Les Partis Pirates
Origines
Site officiel du Parti Pirate International : http://www.pp-international.net/
Qui ? Rickard Falkvinge, entrepreneur. Crée en 2006 en Suède, le Piratpartiet (en suédois) a pour ambition la réforme des droits de la propriété intellectuelle (dont le copyright, les brevets et la protection des œuvres), le renforcement des droits fondamentaux relatifs à la vie privée sur internet et dans la vie quotidienne.
Site officiel du Parti Pirate suédois (PPS) : http://www.piratpartiet.se/
En 2009, le PPS est devenu le 3e plus gros parti de Suède en nombre d’adhérents, la barre des 30 000 membres est dépassée.
Pour les Européennes, le PP est également présent en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Luxembourg, en Pologne, en République Tchèque, en Autriche, en Suède, en Finlande et en Estonie.
Déclaration de principes, mai 2012 :
Le Parti Pirate croit que les gens qui ont accès à la libre communication, à la culture et au savoir, se sentent mieux et travaillent ensemble pour créer une société plus humaine pour tous ceux qui y vivent. Nous voyons que les technologies modernes d’informations créent de nouvelles opportunités pour les gens qui prennent le contrôle de leur vie et les aident à peser sur le développement de la société. Nous voyons comment une plus libre circulation de l’information permet à la fois, créativité culturelle et croissance économique. Pour arriver à ces objectifs, et afin de ne pas devenir prisonnier d’une augmentation de la surveillance, nous avons besoin de deux changements fondamentaux dans l’attitude des personnes qui dirigent : le gouvernement doit commencer par faire confiance à ses citoyens en leur montrant plus de respect et une plus grande liberté [..] La société doit utiliser et non abuser de ces fantastiques outils que nous avons à disposition.
Programme : Le Parti Pirate veut « un Internet libre, sans aucune licence, dans une société ouverte. La liberté de communication est l’une des bases des droits de l’homme et fait partie de la Convention européenne des droits de l’homme. Les nouvelles technologies sont quelque chose de fantastique que nous devons encourager, et non entraver en mettant en prison les gens qui fournissent des infrastructures. Les politiciens ne pourront jamais mettre un terme à l’échange de fichiers mais ils peuvent causer des dommages à Internet et aux gens qui œuvrent pour le développer ».
En 2011, Rick Falkvinge et Christian Engström, fondateurs du PPS, publient The case for Copyright Reform**, plaidoyer pour une réforme du droit d’auteur.
Dans celui-ci, ils expliquent qu’« Il n’est plus possible de renforcer les mesures contre le partage non-commercial de fichiers sans violer des droits humains fondamentaux. » C’est pourtant dans « ce sens que se sont dirigées les lois sur le droit d’auteur, sous la pression des lobbys de l’industrie du divertissement qui voyaient leurs monopoles menacés. » La tendance doit s’inverser.
« Nous aussi nous voulons une société où la culture prospère, où les artistes et les créateurs ont une chance de vivre de leur art. Heureusement, il n’y a aucune contradiction entre le partage et la culture. Une décennie de partage intensif nous l’a prouvé. »
Objectif : réformer la loi sur les droits d’auteur pour faciliter le partage, supprimer les DRM, abolir les brevets sur les logiciels et le vivant et améliorer la protection de la vie privée (mise à mal sous couvert de lutte contre le terrorisme).
Le fondateur du Parti Pirate suédois, Rickard Falkvinge, se définit lui-même comme un « ultra-capitaliste »*** :
Les conservateurs ne sont pas pour le capitalisme pur. Ils sont une espèce de poules mouillées sociales-libérales. (…) Je me définis comme ultracapitaliste, et c’est à partir de ce positionnement que je me suis impliqué politiquement. (…) La bataille maintenant se joue sur les droits des citoyens, qui est le sujet majeur. Plus important que le système de santé, l’éducation, le nucléaire, la défense et toute cette merde dont on débat depuis quarante ans. (sic!)
Néanmoins, il précise que le Piratpartiet n’est en aucun cas un parti de droite mais que le PP « défend même une forme de communisme numérique, dans lequel chacun contribue selon ses capacités, et où le produit est distribué selon les besoins ».
En septembre 2013, La Tribune publiait une tribune (!) de Falkvinge prônant le “Revenu Minimum Universel ».
