. En attendant, l’ancienne détective privée occupe un rôle central hors des combats. Souvenez-vous, Bendis aime beaucoup faire parler ses personnages. Les moments off deviennent ces moments où le titre se démarque d’un titre de super-héros classique, lorsque ses participants interagissent et remettent en question beaucoup de lieux communs du comics de super-héros. Jessica Jones rencontre un tel succès qu’elle est finalement exploité par d’autres personnages que ses créateurs, notamment par Allan Heinberg et Jim Cheung dans l’excellente série Young Avengers dans laquelle elle remplit le rôle de chaperon de cette formation inédite.
Jessica et Lucas restent des personnages assez communs, même s’ils deviennent des protagonistes par la force des choses, ballottés d’un titre à un autre. La faute à Bendis, à son univers dans l’univers Marvel. Peu importe les bouleversements éditoriaux, le scénariste raconte l’histoire de ces deux personnages jusqu’à la dernière page, en janvier 2013, lorsqu’il quitte le navire pour de bon.
On ne pouvait se quitter sans évoquer LE chapitre emblématique de cette période, celui dans lequel Luke et Jessica se marient. New Avengers Annual 1 est un chapitre assez particulier. Il met en scène avec beaucoup de nostalgie la fin d’une ère, c’est drôle, c’est touchant, et c’est la fin. La faute au bulldozer Civil War qui débarque le mois d’après.
« Plus rien ne sera jamais comme avant ». Une phrase que répète à longueur de temps Marvel pour inaugurer ses lancement d’events. Pour une fois, cela s’est avéré exact.
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Très bonne chronique, merci !
Et y’aura jenifer Garner?