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La loi sur les ondes électromagnétiques adoptée à l’Assemblée

Portée par les écologistes, la proposition de loi visant à encadrer les ondes électromagnétiques a été adoptée ce jeudi 23 janvier par l’Assemblée Nationale. Elle doit…

Portée par les écologistes, la proposition de loi visant à encadrer les ondes électromagnétiques a été adoptée ce jeudi 23 janvier par l’Assemblée Nationale. Elle doit maintenant être examinée par le Sénat.

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Mais non, c’est sans “effets avérés” sur la santé !

Rejetée il y a un an par le gouvernement et envoyée en commission, la proposition de loi « relative à la sobriété, à la transparence et à la concertation en matière d’exposition aux ondes électromagnétiques », déposée par la députée du Val-de-Marne Europe écologie-Les Verts (EELV), Laurence Abeille, est revenue à l’Assemblée par la grande porte mais légèrement remaniée. Comme le précise Philippe Martin, ministre de l’Écologie, le texte adopté jeudi, fruit d’un an de travail entre les socialistes et le gouvernement, est qualifié de proposition de loi de compromis. Mais un « compromis constructif » et une « première réponse » aux inquiétudes toujours vives concernant notre exposition aux ondes électromagnétiques, dans une société imprégnée de ces nouvelles technologies de communication.

En cours de route, le principe de précaution, très rare en France (OGM par exemple) a été abandonné au profit d’un « objectif de modération de l’exposition ». Modération pour les « points atypiques » où l’exposition « dépassent sensiblement la moyenne observée à l’échelle nationale ».

En pleine concurrence acharnée sur le marché de la 4G, où les opérateurs historiques se livrent bataille (un pour tous, tous contre Free), c’est à qui aura le meilleur réseau, la plus grande couverture. Alors forcément, il faut soit améliorer le réseau existant, soit installer de nouvelles antennes. Mais où ? Dans la grande majorité des cas, personne n’en veut près de chez soi, tout en souhaitant pourtant bénéficier comme tout le monde d’un internet à haut débit et capter même au fin fond de la grotte de Lascaux (un village d’irréductibles gaulois menace même d’une grève de l’impôt s’il n’obtient pas un accès à l’internet haut débit).

La bataille s’annonce sanglante : au 1er janvier 2014, le nombre d’emplacements d’antennes-relais autorisés en France s’élevait à 12 525, tous opérateurs confondus, selon l’Agence Nationale des Fréquences (ANFR), soit une augmentation de 3,8% en un mois. Pour la 3G et la 2G, 38 000 sites sont déjà autorisés à la même date. De plus, avec cette loi, l’ANFR aura le droit de réclamer d’un opérateur qu’il baisse la puissance de ses antennes si celles-ci dépassent la moyenne nationale. Sachant que cette dernière gravite actuellement à 1 V/m (Volt/mètre) et que certaines antennes affichent entre 6 et 10 V/m en zone de forte densité, l’affaire risque de vite se corser…

Le pendant polémique de la proposition de loi revient à l’aspect potentiellement nocif des ondes électromagnétiques sur la santé. Dans son dernier rapport paru en octobre 2013, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) estimait que les ondes étaient sans « effet sanitaire avéré » sur la santé, néanmoins elle jugeait nécessaire de revenir sur la réglementation en vigueur concernant les seuils limites d’exposition et formulait quelques recommandations : limiter l’exposition aux ondes, en particulier celles des téléphones mobiles, et spécifiquement pour les « utilisateurs intensifs » et les enfants – dont le cerveau est plus exposé en raison de leur boite crânienne moins épaisse et pas encore totalement développée .

L’abandon du principe de précaution est en partie dû au fait qu’aucune étude scientifique n’a pu constater de réels effets sur la santé… ou prouver le contraire. En 2011 déjà, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) classait les radiofréquences comme « cancérogènes possibles ».

Le texte adopté prévoit également une « obligation de concertation et de transparence » au niveau local et départemental lors d’une installation ou de la modification des installations existantes.

