LE REMAKE
Dans l’idée, un remake consiste à réarranger deux, trois trucs dans un vieux jeu vidéo pour le rendre plus digeste quelques années plus tard. Généralement, tout tient dans un remaniement graphique assez conséquent pour ne pas crier au foutage de gueule, des contrôles plus souples (voire de nouvelles commandes), des embranchements scénaristiques inédits, et, parfois, s’il reste un peu de sous dans la tirelire, une bande son remixée.
Le remake remet surtout au goût du jour un classique du jeu vidéo devenu suffisamment important dans le cœur des joueurs. Fini et digéré par ses admirateurs depuis belle lurette, on parle là d’une friandise nostalgique un poil plus abordable pour nos mimines modernes dont on inscrit le nom en lettres d’or dans le panthéon (insérez le nom de votre forum préféré) des meilleurs jeux de tous les temps. Rien que ça. Tout naturellement le remake profite du potentiel des nouvelles machines sur laquelle il voit le jour. Il est difficile de dater la naissance du phénomène mais on peut facilement remonter au début des années 80, à l’époque des premières conversions arcade vers la seconde génération de consoles de salon (Space Invaders, Pitfall, entre autres). Depuis, le jeu vidéo se perd dans une liste infinie de remakes plus ou moins justifiés. Certaines mauvaises langues vous diront que des éditeurs comme Nintendo se sont spécialisés dans le domaine (pour ne pas dire qu’ils tirent sur les mêmes ficelles depuis toujours). La série Pokémon, par exemple, est une véritable spécialiste du recyclage infini tant sa structure ultra rigide évolue par discrets à-coups. Du coup, pour tromper les haters et endormir tous les fans, d’officielles réadaptations des premières générations voient régulièrement le jour en marge des « nouvelles versions », et ce, depuis les versions Rouge Feu et Vert Feuille sorties en 2004. Et vous, vous ne dites rien et trouvez ça normal.
On taquine Nintendo mais vous devez absolument jouer à ces remakes : Metroid Zero Mission, The Legend of Zelda: A Link Between Worlds, PunchOut sur Wii, Pokémon HeartGold & SoulSilver.
On discerne toutefois certaines œuvres qui jouent les bons élèves et proposent des produits si complémentaires à l’œuvre initiale qu’elles justifient pleinement ce second passage en caisse. On pense notamment à : Resident Evil version GameCube, Tomb Raider Anniversary, Black Mesa, Silent Hill: Shattered Memories.
Encore aujourd’hui la définition n’est pas gravée dans la roche et chacun se forge sa propre interprétation. Contrairement aux croyances populaires (insérez le nom d’un forum que vous détestez) un remake peut proposer une expérience moins bonne, se rapprochant plus d’une version « pour se moquer de votre enfance » que de l’hommage intelligent (Dungeon Keeper, Goldeneye: Reloaded, ces lettres bourrées d’anthrax sont pour vous). La fièvre nostalgique d’une poignée d’irréductibles pourrait même incorporer dans cette définition des jeux subissant un simple lifting graphique et sonore en passant d’une machine à une autre (les trois Mario Bros dans la compilation Mario All Stars ou le récent Oddworld New ‘n’ Tasty).
Ne les écoutez surtout pas, on appelle ça des portages et ils le savent mais vont tout faire pour vous faire dire le contraire. Soyez forts. Pour beaucoup de personnes, le remake devient ce fourretout facile incluant compilations, rééditions, versions améliorées et autres director’s cuts. Les esprits les plus perturbés insèrent aussi dans cette catégorie toute la récente vague de portages HD qui bénéficient d’un simple lissage graphique (on vous renvoie à la vague d’éditions « Definitive » ou « Remastered » sorties en 2014) ou, plus loin de nous, les jeux de la gamme Nouvelle Façon de Jouer sortis sur Wii (ni plus ni moins que des jeux GameCube jouables à la Wiimote). Si vous croisez ces personnes, jetez leur une copie de Halo: The Master Chief Collection dans les dents et procurez-vous la liste de jeux ci-dessous.
Les remakes qui valent vraiment le coup : Resident Evil sur GameCube, Tomb Raider Anniversary, Black Mesa, The Secret of Monkey Island: Special Edition, Silent Hill: Shattered Memories, Bionic Commando: Rearmed, Prince of Persia Classic, A Boy and his Blob sur Wii, PacMan Championship Edition, The Binding of Isaac: Rebirth
ET LE DEMAKE
Le demake prend le contre-pied du remake. Si ce dernier consiste à adapter une oeuvre sur un nouveau support, le demake, lui, déconstruit les fondements d’un jeu récent pour en proposer une version réduite à son strict minimum. Le demake se présente avant tout comme un exercice de fan qui rend hommage à une époque où le jeu vidéo se concevait sous une forme très archaïque.
Si certains développeurs se contentent de simuler un aspect rudimentaire, d’autres plus fous que la moyenne se mettent comme objectif supplémentaire de faire tourner leur version directement sur d’anciennes bécanes. Dans tous les cas, on ne sait pas trop pourquoi ils font ça. Les études montrent du doigt un traumatisme lié à l’enfance : les fêtes de Noël, la dinde qui sort du four, le moment de déballer les cadeaux, et non, pas de Nintendo 64 sous le sapin. Ces enfants continueront à jouer sur des machines obsolètes. Les plus chanceux d’entre-eux deviendront des dealers de crack.
Des demake rigolos : Micro Hexagon et C64anabalt (Paul Koller), Super Smash Land (Dan Fornace), Halo 2600 (Ed Fries).
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.