Il y prêche l’avènement d’une nouvelle ère économique, “l’économie de l’essaim“, faisant suite à l’économie industrielle en pleine agonie. Cette nouvelle ère signerait la suppression des lieux de travail, des horaires également, elle concourrait à favoriser l’entreprenariat, « passer d’un emploi par personne [économie industrielle] à cinq à dix projets par personne [économie d’essaim] ». Cette économie d’essaim peut être perçue comme une économie du risque favorisant l’entreprenariat et donc l’innovation. Ce qui en fait, selon lui, l’argument imparable pour l’instauration d’un Revenu de Base Universel. Celui-ci permettrait aux personnes s’étant risquées sur un projet, de ne pas subir l’échec et ses conséquences (pécuniaires notamment) mais à voir cela comme une opportunité de rebondir vers autre chose. L’éternel recommencement à portée de main, Un jour sans fin de l’entreprenariat en somme ? Plutôt une « réinitialisation économique » pour le fondateur du PP.
Rick Falkvinge aime à dire qu’il ne se situe sur aucun échiquier politique (gauche-droite) car ce dernier est déterminé par une économie industrielle en asphyxie et vouée à disparaitre. Néanmoins, ses idées sont compatibles avec « le libre marché capitaliste et le socialisme » qu’il espère voir s’opérer autour d’un « marché fort et non régulé » (le véritable libéralisme économique) et de « très forts avantages sociaux », qu’il oppose aux définitions que l’on s’en fait actuellement. Pour lui, ces deux notions sont à rapprocher de « l’idéal de ‘décentralisation des décisions’ du logiciel libre associé à l’idéal de ‘promotion de la prise de risque et optimisation pour la compétitivité’ de l’open-source ».
Cela ne se fera pas sans casse et il anticipe les probables cris d’orfraie des syndicats de travailleurs, les plus rétifs à ce changement qui se donne pour mission d’enfin « libér[er] le travailleur des menottes du capital », mots qu’il emprunte à leur « idéologie ». La raison de cette éventuelle contestation ? La nouvelle économie de l’essaim (sans bureaux, horaires, favorisant le risque, etc.) signerait leur arrêt de mort, les rendant « instantanément obsolètes ». Il achève cette tribune d’une mystique : « Voyons si les Knut contemporains peuvent ordonner à la marée de ne pas monter… »
Le Parti Pirate français prône également l’instauration d’un « Revenu de Base Inconditionnel ». Ce dernier est-il le même que celui soutenu par Rick Falkvinge précédemment ? Nous avons posé la question à Hugo Lepeut, membre du parti Pirate et secrétaire de l’association de financement du PPFR, et lui avons demandé de nous en expliquer les tenants et aboutissants.
Revenu de Base Universel, Revenu de Base Inconditionnel, deux noms pour un même concept ? Quel est-il ? Nous avons posé la question à Hugo Lepeut, membre du PPFR.
« Revenu de base inconditionnel », pourriez-vous nous expliquer cette mesure que vous soutenez et nous dire si elle est à rapprocher du concept de Revenu de Base Universel de Rickard Falkvinge, fondateur du PPS.
H.L. : Je ne connais pas la position du PPS, au PPFR on est assez proche du Mouvement Français pour un Revenu de Base. Ce dernier définit les principes du revenu de base : il est inconditionnel, cumulable avec d’autres revenus et permet une existence de vie minimum. On ne vit pas avec excès mais on a de quoi vivre. C’est le revenu de base que l’on défend de notre côté. Au sein du PPFR, nous sommes une majorité à le défendre, néanmoins on ne l’a pas encore mis au programme même si cela se fera très prochainement je crois.
À quoi correspond ce revenu de base : qui le touche, quand, combien de temps, qui le finance, si c’est l’Etat comment le financera-t-il ?
H.L. : Personnellement je ne suis pas expert sur ce sujet précis, d’autres personnes au sein du parti le sont. En remaniant les aides disponibles à la CAF aujourd’hui, on est en capacité de fournir un revenu de base à l’ensemble des français, pour environ 500€/mois. Ensuite, comme je vous l’ai dit, c’est « inconditionnel » donc il n’y a pas forcément de conditions même si au départ il y en aura vraisemblablement une petite qui sera surement d’avoir des papiers en règle au niveau du territoire français.
À partir de quand ce revenu sera-t-il alloué : la majorité, l’entrée sur le marché du travail ?
H.L. : Une partie des finances servent à financer tout le monde, un adulte touche un revenu de base et un enfant de moins de 13 ans touche la moitié d’un revenu de base.