Cette proposition de loi prévoit en outre, l’interdiction de « toute publicité » pour les téléphones portables ou les tablettes pour les enfants de moins de 14 ans (75 000€ d’amende prévue en cas d’infraction), de même que la publicité pour les mobiles vendus sans kit mains libres, l’interdiction des équipements Wi-FI dans les crèches et les garderies. Les députés avaient souhaité étendre cette interdiction aux écoles et écoles maternelles mais ils ont dû s’incliner en séance sur demande du gouvernement.

Ce texte a d’ores et déjà été rejeté par l’UMP qui considère qu’il  peut « pénaliser les zones les moins denses du territoire dans l’accès au très haut débit », a été adopté « sans justification sanitaire bien établie » et irait même contre « l’innovation numérique » d’un secteur pourtant « pourvoyeur d’emploi ». En ce sens, ils sont sur la même longueur d’ondes (facile) que les opérateurs qui s’inquiètent de voir leurs pratiques encadrées.

Le 10 janvier, huit organisations professionnelles du numérique ((Afdel, FFTelecoms, Fieec, Gitep, SFIB, Simavelec, Syntec Numérique et Uspii) sonnaient le tocsin « s’alarm[a]nt et appell[a]nt le législateur à faire évoluer un texte dont le principal effet en l’état serait de susciter peurs irraisonnées, tensions et contentieux autour des réseaux et des services numériques mobile et sans fil ». Pour eux, en cas d’adoption définitive, la loi aura pour conséquence de « multiplier les obstacles au déploiement des réseaux mobile […] à la disponibilité des infrastructures et des terminaux innovants plus économes en énergie et respectueux de l’environnement ».

Ils en appelaient donc « à la sagesse du législateur pour établir un équilibre entre la nécessaire transparence vis-à-vis du public et l’impérieuse nécessité de promouvoir l’investissement et l’innovation dans le numérique […] au bénéfice de la croissance, de la compétitivité, de l’attractivité des territoires et de l’emploi ».

 

Plus d’infos avec Canard PC et son dossier : Les ondes nuisent-elles à la santé ?

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15 commentaires
  1. Enfin une avancée.
    MODE SCIENCE FICTION :
    il sera bien qu’un jour les lois puissent être votées par des gens qui n’y ont pas des intérêts particuliers……

  2. @cslevine : En effet, enfin des choses concrètes de ce côté là. 🙂

    Concernant les votes, il faudrait dans ce cas établir une nouvelle Constitution. Avec la Constitution actuelle, la voix du peuple est transmise à travers son représentant(souvent ce n’est pas le cas…).
    Avec l’émergence du numérique et de l’Internet, on pourrait peut-être espérer que chaque citoyen prenne part aux décisions nationales et ainsi avoir une vraie démocratie et des citoyens actifs et responsables.
    Votes électroniques, débats,etc…

  3. Ouais…. est-il prouvé que ces ondes électromagnétiques sont si nocives qu’on veut bien le dire ?
    Depuis les années 60, la Tour Eiffel balance des dizaines de kilowatts de 100 à plus de 800 Mhz. A t-on constaté plus de tumeurs au cerveau à Paris que dans la Creuse ?

  4. “En cours de route, le principe de précaution, très rare en France (OGM par exemple)”
    Chère Elodie, c’est un peu aller vite en besogne à ce niveau là. Au contraire, en France on est très à cheval sur le principe de précaution : affaire récente des vaccins H1N1 achetés inutilement par peur d’une pénurie par la suite, en général la majorité des médicaments qui sont validés par la FDA avant l’AMM en Europe et/ou en France, l’histoire récente de Diane 35 retiré du marché car prescrit comme contraceptif alors qu’il n’avait pas l’autorisation d’être prescrit dans cette indication (qui, d’ailleurs, vient de revenir sur le marché Français suite à une pression de l’Europe car c’était une décision débile : Faut éduquer les médecins au monde du médicament [ce n’est pas des bonbons!] et à prescrire selon les AMM, pas selon les desiderata d’une clientèle qui n’y connaît rien… Plutôt que d’interdire et interdire comme toujours).

