L’expression Art Robotique désignant depuis peu, les artistes travaillant avec différentes technologies comme les moteurs, la sonorisation, l’informatique, l’audiovisuel, les trucages…
À découvrir, des « œuvres robots », ou des œuvres créées par des robots. Parmi elles, quelques créations spectaculaires et monumentales, comme celle de Chico MacMurtrie, Totemobile. Cette sculpture qui a au départ la forme d’une voiture DS, se transforme peu à peu en une gigantesque machine, et se déploie sur une dizaine de mètres de haut. Ou encore, les sculptures d’eau en 3D de Shiro Takatani et Christian Partos, La Matrice liquide 3D, qui prennent vie grâce à des électrovannes programmées par ordinateur. On y verra aussi un robot artiste peignant la planète Mars, et les étranges Animaris de Théo Jansen : des sculptures façon « squelettes de mammouth », fabriquées avec des tubes en plastiques, de la toile et du ruban adhésif, qui, grâce à un système de pistons, s’anime à la seule force du vent.
Cette exposition, qui passe en revue les nouvelles possibilités offertes par la technologie aux artistes, nous invite à porter un autre regard sur ses évolutions récentes. Questions à Blandine Savrda, commissaire de l’exposition.
D’après le site, l’exposition s’organise comme un « regard sur le principe de transformation qui s’opère dans différentes œuvres d’art ». De quel type de métamorphose s’agit-il ?
Dans le cas des œuvres d’Art robotique, il y a une double transformation. Déjà, le spectateur peut observer le passage de l’œuvre inanimée à l’œuvre dynamique. C’est le côté spectaculaire… Mais ce « principe de transformation » n’est pas spécifique aux œuvres qui incluent de la robotique et la programmation informatique. Par définition, toute œuvre d’art se transforme sous le regard et cette transformation n’est pas la même pour tout le monde. Elle diffère selon notre humeur, notre sensibilité, notre histoire…. Lorsqu’il crée son œuvre, l’artiste a une idée précise de ce qu’il souhaite faire, mais cette idée initiale peut évoluer et se transformer, suivant la personne qui regarde l’œuvre.
Au premier abord, les termes « art » et « robotique » paraissent opposés. L’objectif de l’exposition est-il de nous faire entrevoir le côté poétique de la technologie ?
Pas essentiellement. C’est avant tout une exposition d’art contemporain. Elle présente une dizaine d’artistes de renom international, qui tous travaillent sur les problématiques technologiques, la robotique et les incluent dans leur démarche créative, pour élaborer des œuvres dynamiques. Des œuvres qui s’animent, évoluent et se transforment sous l’œil du visiteur… En fait, l’exposition Art Robotique veut surtout montrer que la frontière entre l’art et l’ingénierie n’existe pas. Cette séparation est relativement récente dans notre histoire. Dans l’antiquité, les Grecs ne faisaient pas la distinction entre l’art et la technologie !
Les innovations sont parfois détournées de leur fonction originelle, comme avec les sculptures d’eau de La Matrice liquide 3D. Qu’est-ce que la technologie apporte de plus à la démarche artistique ?
Les avancées technologiques permettent aux artistes de donner vie à tous leurs projets. Certains ont des projets en tête depuis longtemps. Grâce à ces évolutions, ils peuvent enfin donner vie à certaines de leurs œuvres qui n’auraient jamais été réalisables sans elles. Pour la Matrice Liquide 3D, Shiro Takatani envisageait de réaliser une œuvre dynamique, en 3D, entièrement avec des gouttes d’eau. Il était possible de réaliser des rideaux d’eau en deux dimensions, mais comment faire pour donner le relief 3D aux sculptures liquides qu’il avait imaginées ? Pour cela, il a fallu attendre la mise au point des électrovalves et de la programmation assistée par ordinateur. Cette technologie souvent utilisée pour les appareils d’analyse médicale, a permis de réaliser des sculptures uniques et poétiques. Et il a fallu attendre l’exposition Art Robotique pour rendre cela possible.
Certaines œuvres posent un regard plus sombre sur la société. Le chemin de Damastès propose une succession de lits médicalisés surplombés d’un tube de néon, qui s’élèvent et s’abaissent et forment un ballet synchronisé. Est-ce une manière de nous alerter sur les dangers de la technologie ?
En ce qui concerne Le chemin de Damastès, le message est celui de l’uniformisation physique certes, mais aussi celui de l’uniformisation des idées. L’expression « le lit de Procuste » (ou Damastès, n.d.l.r.) utilisée encore aujourd’hui, renvoie à l’idée de norme. Il s’agit d’uniformiser, quitte à éliminer ce qui ne rentre pas dans le moule. Jean Michel Bruyère, l’artiste qui a conçu cette œuvre, est le leader du LFKs, un groupe d’artistes internationaux qui s’intéressent avant tout aux questions politiques.
Dans un autre esprit, Animaris de Théo Jansen nous présente des « machines animales », qui se déplacent à la force du vent et évoluent selon le principe de Darwin. Comment est-ce possible ?
