Edward Snowden se rappelle à nous via de nouvelles révélations, toujours embarrassantes pour ceux qu’elles concernent. Aujourd’hui, ce sont les services de renseignement britanniques.
The Guardian révèle ainsi qu’afin de tester un outil de filtrage (comme celui que nous évoquions dans un précédent article sur la manière dont les talibans utilisaient les spams pour passer sous les radars des services de renseignement), les communications de journalistes appartenant aux médias les plus prestigieux de la planète, se sont retrouvées entre les mailles du GCHQ, au sein de l’intranet de l’agence. Toute personne connectée à l’Intranet pouvait ainsi avoir accès à ces correspondances. Ils auraient fait exprès qu’ils ne s’y seraient pas mieux pris.
Cet outil était censé filtrer les données non-pertinentes pour l’agence. Ce filtre doit être encore perfectible puisque les correspondances collectées n’étaient parfois que des mailing groupés envoyés à plusieurs journalistes, mais aussi des discussions entre un journaliste et son rédacteur en chef concernant l’écriture d’un article. Les données collectées faisaient partie de 70 000 mails récoltés en 10 minutes grâce au filtre de recherche en novembre 2008 et ce, depuis les nombreux câbles à fibre optique qui constituent l’internet mondial.
The Verge précise bien que cet exercice ayant abouti à l’interception de ces correspondances n’était pas un exercice de collecte de renseignement visant à récupérer des informations sur des histoires sensibles sur lesquelles travaillaient ces journaux. Cependant, il démontre bien la puissance de frappe des services de renseignement et démontre une fois encore que ces systèmes de collecte de masse (et sans distinction) peuvent concourir à des violations des libertés (liberté de la presse, vie privée) de la part des services de renseignement de tous pays (même si rien ne prouve que cela ait été intentionnel dans le cas présent). Laissant libre cours à toute sorte d’abus.
D’autant que d’autres document du GCHQ faisant partie des Snowden’s files révèlent qu’une évaluation de la sécurité de l’information de l’agence liste les « journalistes d’investigation » comme une “menace” à côté des terroristes et autres pirates… Et plus particulièrement ceux qui se font une « spécialité des sujets liés à la défense », pour leur intérêt propre ou parce qu’ils « estiment qu’il en va de l’intérêt public ». En tentant de faire leur travail et d’obtenir des informations parfois confidentielles, ils représentent une “menace” pour les services de renseignement.
The Guardian ne manque d’ailleurs pas de rappeler que ces révélations interviennent alors que le gouvernement britannique « fait face à une pression intense pour protéger les communications confidentielles des journalistes, députés et avocats contre l’espionnage » et la surveillance.
Une révélation assez ironique peu de temps après le défilé de plus de 50 chefs d’État et de gouvernement, dont le Royaume Uni représenté par David Cameron, dans les rues de Paris dimanche 11 janvier pour défendre – entre autre – la liberté d’expression et de la presse suite à l’attentat de Charlie Hebdo.
David Cameron en a d’ailleurs profiter pour appeler à muscler l’arsenal existant concernant la surveillance sur internet. Il souhaite ainsi interdire les applications de messageries chiffrées afin de lutter contre le terrorisme et veut renforcer encore plus sa collaboration avec les États-Unis. Le Royaume-Uni est pourtant déjà un partenaire privilégié de la Maison Blanche au sein des « Five Eyes ».
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Non content d’être la source de l’islamisme en Europe grâce à son élite de politiciens corrompus, le royaume unis glisse tout doucement dans la dictature.