Douze personnes sont ainsi venues tenter de faire un jeu original et amusant en utilisant uniquement Project Spark, sorti en octobre dernier sur Xbox One et PC. Pour cela, ils avaient 24 heures. Café et cernes étaient bien-sûr de rigueur.
Project Spark, ce n’est pas vraiment l’outil qu’on attendait pour faire une game jam pour être tout à fait honnête. Le soft de Microsoft propose, certes, un bon moyen de créer rapidement des niveaux de beat’em all ou de plateforme, mais ça s’arrête là. Toutefois, c’était sans compter sur la débrouillardise des jammers. Pour certains, c’était la toute première fois qu’ils se prêtaient à l’exercice. D’autres étaient plus expérimentés et étaient curieux de tester les limites du soft. Au bout des 24 heures accordées, tout ce petit monde a uploadé son jeu sur les serveurs et l’a présenté devant une vingtaine de personnes, dont un jury. Ce dernier était composé de différents profils : du journaliste spécialisé à l’organisateur de game jams.
Dans une ambiance bon enfant type, « tout le monde a gagné », j’ai pu essayer un à un les 6 projets. Du moins bon au meilleur, on avait tout d’abord “A New hope”, un beat them all dont la particularité était qu’il se déroulait sur une sorte de piste de course. Le personnage doit traverser la ligne d’arrivée, mais pour cela, il va dans le sens inverse de tous ses ennemis. Ainsi, pour avancer, il faut traverser des groupes entiers de gobelins qui veulent en découdre et s’en débarrasser, Dynasty Warriors style. Malheureusement, les pauvres jammers à l’origine du jeu ont perdu leur progression à mi-épreuve. Le résultat n’était donc absolument pas fini.
Le deuxième binôme a quant à lui proposé “Spatial Planet” une sorte de jeu d’aventure/beat them all. Le joueur contrôle un premier personnage incapable de se battre, mais capable de sauter et de ramasser les artefacts sur son chemin. Le second est le seul capable de rendre les coups aux ennemis. On passe de l’un à l’autre d’une simple pression sur un bouton et si l’un des deux personnages meurt, la partie est finie. Concept intéressant, exécution un peu basique.
Le troisième était “Utopian Crossing”, un runner tout simple, mais efficace. Sur un niveau unique, on contrôle un oiseau doté d’un double saut. L’objectif est d’arriver au bout du parcours en évitant les trous, les pics, les flammes et les boulets qui vous foncent dessus. Les jammers étaient tout jeunes, tout pipous et l’expérience leur a donné envie de faire d’autres jams, sans les limitations inhérentes à Project Spark. Cette game jam aura au moins eu le mérite de susciter des vocations.
Le quatrième, “La descente de Mr Gri”, était un plateformer dont la particularité était d’être tout le temps, comme son titre l’indique, en descente. On incarne un écureuil en quête d’eau et les designers ont pris le soin de distiller un peu de narration dans les décors qui évoluent au fil de la progression. Pour un petit truc fait en 24 heures, c’était plutôt pas mal, même si la caméra est capricieuse et les déplacements trop sensibles pour le level design proposé.
On avait ensuite “SparkBall”, une sorte de balle au prisonnier. À deux ou à quatre joueurs, en vue du dessus, le but du jeu est de ramasser des balles de couleurs qui apparaissent sur le terrain et de les ramener dans ses buts. Le premier à réunir quatre couleurs différentes gagne. Il est également possible d’envoyer les balles sur ses adversaires. Les jammers ont même su contourner les limitations de Project Spark, en effet le jeu ne propose un multi en local qu’à 2 manettes maximum. Qu’à cela ne tienne : chaque joueur pourra jouer qu’avec une demi-manette. Le jeu le plus innovant, à mon sens.
Enfin, et il s’agit du jeu sélectionné par le jury, “Viking Fishnado”, un beat them all plutôt ingénieux. Au fond d’un gouffre dont le level design ne permet pas de sortir par les simples déplacements du personnage, le joueur devra enchaîner les ennemis afin de s’élever dans les airs. Je m’explique, le personnage possède un double saut naturel, mais il peut le réinitialiser s’il parvient à toucher un ennemi dans les airs. Le personnage possède également une parade sous la forme d’un bouclier. Ce bouclier peut être utilisé une fois par phase aérienne et permet de réinitialiser son double saut. Enfin, s’il manque encore quelques mètres, il est également possible de faire un « blink », comme dans Dishonored. Bref, un jeu bien pensé du début jusqu’à la fin.
Si cette game jam m’a appris quelque chose, c’est que même avec un outil comme Project Spark, il est possible de faire quelque chose d’innovant. Les vieux de la vieille du développement de jeux sous pressions qui étaient présents me racontaient évidemment les frustrations qu’ils ont ressenties en utilisant un tel outil. Cependant, à l’instar des jeunes jammers novices qui ont rendu un runner plutôt propre, il semble que Project Spark puisse être un bon moyen d’initier des personnes effrayées par la programmation à la réflexion sur la conception d’un jeu vidéo.
De plus, saluons l’initiative de Microsoft France pour avoir organisé cette game jam. Même si elle est arrivée un peu tard par rapport à la sortie du jeu, c’est quand même plus marrant qu’une simple conférence de presse.
Si vous possédez Project Spark, vous pouvez retrouver tous les jeux de cette jam en cherchant le mot clef “SparkJamFR” dans les jeux publiés.
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