Et si le marxisme pouvait prédire la fin de Game of Thrones

Avertissement : possibilité de spoilers sur la saison 4.

Intrigue de palais, lutte de pouvoir, politique, Game of Thrones n’a rien à envier aux intrigues politiques contemporaines.
C’est une prédiction assez surprenante qu’il nous est donnée à lire dans The Guardian et que nous rapporte Courrier International, expliquer Game of Thrones à partir de la pensée politique marxiste.

The Guardian fait ainsi le parallèle entre Westeros et la zone euro, et ce n’est pas du joli.

L’élite est en difficulté, leurs sources de richesse épuisées, leur civilisation assaillie par des fanatiques fous, les masses sont en révolte ouverte. Non, ce n’est pas la zone euro, c’est Westeros, le lieu mythique de la série Game of Thrones.

Au milieu de ces luttes de pouvoir et lutte des classes, le téléspectateur « fantasme » le rôle qu’il pourrait jouer si l’occasion lui en était donnée : lord tyrannique, Reine castratrice et incestueuse, princesse orpheline, prince moqué et fornicateur, intriguant à la cour, mère de dragons avide de vengeance, etc.

Prisonniers d’un système fondé sur la rationalité économique, nous voulons tous le pouvoir d’être plus important que la limite de notre carte de crédit. Personne ne s’assoit dans son canapé pour s’imaginer être un esclave, un paysan ou une prostituée. Nous sommes invités à fantasmer sur les personnages à la manœuvre.

Pour le quotidien britannique, Game of Thrones illustre parfaitement la crise de la féodalité telle que la concevait le marxisme et nous donne donc des indices sur le déroulé de l’intrigue et ce qu’il pourrait advenir des différentes familles. La régnante principalement : les Lannister.
« Le pouvoir des Lannister est assuré par l’or tiré des mines. Or les mines ne tournent plus. Les filons sont épuisés. Pire : les Lannister doivent des sommes colossales à une mystérieuse Iron Bank, qui n’est pas sans rappeler la BCE. Voilà la trame de la crise : les dettes accumulées sous un système de patronage dont la source de richesse s’est asséchée», explique ainsi le journal.

Comme nous le précise Kevin Boucoud, journaliste à l’Humanité : « La crise de la féodalité est caractérisée par le manque d’or combiné à l’émergence des banques et des marchands. L’État, qui bat monnaie, commence à manquer de liquidité. Il demande donc de l’aide aux banquiers – ce sont eux qui créé de la monnaie immatérielle, non liée aux métaux précieux – cela entraine donc le déclin des seigneurs et Rois par rapport à la bourgeoisie naissante (banque et commerçants). Même si, pour ce qui s’est passé en Europe, l’afflux d’or venu d’Amérique a retardé le processus. »

Pour la famille Lannister, peu de choix s’offrent à eux pour conserver leur pouvoir : la guerre ou l’emprisonnement de leurs créanciers, à l’instar d’Edouard III avec ses banquiers italiens nous rappelle Courrier International. Comme les marchands et les banquiers prennent de plus en plus de pouvoir, la manœuvre peut s’avérer difficile, rien n’arrête la marche de l’Histoire. Sauf à ce qu’une expédition menée par un Christophe Colomb de Westeros ne découvre une “Amérique”.

La suite serait donc assez funeste pour la famille régnante conclut The Guardian : « La maison Lannister tombe. À moins qu’elle ne trouve des réserves d’or dans un pays peuplé de gens faciles à massacrer. Comme l’ont fait un temps les Espagnols ».

Comme l’énonçait John Adams : « Il y a deux manières de conquérir et asservir une nation. L’une est par l’épée. L’autre par la dette ». Et c’est toujours vrai, en Europe, comme à Westeros. Rendez-vous le 12 avril pour vérifier si Marx avait raison.