NB : Certains éléments factuels peuvent dater, mais c’est son avis sur les possibilités objet connecté/gaming qui nous intéresse.
Journal du Gamer : Pourquoi jouer sur Smartwatch alors qu’on a des supports a priori plus adaptés (tablettes) ?
John Hanke : Je ne crois pas que les smartwatchs pourront remplacer les supports existants pour jouer, mais plutôt diversifier l’expérience lorsque c’est possible. J’espère que l’on ne verra pas Angry Birds ou Cut The Rope débarquer sur Android Wear ou Apple Watch, parce que qui voudrait ça ? Ingress est un jeu qui se déroule dans le monde réel, et qui permet de faire sortir les joueurs dans leur quartier ou dans leur ville afin de découvrir l’environnement qui les entoure. Les smartphones et les tablettes facilitent cette expérience grâce à leur mobilité, mais vous êtes toujours obligé de baisser la tête pour regarder votre écran afin d’accomplir des actions dans le jeu. Donc les montres connectées proposent d’enlever une barrière de plus entre le jeu et le monde réel.
Qu’est-ce qui est en place/et prévu dans l’avenir en termes de technologie et de jeux ?
Au moment où je parle, je ne suis pas au courant de gros projets en développement sur smartwatchs. Mais au fur et à mesure que cette plateforme évoluera, et que les développeurs maîtriseront son fonctionnement, je suis sûr que cela changera. Encore une fois, ces montres sont plutôt là pour améliorer l’expérience de jeu plutôt que pour remplacer les autres, étant donné la manière dont elles interagissent avec la plupart des genres de jeux existants.
Est-ce que l’avenir est à la suppression totale du support physique ?
Je pense que l’on va plus assister à un mélange des deux, où les objets physiques vont se retrouver intégrés avec le monde numérique, vont l’affecter, et dont les résultats vont se manifester directement sur celui-ci. En tant qu’être humain, nous aimons le contact physique avec le monde. Nous sommes faits ainsi. Nous aimons la sensation tactile du mouvement, de la manipulation. Même le plaisir de tenir dans la main la figurine d’un personnage, et de la poser ensuite sur une étagère, a permis le succès de Skylanders, Disney Infinity ou des Amiibos. Le physique et le numérique sont réellement en train de fusionner.
Est-ce que la taille de l’écran ne limite pas l’expansion de ce type de support ?
Oui et non. Cela limite l’expansion de certains types de jeu. Encore une fois, pourquoi vouloir jouer à Angry Birds sur votre montre alors que votre téléphone est disponible, et propose une meilleure expérience de jeu ? Je pense plutôt que de nouveaux concepts, destinés à utiliser un écran plus petit, vont émerger et seront plus facilement praticables sur votre poignée. Ingress en fait partie. Nous avons d’ailleurs récemment mis à disposition notre API (l’interface de programmation) aux développeurs qui veulent créer leur propre jeu sur notre plateforme. C’est ce genre de jeux qui bénéficieront des smartwatchs, et ils n’ont certainement pas besoin d’un plus grand écran.
Peut-on imaginer des cross-play entre tous nos appareils dans un avenir lointain ?
Absolument. On retrouve déjà un peu ça dans Ingress avec une carte intelligente qui améliore l’expérience sur mobile. Dans un monde virtuel partagé, on peut imaginer des joueurs ayant des rôles et des périphériques différents, mais dans un même environnement. Les parties d’Ingress ressemblent à ça, où les « contrôleurs » s’occupent de l’aire de jeu, et les « agents » officient sur le vrai terrain, parfois à des milliers de kilomètres de là.
Et qu’en est-il du simple multijoueur local ? Comme jouer à Pong avec un inconnu dans le bus ?
Pong sur une montre, ce serait un peu difficile. Mais je suis persuadé que le jeu entre deux individus à proche distance peut être amusant. Une smartwatch peut en être le vecteur si on trouve le bon type de jeu, de la même manière que les tablettes et les smartphones. Je pense que les titres coopératifs comme Ingress sont un bon modèle. Vous vous trouvez à un endroit en train de jouer, d’essayer de réussir vos objectifs, et vous rencontrez d’autres personnes en train de faire pareil. Il n’y a donc plus de grosse barrière, et entamer la discussion devient plus facile, que cela soit un adversaire ou non. Comme vous n’êtes pas obligé de participer, et que vous n’avez pas vraiment « d’ennemi » à proprement parler, cela enlève toute la pression et facilite l’interaction sociale. C’est plus facile que d’accepter le défi lancé par tel ou tel inconnu. On a vu tellement d’exemples de couples et d’amitiés se former sur notre jeu. On a même eu une demande en mariage, et le premier enfant issu d’une de ces rencontres arrive bientôt. C’est un nouveau monde qui s’offre à nous !
Propos recueillis par Henri.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.