Le revenu est-il alloué pour une période définie ?
H.L. : Il n’y a pas de durée. C’est comme si on prenait l’allocation retraite d’aujourd’hui mais qu’on l’étendait à tout le monde. C’est une façon de sociabiliser une partie du revenu et d’en faire une redistribution équitable pour tout le monde. Une personne au chômage avec un revenu de base à 1000€ par exemple et des indemnités chômage de 1100€, ne se verra reverser que 100€ par le Pôle Emploi.
Et au niveau du financement ?
H.L. : Il faudra surtout éviter qu’il y ait une cristallisation autour de certaines personnes qui bénéficient d’aides et d’autres qui n’en bénéficient pas en faisant en sorte que tout le monde soit égaux sur cette redistribution. Ensuite, il y a la partie où l’on va vers l’emploi avec un salaire qui est lié à l’emploi qu’on fait. Je sais que le mouvement français pour un revenu de base n’est pour l’instant pas encore tombé d’accord sur le mode de financement et sur le montant minimum à définir dans un premier temps. Aujourd’hui en tout cas, je défends plus le principe du revenu de base qu’un montant lié au revenu de base. Le montant ce sera à d’autres personnes économistes au sein du parti de le définir, tout comme les conséquences éventuelles, etc.
Et concernant le Revenu de Base Universel de Rickard Falkvinge alors ?
H.L. : C’est la même base. Il y a d’ailleurs un documentaire très bien fait sur le sujet, en Allemagne, publié sur la chaîne Youtube du PP allemand. Pour moi, la définition est un peu la même partout, les nuances se feront sur le montant, le financement entre autre.
Sommaire
1. Les partis de l’Internet : présentation et généralités
2. Du deep web à l’arène politique : Julian Assange & Kim Dotcom
3. Parti Ukrainien de l’Internet : Dark Vador, président !
4. Le Parti Pirate suédois, la genèse
5. Le Parti Pirate français, entretien avec Jérôme Leignadier-Paradon et Éric Mahuet
6. Conclusion : Seulement des partis de l’internet ?
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“Ils défendent en premier lieu leur parti, leurs intérêts corporatistes et ceux des copains.”
chapeau a Eric Mahuet pour avoir dit la vérité sur les politiciens.
Très bon article, je trouve qu’il explique bien les choses 🙂
bravo pour cette article tres interessant!
Le Parti Pirate est à mon sens très mal nommé. Il n’a rien de Pirate.
définition:
Littéraire. Personne qui pille, s’enrichit des dépouilles d’autrui : Les pirates de la finance.Personne qui pille les ouvrages des autres en copiant ou en démarquant.En apposition avec ou sans trait d’union, indique qu’une activité se déroule dans la clandestinité, en dehors de la légalité, qu’un produit est ainsi obtenu : Radio-pirate. Édition pirate.
Informatique
Personne qui contourne à des fins malveillantes ou même détruit les protections d’un logiciel, d’un ordinateur ou d’un réseau informatique.
Eric, le nom de “Parti Pirate” est de l’auto-dérision. La réflexion d’origine est : “Ils nous traitent de pirates lorsque nous partageons de savoir et la culture, et bien créons le parti des pirates!”
Je comptais voter pour le Parti pirate et finalement non. Si le Parti pirate veut avoir plus de sens il va falloir qu’il fasse certaines propositions plus crédibles. Deux députés au parlement européen c’est pas mal mais peut mieux faire quand même.
De bonnes explications sur ce parti 😉
C’est moche à dire mais les articles d’Élodie sont les seuls qui me donnent l’impression d’un travail de journaliste, impliquant disons au moins plus d’une heure de travail (sur le même article, hein).
No offense!
Moi je vote Xavier Niel. Le seul en qui j’ai confiance.
PS : Ou Bill Gate
Au final, je ne connaissais pas. Oui à certains trucs que je trouve excellents, comme interdire le brevetage du vivant. Mais ça reste trop idéaliste. En fait, ces horribles pirates sont d’aimables frégatiers qui vont naufrager au milieu d’un banc de requins s’ils se lancent en politique. J’aime bien leurs idées. Du coup, ils me sont très sympathiques, mais j’ai bien peur que ce soit trop irréaliste. Les gentils, ça ne gagne qu’au cinéma.
Je relève que cet article est “écrit” et bien renseigné. Ca me change des tableaux et autres graphiques… bien utile, mais l’humain, dans tout ça, hein? hein? 😀