Attention, il s’agit du discours de l’artiste ! On sait bien qu’ils ont parfois un discours très imagé… Par exemple Chico MacMurtrie estime que sa Totemobile se déploie comme un « grand organisme vivant ». Dans le cas des Animaris, Theo Jansen ne reproduit pas l’évolution darwinienne, qui elle se fait bien par sélection naturelle et non par l’intervention d’un esprit supérieur. Là, en l’occurrence, l’artiste fait office d’esprit supérieur car il crée les Animaris et c’est lui seul qui les fait évoluer.
Et avec The Big Picture, c’est un robot industriel se prend pour un artiste … N’y a-t-il pas une grande part de rêve quant au remplacement de l’homme par la machine ?
The Big Picture, (où un bras robotique réalise une peinture sur toile d’après une photo de Mars, récupérée par sonde spatiale, n.d.l.r.), est une œuvre de « robotlab », un collectif allemand spécialisé dans le détournement des robots industriels. The Big Picture pose en effet la question de la place de l’artiste. Peut-il être remplacé par une machine ? Et si le peintre est un robot, où se positionne l’artiste ? Certes, devant cette œuvre, les visiteurs s’interrogent… Mais il ne faut pas oublier que le robot est nourri continuellement des idées du collectif, qui le surveille aussi constamment via Internet. Quant aux Animaris de Theo Jansen, peut-on vraiment parler de machines ? L’artiste prouve par ses créations qu’il est possible d’animer des sculptures sans l’intervention d’une quelconque technologie. Theo Jansen passe des heures à les créer, à les améliorer… Il voit ses créations comme des êtres vivants. L’affirmation qu’elles pourraient un jour évoluer naturellement, sans son intervention, n’est qu’un rêve poétique d’artiste… Dans Art Robotique, ce n’est pas la technique qui permet à l’artiste de s’exprimer, c’est plutôt l’inverse. Les artistes utilisent les avancées technologiques de leur temps pour donner forme à leur vision artistique.
Retrouvez toutes les informations sur l’exposition « Art Robotique » à la Cité des sciences et de l’industrie.
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J’ai été à cette expo la semaine dernière sur la suggestion d’un proche, sans avoir creusé en détail ce que c’était. Je m’attendais à voir des expos un peu high tech, avec au moins un petit Asimo au détour d’un couloir et une floppée de scènes interactives. Que nenni, nous avons tous les deux été surpris et au final, il m’a déclaré que 12€ pour cette expo, c’était trop cher.
Par exemple, le Chemin de Damastès réalisé par Bruyère, même s’il est expliqué sur l’encart avant d’entrer dans le couloir, ne consiste réellement qu’en 21 lits parfaitement vides qui se lèvent ou se baissent avec de petits “hé” ou “ah” sur pas loin de 40 minutes. L’explication des Cosmic Birds de Shun Ito est presque risible, on dirait qu’il a fabriqué un jeu d’éclairage au petit bonheur et a plaqué le nom dessus en disant « voilà, c’est une œuvre d’art ». Quant à Lu Yang, ce ne sont que des panneaux indiquant les M.O. pour réaliser ses expériences de sadique, à base de demi-grenouilles stimulées électriquement ou de souris lobotomisées vivantes.
Contrairement à mes proches je ne jetterai pas le bébé avec l’eau du bain. La matrice liquide 3D a deux expositions (une par artiste), l’une qui forme des plans sur presque 10 minutes, et l’autre… on a pas eu la patience d’attendre, en fait : les effets stroboscopiques sont à la base du système, quand même. On a aussi pas mal aimé le concept de la machine-artiste allemande (The Big Picture) et les machines absurdes… pardon, les « produits » des frères Denki. Complètement barrés, le gros sentai en costume d’ouvrier ou les “otamanotes” (une grosse note toute souriante qui fait du son), on a bien envie de sortir à voix haute le classique « parce que le Japon ». L’œuvre de Jansen peut également devenir intéressante quand on comprend que le guignol en fond qui anime la machine ne devrait pas être là ! Théoriquement, les… euh… les tubulos de Jansen marchent au vent, pas facile à la Cité.
Bref. À voir très, très, très tranquillement. Et essayer de le prendre comme un genre d’expo de peinture… avec des machines, et des artistes plus ou moins stylés. Pour la high tech, passez votre chemin !
Un peu pareil, on a été avec un pote sans vraiment se renseigner..
On s’attendait à des trucs un peu hi-tech, et au final on a surtout vu des trucs , au mieux étranges, au pire totalement creepy (WTF le découpage de grenouilles ou les rats toxicos ?)
Au final, ça nous a laissé un sentiment très étrange et mitigé.
Par contre clairement 12€ pour ça, ça nous a laissé un sale arrière goût.
Franchement, à moins d’être bien renseigné et de savoir exactement à quoi s’attendre et vouloir le voir, vous risquez d’être drôlement déçus si vous espérez voir l’équivalent de l’affiche.
Noter que la frontière entre art et science, lorsque ces 2 domaines sont clairement définis, peut aussi être ouverte. Exemple sur les musiques composées à partir des vibrations internes des étoiles :
http://www.cslevine.com/etoiles