    Quoique tu me diras, la France et l’Europe, voire le monde est parfois un peu schizophrène sur ce genre de domaines. Comme quand on voit la non régulation des cigarettes électronique, la régulation incroyablement faible des dispositifs médicaux (alors que pour les médicaments elle est incroyablement forte et pesante), etc!

    Ensuite autour des ondes, j’aimerais rappeler par rapport à
    “L’abandon du principe de précaution est en partie dû au fait qu’aucune étude scientifique n’a pu constater de réels effets sur la santé… ou prouver le contraire.”
    que des MILLIERS d’études scientifiques sérieuses ont été menées depuis des années (rien que dans le rapport cité dans l’article, entre 2009 et 2012 ils en ont analysé 1 000, mais en comptant la littérature grise et pas que les vraies publi’ scientifiques sérieuses) et on n’a jamais pu prouver une réelle influence néfaste des ondes électromagnétiques utilisées par les telco sur le corps humain aux seuils légaux en vigueur. Et même à des seuils bien plus élevés…
    Quand à “prouver le contraire”, si la signification était de “prouver que ce n’est pas néfaste”, c’est impossible. Tu prouves juste qu’il n’y a pas d’effet néfaste. Ca revient globalement au même…

  5. La France est un pays de conservateurs peureux où l’on ne peut plus rien faire (d’où l’envolée du chômage et le déclin). Si les Français du début du 20ème siècle avaient été come nous on n’aurait ni avion en France, ni voiture ni TGV, ni cinéma (Lumière) ni rayons X, etc, etc

  6. Est-il prouvé que ces ondes électromagnétiques sont si nocives qu’on veut bien le dire ?
    Depuis les années 60, la Tour Eiffel balance des dizaines de kilowatts de 100 à plus de 800 Mhz. A t-on constaté plus de tumeurs au cerveau à Paris que dans la Creuse ?

  7. Quand on connait les enjeux il est évident, qu’une fois encore, on va légiférer de manière à faire plaisir à tout le monde et ne froisser personne.

    Dans l’histoire ce sont les Français qu’on prend pour des cons en faisant semblant d’administrer.

    Je ne critique pas parce qu’on légifère à propos des ondes.
    Je critique l’hypocrisie générale qui consiste à faire croire qu’on agit, qu’on légifère pour le bien de la nation ou des individus et qu’au final on fabrique des lois creuses,faites de recommandations, sans objectifs précis et chiffrés.
    Car, au final, tout le monde sait que ce sont les groupes de pressions qui tiennent la plume des législateurs

  8. Ouais…. est-il prouvé que ces ondes électromagnétiques sont si nocives qu’on veut bien le dire ?
    Depuis les années 60, la Tour Eiffel balance des dizaines de kilowatts de 100 à plus de 800 Mhz.
    A t-on constaté plus de tumeurs au cerveau à Paris qu’en Ardèche ?

  9. @palomar
    C’est comme la cigarette qu’on a commercialisé sans étude préalable. Et bien heureusement qu’on a pas perdu de temps vu qu’on sait aujourd’hui que c’est bon pour la santé. Plein de vitamines et donne un beau teint à nos chers poumons.

  10. @blup
    Relisez ce que j’ai écrit.
    Ça fait plusieurs décennies qu’on sait que le tabac est dangereux.
    Ça fait plusieurs décennies que des fumeurs sont morts du cancer du poumon.
    Depuis les années 60, combien sont morts à cause des ondes électromagnétiques ?

  11. “l’interdiction des équipements Wi-FI dans les crèches et les garderies.”

    Il y a une crèche au rez-de-chaussée de mon immeuble … même si les équipements WiFi des appartements au-dessus ne sont pas DANS la crèche, ça arrose quand même bien les gosses qui sont là toute la journée …

    Bref faudra bien mourir de quelque chose …

  12. “Les députés avaient souhaité étendre cette interdiction aux écoles et écoles maternelles mais ils ont dû s’incliner en séance sur demande du gouvernement.”

    Effectivement, la France court à la perte de sa compétitivité si on coupe le Wifi dans les maternelles. Le nounours connecté, ça c’est l’avenir.

Les commentaires sont fermés.

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