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En Irak, le meilleur moyen d’échapper à la guerre ce sont encore les jeux de guerre

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La guerre en Irak a poussé une génération entière à rester chez elle pour éviter la violence. Pour s’occuper, elle a beaucoup joué aux jeux vidéo,…

La guerre en Irak a poussé une génération entière à rester chez elle pour éviter la violence. Pour s’occuper, elle a beaucoup joué aux jeux vidéo, nous raconte le New Yorker.


Pendant la guerre en Irak, qui a eu court jusqu’en 2011, des jeunes jouaient aux jeux vidéo. À des jeux de guerres, souvent. Tout comme en Occident, les parents irakiens voyaient d’un œil inquiet toute cette violence virtuelle qui se déroulait devant les yeux de leurs enfants. La différence majeure, c’est que l’argument « tu devrais aller profiter du soleil et sortir t’aérer un peu » n’est pas valide en Irak. Sortir, durant cette période d’insécurité extrême, était bien trop dangereux et ces parents étaient finalement bien contents de voir leurs enfants rester à la maison, en sécurité, même si c’était pour jouer aux jeux vidéo.

C’est en partant de cet état de fait que le New Yorker explique la recrudescence du jeu vidéo en Irak depuis quelques années. Encore aujourd’hui, alors que la guerre est finie, le terrorisme qui continue à ravager le pays n’incite pas ces jeunes à aller faire un jogging ou pratiquer n’importe quelle activité à l’extérieur, au péril de leur vie.

Cette situation est très bien résumée par Mohannad Abdulla, un administrateur réseau de 25 ans qui vit à Bagdad et joueur à ses heures perdues.

Le jeu vidéo est le seul moyen de divertissement viable que nous avons. Les autres activités sont simplement trop dangereuses à cause du terrorisme. Nous n’avons pas de clubs, du coup, les jeux vidéo sont le seul moyen de prendre un peu de plaisir avec les amis tout en restant bien à l’abri chez soi, où il n’y a aucun risque de se faire tuer dans un attentat suicide. Pour beaucoup d’entre nous, les jeux vidéo sont le seul moyen de s’évader de cette vie de misère.

Le jeu vidéo représente également un vecteur social intéressant pour ces jeunes évoluant dans une société où il est impossible de faire réellement confiance à son prochain. Les amitiés se nouent en ligne, sur les champs de bataille virtuels avec des personnes qui habitent dans d’autres pays. Abdulla raconte qu’entre les morts et ceux qui ont fui la violence, il ne reste, de toute façon, plus grand monde autour de soi, quand on est Irakien.

Ici, dans notre pays, la majorité d’entre nous a déjà perdu quelques amis, si ce n’est la majeure partie de ses amis. Ils ont soit fui l’Irak soit été tués. De plus, vous ne pouvez plus faire confiance à personne. Un ami à l’autre bout de la planète est toujours mieux qu’un ami ici qui pourrait à tout moment vous planter un couteau dans le dos.

Le marché du jeu vidéo en Irak est assez récent et donc balbutiant. Il a fallu attendre l’arrivée des jeux sur CD pour que le partage puisse commencer à se faire, car il est plus facile de pirater ce format qu’une cartouche. De nos jours, les quelques retailers sur place n’ont souvent pas d’autre choix que de se fournir en ligne sur des sites comme Amazon et les particuliers ont encore du mal à utiliser les plateformes en ligne comme Steam, car les cartes bancaires irakiennes sont souvent refusées par ces services.

Il existe également quelques studios irakiens qui tentent de créer des jeux, mais de l’aveu même des vendeurs, ils ne sont pas d’une assez bonne qualité pour inciter les joueurs à s’y essayer. Les Irakiens préfèrent acheter des jeux occidentaux en passant par des intermédiaires en Europe ou aux États-Unis qui les achètent pour eux.

> L’article du New Yorker dans son intégralité (anglais)

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