Durant la semaine où j’ai pu essayer le masque de réalité virtuelle, j’ai dû faire un amer constat : je suis malade en Oculus Rift. Quelle débauche, mes amis, quelle débauche ! D’aucuns ont le mal des transports, moi, j’ai le mal de l’Oculus Rift. C’est fâcheux, moi qui me faisait une joie d’entrer enfin dans le futur-tel-que-perçu-dans-les-années-80, me voilà, bassine à la main, à tout faire pour ne pas trop bouger mon ventre et éviter le désastre.
Ça s’appelle le motion sickness. C’est un mal qui est dû à la très légère latence entre les mouvements de la tête et ce qui est affiché dans le casque. La faute à la version de l’Oculus Rift que j’utilise, qui n’est qu’un prototype destiné aux développeurs. Je vous rassure, rien qu’au dernier CES, la dernière version dite « Crystal Cove » propose une résolution 1080p avec bel écran AMOLED et une réactivité bien plus grande. Le produit final devrait quant à lui être en 4K. Autant dire qu’il reste de la latence à l’Oculus Rift pour nous faire passer la nausée.
En attendant, me voici avec mon gerbotron calibré et configuré, à essayer de conserver un semblant de dignité en essayant différents jeux prévus pour la réalité virtuelle. Voici le résumé de ma semaine.
Lundi – Des classiques version Oculus Rift
Half-Life 2 / Strike Suit Zero
Commencer avec Half-Life 2 était clairement une erreur de débutant. S’il y a bien un type de jeu qui va malmener mon estomac, c’est les FPS, surtout s’ils n’ont pas été prévus pour jouer avec l’Oculus Rift. En fait, ce sont les mouvements de haut en bas et les déplacements brusques qui font que votre cerveau et vos oreilles internes vont, à un moment donné, dire stop.
Comme le bon warrior sans cervelle que je suis, j’ai lancé la partie là où j’en étais resté la dernière fois que j’avais lancé le jeu. Et il se trouve que c’était juste avant le passage en bungie avec les fourmillions. Mais si ! Vous savez ? Là où on vous pose ses fesses dans un véhicule et qu’on doit débouler à toute berzingue dans un parcours accidenté et que, du coup, bah ça bouge avec plein de « mouvements de haut en bas et de déplacements brusques ».
Bref, ça bougeait dans le dedans de mon corps au fur et à mesure que j’avançais avec mon véhicule. J’ai commencé par avoir un peu chaud, j’ai eu la tête qui tourne puis la nausée. Je suis descendu du bungie histoire de ne pas rendre tout de suite. Je tourne la tête et un fourmilion me saute dessus me faisant avoir une de mes plus belles frayeurs avec un jeu vidéo. Assez d’Half-Life 2 en VR pour aujourd’hui. Pour le reste de mes jours en fait.
Je lance maintenant Strike Suit Zero. Si vous ne connaissez pas, sachez que c’est un shooter 3D dans l’espace qui en jette grave où vous contrôlez un vaisseau qui peut même se transformer en mecha. Un titre vraiment sympa, même sans Oculus Rift.
On lance le bouzin et… MEIN GOTT! La cinématique d’introduction permet de bouger la caméra, et donc la tête avec le masque, pour regarder partout autour de soi. C’est juste magnifique. En plus, comme les prises de vues sont douces et souples, on ne ressent pas trop de malaise. Je suis en apesanteur, à 10 000 kilomètres au-dessus du plancher des vaches.
Bien sûr ce magnifique spectacle passif ne peut pas durer éternellement et me voici maintenant aux commandes de mon vaisseau pour ma première mission. Je ne suis pas fou et je me suis mis en vue à la 3e personne. Allez, je dois détruire des cibles non mouvantes. Ça va. Ce n’est pas la mort. Puis, les vrais ennemis arrivent et je dois commencer à les chasser pour les abattre. La poursuite me fait fatalement tourner la tête dans tous les sens. Je sens la nausée monter, mais vous savez quoi ? Ça va quand même mieux qu’avec Half-Life 2.
En fait, le simple fait de suivre les ennemis du regard, et même de la tête, fait qu’on se concentre sur un point fixe dans tout le bazar ambiant. C’est un peu comme quand on se concentre sur la route, quand on est malade en voiture. Du coup, à l’issue de cette séquence de Strike Suit Zero, je ne suis pas super frais, mais je ne vais pas encore trop mal.
Mardi – Un manic shooter kawaii compatible Oculus Rift
Suwapyon 2
Aujourd’hui, on va y aller mollo sur les jeux à sensations fortes. Comme le ridicule ne m’a apparemment pas tué la veille avec l’Oculus Rift sur le nez, je décide de jouer À UN MANIC SHOOTER KAWAII : Suwapyon 2.
Les manic shooters ou « danmaku » quand on veut se la jouer, ce sont des shoot them up 2D extrêmement difficiles tant il y a de balles à l’écran. Le mot danmaku veut d’ailleurs dire « rideau de balles » en japonais. Évidemment, c’est un truc typiquement arcade et qui sert d’épreuve pour le bac au Japon (coeff’ 3). Sinon « kawaii », ça veut dire qu’il y a des jeunes filles en jupette et aux yeux hypertrophiés.
Bref, on est parti. SUGOII! Et là, c’est Inception devant mes yeux, c’est le yo dawg all the way, puisqu’on me présente un écran d’arcade « tate » (vertical quoi) que je peux regarder comme si j’étais devant ma borne d’arcade. C’est un peu chelou, au début, mais on s’y fait. En plus, comme il y a cet espace tampon, je n’ai pas du tout la nausée.
Bon après, c’est vrai que l’expérience n’est pas du tout immersive, donc l’intérêt de l’Oculus se pose là. Cela étant, l’Oculus se prête bien au gameplay de Suwapyon 2. En effet, le jeu joue à la fois sur un plan 2D classique, mais aussi 3D, puisque le personnage peut sauter par-dessus les patterns.
L’Oculus Rift me permet donc d’avoir une bien meilleure perception de la profondeur. Aussi, je me dis que l’Oculus Rift peut vraiment apporter quelque chose aux jeux de plateformes 3D. Parce que c’est bien le péché originel des plateformers 3D : on juge moins bien les distances sur au moins une dimension en fonction de l’angle de la caméra. Je suis donc curieux de voir ce qu’un game designer inspiré peut faire avec ça.
Sinon, l’Oculus Rift, ça me fait un look d’enfer.
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