Vous savez ce qui est pire qu’un Assassin’s Creed ? Un nouvel Assassin’s Creed qui ne change rien à ce qui n’allait pas dans le précédent. Unity est un pas en arrière dans une série qui faisait du sur place.
La Révolution française est un cadre qui sied parfaitement à Assassin’s Creed. Le chaos ambiant, le fait de revisiter ces moments clefs qui ont changé l’histoire de la France, rien que ça, ça justifie au moins la moitié d’un Assassin’s Creed Unity. Car il est vrai qu’Ubisoft n’a pas fait les choses à moitié sur le tableau qu’il nous dépeint. La ville de Paris est vivante, impressionnante, sale et reluisante à la fois.
Promesse de longue date, le jeu parvient à gérer un très grand nombre de PNJ à l’écran sans que le framerate en pâtisse trop. Évidemment, le jeu ralentit un peu quand on observe depuis son perchoir l’imposante foule venue assister à l’exécution de Louis XVI, mais étant donné l’ambition de la chose, impossible de faire le difficile. Il y a aussi des bugs qui apparaissent régulièrement, mais en même temps, à vouloir faire dans la précipitation un Assassin’s Creed par an, disons que c’est inévitable. Et en vérité, c’est du détail, car dans l’ensemble, Ubisoft Montréal a fait du très bon travail pour créer un environnement convainquant. Sur ce point, bravo.
Le problème, c’est que rien d’autre ne va vraiment. Ubisoft a réussi à rendre la « course libre » encore plus impraticable qu’avant. En effet, s’il fallait simplement maintenir une gâchette et pousser le joystick gauche pour se déplacer « librement » sur les bâtiments, il faut maintenant maintenir la gâchette et appuyer sur « croix » pour grimper et sur « rond » pour se laisser descendre. Je comprends tout à fait la logique d’utiliser le bouton qui est d’habitude utilisé pour sauter dans les autres jeux, mais là, ce n’est simplement pas logique. « Rond » étant placé plus haut sur la manette que « croix », mon expérience de grimpette était toujours entachée d’erreurs frustrantes de déplacements qui m’ont plus d’une fois coûté la vie. Je suis allé voir dans les paramètres s’il était possible de changer cela, évidemment, c’était impossible sur PS4. De plus, si vous souhaitez entrer dans une fenêtre ouverte, on va vous demander d’appuyer sur une gâchette supplémentaire. On récapitule ? Joystick gauche, gâchette gauche, gâchette droite et bouton de face, tout ça, pour entrer dans une fenêtre. Moins ergonomique tu meurs. Dans la frustration la plus totale, je suis tombé plusieurs fois sous les tirs ennemis parce que mon empoté d’Assassin était incapable de se mettre à l’abri dans un bâtiment. Incroyable.
Pour qu’Assassin’s Creed devienne enfin meilleur, il faudrait qu’Ubisoft remette profondément en question ce système de déplacement. La « course libre » est en réalité tout sauf libre. On se déplace sur des lignes tracées par les développeurs et toute tentative de sortie hors des sentiers battus n’est pas possible. Le joueur se retrouve alors impuissant, à subir des choix que le jeu va faire pour lui et comme ces derniers vont parfois complètement à l’encontre du bon sens, la frustration gagne le joueur. Un autre exemple ? Combien de fois mon personnage fuyant des hommes armés, au lieu de courir devant lui, s’est à mis jouer l’équilibriste, sans bouger sur un poteau ? Ça arrive tout le temps depuis le tout premier Assassin’s Creed et depuis sept ans, ce problème n’a jamais été résolu. En ce qui me concerne, la manette a failli passer plusieurs fois par la fenêtre. Et pour ce faire, au moins, je n’aurais pas eu besoin de maintenir trois gâchettes et deux boutons de tranche. Quant au « cover system », il est archaïque. Il va vous gâcher la vie jusqu’au boss de fin dont le design ne repose que là dessus. Bref, tant que le « Freerun » n’aura pas été réformé en profondeur, il n’y aura pas de salut dans cette licence.
