Certains tweetent plus vite que leur ombre et malheureusement, ils sont rarement traversés par un éclair de génie. Face à leur bourde, fautes d’orthographe, mauvaises blagues, critiques assassines et autres joyeusetés, leur meilleure défense c’est souvent la suppression du tweet. Parfois, il s’agit tout bonnement d’effacer un message qui ne nous correspond plus.
Mais vous le savez, Internet conserve tout. Un site internet, Politwoops, c’était même donné pour mission de répertorier tous ces tweets supprimés par les politiques.
Le site est né aux États-Unis grâce à la fondation néerlandaise Sunlight, une ONG qui lutte pour la transparence des activités gouvernementales, qui avait créé le script open source du site. Depuis, le site était présent dans 30 pays, édités par la fondation Open State qui milite également pour plus de transparence en politique.
C’est cette dernière qui a annoncé dans un communiqué de presse, la décision de Twitter de suspendre l’accès à l’API de Diplotwoops (similaire à Politwoops mais pour les tweets des diplomates et ambassades à travers le monde) et Politwoops, dans la trentaine de pays où ils étaient encore présents.
Rappelant que Twitter avait procédé de même, en mai dernier, pour les tweets supprimés des législateurs américains. En pleine campagne pour les primaires, démocrates et républicains ne doivent pas bouder leur plaisir. Néanmoins, Politwoops avait toujours cours en Europe, y compris pour les tweets du Parlement européen. Ce qui n’est plus le cas depuis le vendredi 21 août au soir, date à laquelle Twitter a signifié sa décision à la fondation Open State.
Pour se justifier, le géant américain avance un argument surprenant : le droit à l’oubli.
« Imaginez comme ce serait stressant, voire terrifiant, si tweeter était quelque chose d’irrévocable ». Ajoutant même l’argument de l’égalité : « Aucun utilisateur ne mérite plus qu’un autre cette possibilité. En effet, la suppression d’un tweet est l’expression du choix de l’utilisateur ».
Certes. Chaque utilisateur doit être traité de la même manière. Qu’il soit connu ou anonyme. Néanmoins, cet argument est d’autant plus surprenant que le droit à l’oubli, tel qu’il est conçu par la Cour de Justice de l’Union Européenne – et appliqué tant bien que mal par Google, ne prévoit pas d’inclure les responsables politiques. Leur rôle public rend leur message d’intérêt public, sauf s’ils évoquent leur vie privée.
« Les liens vers des pages web contenant ces informations doivent être supprimés de cette liste de résultats, à moins qu’il existe des raisons particulières, telles que le rôle joué par cette personne dans la vie publique, justifiant un intérêt prépondérant du public à avoir, dans le cadre d’une telle recherche, accès à ces informations », expliquait ainsi la Cour dans son arrêt du 13 mai 2014.
Tiens @nadine__morano a supprimé ce Tweet pic.twitter.com/3L6ivHSxxt
— Nacéra (@NasNacera) 26 Mai 2014
Avis également partagé par Arjan El Fassed, directeur d’Open State : « Ce que les politiciens élus disent publiquement est d’intérêt public. […] Même lorsque les tweets sont supprimés, il s’agit de l’histoire parlementaire […] Il ne s’agit pas ici de fautes de frappe, mais d’un accès unique à la manière dont les messages de politiciens élus peuvent changer sans que personne s’en rende compte ».
Il assure ainsi que la fondation va « continuer à défendre et respecter la voix de nos utilisateurs sur notre produit et notre plateforme ».
Twitter évoque aussi une violation de ses conditions d’utilisation à l’AFP : « De temps en temps, nous rencontrons des applications ou des solutions qui enfreignent notre politique à cet égard », ainsi « plusieurs services identifiés récemment » ont vu leur accès supprimé.
Par ailleurs Open State souligne que les sites qu’elle édite, présents aussi bien au Royaume-Uni, en Égypte, Tunisie, en France, au Vatican, en Argentine, en Australie, au Canada ou encore en Turquie, étaient « largement utilisés et cités par de nombreux journalistes à travers le monde ».
Les tweets supprimés sont toujours visibles sur les différents sites, mais uniquement ceux antérieurs au 21 août.
Une décision que l’on peut regretter alors que les demandes de déréférencement auprès de Google tournent à plein régime : « 224 demandes de déréférencement de contenu auprès de Google dans le cadre de la disposition sur le droit à l’oubli numérique de mai 2014 à mars 2015. 66 ont été acceptées par le moteur de recherche », précise Libération.
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Pays libre qu’ils disent
« Imaginez comme ce serait stressant, voire terrifiant, si tweeter était quelque chose d’irrévocable »
Imaginez ! si vous etiez responsable de tout ce que vous dites et faites, et qu’il fallait réfléchir avant de parler !? hein IMAGINEZ?! …. MURICAAAAA
“Droit à l’oubli” ?… On hallucine !… C’est la négation de ce droit que les ayants-… droit (!sic ) utilisent précisément contre les consommateurs qui ont décidé que les “droits (!) d’auteur” ne les concernaient pas !….Quand donc vont surgir les tribunaux qui garantiront les droits (!) des citoyens ?…