Cet ouvrage recensait les perles postées par des amateurs de bons mots (consciemment ou non) sur le réseau social. Problème : la plupart des tweets ne mentionnaient pas l’auteur dudit tweet, quant aux autres, Larousse n’a pas daigné les prévenir de leur publication et encore moins leur demander l’autorisation de le faire.
Il semblerait que Larousse ne soit pas très au fait du Code de la propriété intellectuelle en vigueur qui prévoit que « l’auteur d’une œuvre de l’esprit jouit sur cette œuvre, du seul fait de sa création, d’un droit de propriété incorporelle exclusif et opposable à tous ». En oubliant ces petites précautions avant publication, la maison peut ainsi se rendre coupable de contrefaçon au yeux de la loi.
Un droit de courte citation ne peut être appliqué ici car « l’éditeur reprend en intégralité une œuvre, en l’occurrence un tweet. Qui plus est sans source (le nom de l’auteur), puisque l’immense majorité des tweets sont présentés comme « anonymes », violant au passage le droit moral des auteurs » comme le souligne Slate.
Par ailleurs, une simple consultation des conditions d’utilisation de Twitter lui aurait permis d’apprendre ou de se voir confirmer que les publications sur le réseau social sont couvertes par les droits de la propriété intellectuelle et qu’elles ne peuvent être imprimées ou reproduites à des fins commerciales sans l’autorisation explicites de l’auteur.
Larousse a préféré couper court à toute polémique, sentant le vent se lever sur la toile. Le lendemain de la publication de l’article de Slate, soit le 22 janvier, la maison d’édition a signifié dans un tweet (la boucle est bouclée) qu’elle retirait le livre de la vente.
Face aux réactions liées à la parution de l’ouvrage « Les perles des tweets et du Net », Larousse a décidé d’en arrêter la commercialisation
— LAROUSSE (@LAROUSSE_FR) 22 Janvier 2014
Cette déconvenue aurait pu être évitée. Il y a quelque mois, en pleine période pré-Oscar, de l’autre côté de l’Atlantique, le New York Times avait utilisé le tweet d’un de ses salariés, Anthony Oliver Scott, célèbre critique de cinéma, pour vanter les mérites de la BO du film Inside Llewyn Davis dans une publicité en pleine page du quotidien.
You all keep fighting about Wolf of Wall St. and Am Hustle. I’m gonna listen to the Llewyn Davis album again. Fare thee well, my honeys.
— a. o. scott (@aoscott) 31 Décembre 2013
« Continuez à tous vous battre à propos du Loup De Wall Street et d’American Bluff. Je vais aller écouter l’album de Llewyn Davis à nouveau. Adieu mes chéris. »
Et ce, alors même qu’il avait refusé l’offre faite par le producteur du film, Scott Rudin. Offre que le New York Times s’est, lui, empressé d’accepter à la place de son critique ciné, pour la modique somme de 70 000$.
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sur les 200 livres qui seront vendus je pense que les litiges ne seront pas énormes…
C’est dingue ! On voit maintenant de la propriété intellectuelle partout !!! Pourtant, 140 caractères lâchés en pleine nature à qui veut bien les lire devraient appartenir au bien commun… comme les blagues qui n’ont pas d’auteur mais que des répéteurs… Si ça se trouve, l’émetteur du tweet l’a entendu de quelqu’un d’autre qui l’a lui-même répété…
Les tweets considérés comme de la propriété intellectuelle !!??
C’est le début de la décadence.
La protection conférée par les droits d’auteur ne prend pas en compte la taille de l’oeuvre ni la valeur artistique il faut simplemnet que l’oeuvre révèle la personnalité de l’auteur.
Le support n’a donc pas d’importance !
Il va falloir interdire tout ce qui est “les perles de…”, puisque tous basés sur ce principe.
Le principe de twitter ça n’est pas justement le fait que tout ce qui est posté appartient du domaine public? (CF CGU twitter?)