Un contenu dans l’ensemble ennuyeux
Assassin’s Creed Unity, c’est aussi beaucoup de missions. Beaucoup de « Jacques-a-dit » en fait : va faire ceci, va chercher cela, va tuer Michel (vous verrez que Michel meurt énormément dans Unity), va déclencher une action contextuelle, etc. L’ennui sous la forme d’une boucle de gameplay. Et autant vous dire que ce n’est pas les centaines de collectibles qui vont vous intéresser davantage au jeu. L’implication du joueur est d’autant plus morne que le scénario est vain, rempli de clichés et fan service à souhait. Napoléon pourrait jouer dans Expandables tant il est badass et le Marquis de Sade aurait tout à fait sa place dans La Cage aux Folles tant le personnage est caricatural. Quant à ce pauvre Arno, ses motivations laissent complètement de marbre et fait pâle figure à côté d’Élise, son acolyte Templier et Mary-Sue parmi les Mary-Sue. Cerise sur le gâteau, une séquence narrative entière est recyclée de Black Flag vers la fin du jeu. Un indice pour vous à la maison : elle implique rédemption et alcool. Je suis sûr que vous comprendrez de quoi je parle.
Le système de combat a été revu avec une difficulté à la hausse. Étant trop facile dans les jeux précédents c’est une bonne chose et, au moins, les adversaires ne vous attaquent plus à tour de rôle comme ils avaient tendance à le faire avant. Toutefois, ça reste du combat à grand coup de QTE et il reste encore trop facile de se débarrasser de cinq gardes qui vous assaillent sans être un maître de l’exécution. De plus, il arrive fréquemment qu’une parade bien exécutée ne vous protège pas et que votre adversaire vous frappe malgré tout sans que le jeu vous explique clairement ce qu’il s’est passé. Il s’agit donc d’une mauvaise difficulté, d’une difficulté injustifiée et frustrante. Pourquoi ne pas aller jusqu’au bout et rendre les combats au-delà de 3 contre un à la limite de l’impossible ? Ça rendrait un immense service à la série qui focaliserait alors son gameplay davantage sur les stratégies de fuite que sur le combat pur et dur. Comme dans n’importe quel bon jeu d’infiltration en fait.
Black Flag avait réussi à apporter de la fraîcheur dans la boucle de gameplay. Il ne se contentait pas de proposer des quêtes ennuyeuses afin de connaître sa cible suivante pour finalement la tuer et conclure le chapitre. Il proposait de véritables voyages en bateau avec son lot d’aventures. Tiens ? Et si j’allais chasser des ocelots sur ce bout d’île paumé ? Et si j’allais chercher ce trésor dans la caverne cachée à quelques miles nautiques d’ici ? Et si je me lançais dans une bataille féroce avec ce Man of War ? Ça, c’était de la liberté. Dans Unity, on peut plaquer un voleur au sol ou chercher des cocardes sur les toits de la ville. L’excitation est totale. Notez quand même un co-op qui est un ajout très sympathique, mais qui ne sauvera pas cet épisode.
Assassin’s Creed est très certainement une belle expérience d’immersion dans un cadre historique, mais il n’est certainement pas un bon jeu vidéo. Tant qu’il restera empêtré dans ses vieux démons, il n’arrivera pas à être une expérience ludique à la hauteur de ses ambitions. Si une série comme Metal Gear Solid arrive à remettre à plat tout son système de jeu comme on peut l’entrapercevoir avec The Phantom Pain, il n’y a pas de raison que la franchise Assassin’s Creed n’y arrive pas. Encore faudrait-il arrêter l’exploitation annuelle et trop intense de cette licence et commencer à prendre du recul pour faire, enfin, un vrai bon épisode. Je ne l’ai pas encore fait, mais il semblerait que, cette année, le meilleur Assassin’s Creed soit Rogue. On verra ça la semaine prochaine à la sortie du test.
