En ces temps de crise des médias traditionnels, avec une presse en ligne au modèle économique parfois encore fragile, les investissements dans le secteur sont les bienvenus.
Verizon s’est ainsi trouvé un nouveau business en financant la création d’un nouveau site tech : Sugarstring, qui a pour ambition de rivaliser avec les principaux acteurs du secteurs que sont The Verge et Wired. Belle ambition donc. « Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ? » s’interroge le Dailybot qui relaie l’information.
Alors en pleine procédure de recrutement de ses futurs journalistes et reporters, il leur a été expressément interdit d’aborder le sujet de l’espionnage américain et de la neutralité du net s’ils voulaient rejoindre l’équipe rédactionnelle. Deux sujets qui agitent la sphère politique et tech ces derniers mois et dans lesquels Verizon est partie prenante.
1- Espionnage US
Comment ne pas sourire à cette exigence de Verizon quand on se rappelle la 1ère révélation d’Edward Snowden, la première pierre de l’édifice du scandale sur les pratiques de la NSA. Elle concernait PRISM et son principal allié Verizon (d’autres entreprises américaines ont également été impliquées dans ce scandale). Ces révélations expliquaient la manière dont Verizon a largement collaboré avec l’Agence de renseignement pour transmettre à la NSA les millions de données téléphoniques de ses clients.
2- Neutralité du net
Aux États-Unis la bataille fait rage entre les FAI et opérateurs de télécoms d’un côté et les géants du web de l’autre. Ces derniers souhaitent défendre le principe de la neutralité du net, quand Verizon veut pouvoir proposer un traitement préférentiel aux sites qui paieront leur obole, c’est-à-dire un accès direct à l’autoroute du haut débit.
Mais comme charité bien ordonnée commence par soi-même, Verizon se montre beaucoup moins charitable envers les autres et pose les limites de l’autocensure. Ainsi, s’il est interdit aux journalistes d’écrire sur l’espionnage américain, rien ne les empêche d’enquêter sur ceux des autres, comme l’espionnage de la Chine par exemple, que le FBI critique volontiers, et ses dissidents qui risquent leur vie en protestant contre la surveillance d’État : Home sweet home America.
Verizon décrit SugarString comme le site qui « délivre les dernières news tech et lifestyle pour une génération qui ne sépare pas les nouvelles technologies de leur vie de tous les jours. Des exclusivités aux essais, mes meilleurs édito et bien plus, ce site couvre ce dont le millénaire se soucie vraiment aujourd’hui ».
Avec une telle ambition, comment prétendre informer réellement ses lecteurs sur les enjeux d’internet en éludant les pratiques de surveillance de l’Administration américaine et la neutralité du net, deux problématique centrales du web aujourd’hui mais surtout à venir.
Verizon s’offre une belle couverture médiatique, pas forcément des plus belles et affiche au moins clairement ses positions. Comme le précise le DailyDot, Verizon notifie chaque article de ces quelques mots : « ces articles ont été écrits par des auteurs sous contrat avec Verizon Wireless ». La firme tient aussi à préciser que « les points de vue exprimés sur SugarString ne correspondent pas nécessairement à celles du Verizon Wireless ». Pour peu on en viendrait à célébrer la liberté d’expression.
En France, la frontière est parfois beaucoup plus floue lorsqu’il s’agit de parler d’entreprises ou hommes d’affaires ayant des parts dans un ou plusieurs médias. Chez TF1, le Figaro ou encore Le Monde, lorsqu’il s’agit de s’exprimer sur Bouygues (l’entreprise, le père ou le fils), Serge Dassault ou encore de Free et Xavier Niel, respectivement patron de TF1 (depuis 87), propriétaire du Figaro et copropriétaire du journal et du groupe Le Monde.
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C’est la liberté surveillée de l’information.
Ils devraient embaucher des moutons pour faire bêêê
Et en plu ils voudraient la faire payer leur information bridée !
L’un dans l’autre, va ouvertement critiquer ton boss dans ta boîte, on verra le résultat! Mais bon, US pays de liberté…
En lisant cet article on comprend mieux pourquoi…
>> https://www.propublica.org/article/somebodys-already-using-verizons-id-to-track-users