La Corée du Sud est considérée comme un paradis pour de nombreux gamers. L’industrie du jeu vidéo y est très importante, et des jeux comme Starcraft II ou League of Legends, porte-étendard de l’eSports, bénéficient d’une très grande couverture médiatique. Les PC Bang, des salles immenses où des ordinateurs haut de gamme sont mis à disposition des joueurs pour un euro de l’heure, fleurissent dans toutes les villes. Il est donc bien difficile pour les jeunes coréens d’éviter les écrans, et les addictions aux jeux vidéo sont monnaie courante dans le pays.
Tant et si bien que le parti conservateur Saenuria a proposé deux projets de loi visant à contrecarrer la croissance de l’addiction au gaming. La première consisterait à taxer les entreprises de jeu vidéo afin de créer des centres de traitement de la dépendance, et la seconde, plus disputée, viserait à catégoriser le jeu vidéo comme une des quatre sources majeures d’addiction avec l’alcool, les drogues et les jeux d’argent. Cette loi assujettirait « le jeu en ligne et les autres contenus numériques multimédias » à des contrôles gouvernementaux plus stricts.
Afin de peser le pour et le contre, le parti démocrate coréen a récemment organisé un débat nommé « Jeu vidéo : Addiction ou Art ? » réunissant des membres du gouvernement, mais aussi des professeurs d’école et des membres de l’industrie. Une bonne majorité des arguments se sont placés en faveur du jeu, évoquant la liberté d’expressions et la protection des œuvres, quelles qu’elles soient. Jong Duk Kim, membre de la Game Developers Association a même déclaré que le titre du débat représentait le problème en lui-même.
Tout le monde a droit à la liberté d’expression et les jeux vidéo ne sont évidemment pas exclus. En tant que médium vendu légalement, cette liberté totale s’applique, que le titre soit considéré comme une œuvre d’art ou non. Le titre de cette conférence sous-entend que si le jeu vidéo n’est pas considéré comme une forme d’art, et n’a donc pas le droit d’être protégé, il doit donc obligatoirement être réprimandé.
Goong-Hoon Nam, président de la Gamers Foundation a déclaré que « supprimer le jeu vidéo s’apparenterait à changer le moteur d’une voiture parce qu’il n’y a plus d’essence. »
Le débat a principalement attribué la naissance de ces addictions à un manque d’action des parents. Cette levée de boucliers à l’encontre du jeu vidéo a été ravivée par un fait divers tragique en avril dernier, où un homme de 22 ans avait laissé son enfant de deux ans mourir de faim alors qu’il jouait en ligne dans un cybercafé. Fin 2011, le gouvernement avait déjà fait passer la « Shutdown Law », aussi appelé la « Loi Cendrillon » qui interdit aux jeunes de moins de 16 ans de jouer de minuit à 6 heures du matin. Il semble néanmoins bien difficile de contrôler autant de joueurs, dans une nation aussi techno-dépendante. La classe politique semble en tout cas prendre le problème très au sérieux.
Estimez-vous que le jeu vidéo doit être aussi contrôlé que les produits auxquels il est comparé ?
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