Assassin’s Creed Unity est disponible sur Xbox One, PS4 et PC pour un prix conseillé de 70 euros.
La Révolution française est un cadre qui sied parfaitement à Assassin’s Creed. Le chaos ambiant, le fait de revisiter ces moments clefs qui ont changé l’histoire de la France, rien que ça, ça justifie au moins la moitié d’un Assassin’s Creed Unity. Car il est vrai qu’Ubisoft n’a pas fait les choses à moitié sur le tableau qu’il nous dépeint. La ville de Paris est vivante, impressionnante, sale et reluisante à la fois.
Promesse de longue date, le jeu parvient à gérer un très grand nombre de PNJ à l’écran sans que le framerate en pâtisse trop. Évidemment, le jeu ralentit un peu quand on observe depuis son perchoir l’imposante foule venue assister à l’exécution de Louis XVI, mais étant donné l’ambition de la chose, impossible de faire le difficile. Il y a aussi des bugs qui apparaissent régulièrement, mais en même temps, à vouloir faire dans la précipitation un Assassin’s Creed par an, disons que c’est inévitable. Et en vérité, c’est du détail, car dans l’ensemble, Ubisoft Montréal a fait du très bon travail pour créer un environnement convainquant. Sur ce point, bravo.
Le problème, c’est que rien d’autre ne va vraiment. Ubisoft a réussi à rendre la « course libre » encore plus impraticable qu’avant. En effet, s’il fallait simplement maintenir une gâchette et pousser le joystick gauche pour se déplacer « librement » sur les bâtiments, il faut maintenant maintenir la gâchette et appuyer sur « croix » pour grimper et sur « rond » pour se laisser descendre. Je comprends tout à fait la logique d’utiliser le bouton qui est d’habitude utilisé pour sauter dans les autres jeux, mais là, ce n’est simplement pas logique. « Rond » étant placé plus haut sur la manette que « croix », mon expérience de grimpette était toujours entachée d’erreurs frustrantes de déplacements qui m’ont plus d’une fois coûté la vie. Je suis allé voir dans les paramètres s’il était possible de changer cela, évidemment, c’était impossible sur PS4. De plus, si vous souhaitez entrer dans une fenêtre ouverte, on va vous demander d’appuyer sur une gâchette supplémentaire. On récapitule ? Joystick gauche, gâchette gauche, gâchette droite et bouton de face, tout ça, pour entrer dans une fenêtre. Moins ergonomique tu meurs. Dans la frustration la plus totale, je suis tombé plusieurs fois sous les tirs ennemis parce que mon empoté d’Assassin était incapable de se mettre à l’abri dans un bâtiment. Incroyable.
Pour qu’Assassin’s Creed devienne enfin meilleur, il faudrait qu’Ubisoft remette profondément en question ce système de déplacement. La « course libre » est en réalité tout sauf libre. On se déplace sur des lignes tracées par les développeurs et toute tentative de sortie hors des sentiers battus n’est pas possible. Le joueur se retrouve alors impuissant, à subir des choix que le jeu va faire pour lui et comme ces derniers vont parfois complètement à l’encontre du bon sens, la frustration gagne le joueur. Un autre exemple ? Combien de fois mon personnage fuyant des hommes armés, au lieu de courir devant lui, s’est à mis jouer l’équilibriste, sans bouger sur un poteau ? Ça arrive tout le temps depuis le tout premier Assassin’s Creed et depuis sept ans, ce problème n’a jamais été résolu. En ce qui me concerne, la manette a failli passer plusieurs fois par la fenêtre. Et pour ce faire, au moins, je n’aurais pas eu besoin de maintenir trois gâchettes et deux boutons de tranche. Quant au « cover system », il est archaïque. Il va vous gâcher la vie jusqu’au boss de fin dont le design ne repose que là dessus. Bref, tant que le « Freerun » n’aura pas été réformé en profondeur, il n’y aura pas de salut dans cette licence.
Un contenu dans l’ensemble ennuyeux
Assassin’s Creed Unity, c’est aussi beaucoup de missions. Beaucoup de « Jacques-a-dit » en fait : va faire ceci, va chercher cela, va tuer Michel (vous verrez que Michel meurt énormément dans Unity), va déclencher une action contextuelle, etc. L’ennui sous la forme d’une boucle de gameplay. Et autant vous dire que ce n’est pas les centaines de collectibles qui vont vous intéresser davantage au jeu. L’implication du joueur est d’autant plus morne que le scénario est vain, rempli de clichés et fan service à souhait. Napoléon pourrait jouer dans Expandables tant il est badass et le Marquis de Sade aurait tout à fait sa place dans La Cage aux Folles tant le personnage est caricatural. Quant à ce pauvre Arno, ses motivations laissent complètement de marbre et fait pâle figure à côté d’Élise, son acolyte Templier et Mary-Sue parmi les Mary-Sue. Cerise sur le gâteau, une séquence narrative entière est recyclée de Black Flag vers la fin du jeu. Un indice pour vous à la maison : elle implique rédemption et alcool. Je suis sûr que vous comprendrez de quoi je parle.
Le système de combat a été revu avec une difficulté à la hausse. Étant trop facile dans les jeux précédents c’est une bonne chose et, au moins, les adversaires ne vous attaquent plus à tour de rôle comme ils avaient tendance à le faire avant. Toutefois, ça reste du combat à grand coup de QTE et il reste encore trop facile de se débarrasser de cinq gardes qui vous assaillent sans être un maître de l’exécution. De plus, il arrive fréquemment qu’une parade bien exécutée ne vous protège pas et que votre adversaire vous frappe malgré tout sans que le jeu vous explique clairement ce qu’il s’est passé. Il s’agit donc d’une mauvaise difficulté, d’une difficulté injustifiée et frustrante. Pourquoi ne pas aller jusqu’au bout et rendre les combats au-delà de 3 contre un à la limite de l’impossible ? Ça rendrait un immense service à la série qui focaliserait alors son gameplay davantage sur les stratégies de fuite que sur le combat pur et dur. Comme dans n’importe quel bon jeu d’infiltration en fait.
Black Flag avait réussi à apporter de la fraîcheur dans la boucle de gameplay. Il ne se contentait pas de proposer des quêtes ennuyeuses afin de connaître sa cible suivante pour finalement la tuer et conclure le chapitre. Il proposait de véritables voyages en bateau avec son lot d’aventures. Tiens ? Et si j’allais chasser des ocelots sur ce bout d’île paumé ? Et si j’allais chercher ce trésor dans la caverne cachée à quelques miles nautiques d’ici ? Et si je me lançais dans une bataille féroce avec ce Man of War ? Ça, c’était de la liberté. Dans Unity, on peut plaquer un voleur au sol ou chercher des cocardes sur les toits de la ville. L’excitation est totale. Notez quand même un co-op qui est un ajout très sympathique, mais qui ne sauvera pas cet épisode.
Assassin’s Creed est très certainement une belle expérience d’immersion dans un cadre historique, mais il n’est certainement pas un bon jeu vidéo. Tant qu’il restera empêtré dans ses vieux démons, il n’arrivera pas à être une expérience ludique à la hauteur de ses ambitions. Si une série comme Metal Gear Solid arrive à remettre à plat tout son système de jeu comme on peut l’entrapercevoir avec The Phantom Pain, il n’y a pas de raison que la franchise Assassin’s Creed n’y arrive pas. Encore faudrait-il arrêter l’exploitation annuelle et trop intense de cette licence et commencer à prendre du recul pour faire, enfin, un vrai bon épisode. Je ne l’ai pas encore fait, mais il semblerait que, cette année, le meilleur Assassin’s Creed soit Rogue. On verra ça la semaine prochaine à la sortie du test.
Assassin’s Creed Unity est disponible sur Xbox One, PS4 et PC pour un prix conseillé de 70 euros.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.