La gamescom, c’est toujours un mélange d’excitation et d’appréhensions. D’excitation, parce que cinq jours durant (pour les plus courageux), l’on va pouvoir découvrir ou redécouvrir la crème du jeu vidéo de l’année 2013, et une partie de l’année 2014 aussi. D’appréhensions, parce que l’on risque à tout instants d’être piétiné sous les bottines cloutées de dizaines d’adolescents allemands survoltés (dans le meilleur des cas), ou de mourir de déshydratation après une indigestion de saucisses teutonnes (ça, c’est le pire). Entre les deux, l’on va naviguer entre belles surprises et cruelles déceptions.
De mon avis tout à fait personnel, cette gamescom 2013 s’est révélée « correcte ». Pour tout dire, je l’avais plutôt attendu grandiose. Avec la nouvelle génération de consoles prévue pour les fêtes, l’on pouvait espérer un feu d’artifice de titres inoubliables, des exclus en pagaille, de vraies innovations sur tous les pans de développement. Cela n’a pas vraiment été le cas. À l’E3 déjà, on avait été plus titillé par les déclarations piquantes / ridicules / à côté de la plaque des constructeurs (Sony, MS, Nintendo) que par la qualité de leurs jeux. On reste malheureusement sur le même constat lors de cette gamescom, où peu d’annonces marquantes et/ou surprenantes sont nées dans les couloirs allemands. Hormis l’annonce de l’extension de Diablo III – que l’on attendait – on n’a pas vraiment eu l’occasion de sauter au plafond (qu’on aurait eu du mal à atteindre de toute façon vu la hauteur sous plafond du machin).
Bon, ne sombrons pas dans la sinistrose non plus ! On a pris deux grosses claques, Titanfall et Dying Light, on a vu plein de petits jeux indépendants français super prometteurs, et on a pu prendre en main un certain nombre de titres attendus pour se faire une vraie idée de leur potentiel. Il en est deux autres qui auraient pu/dû relever mon programme, mais je n’ai malheureusement pas eu le temps de les voir. Il s’agit de Watch Dogs, qui était jouable, et dont les collègues m’ont dit le plus grand bien (prise en main, conduite) et de The Witcher 3, qui se présentait longuement sur le stand de CD Projekt. Gardons-les à l’esprit.
Si vous voulez bien, on va faire ça sous forme de gros carnet de voyage. Et on va commencer notre périple ce fameux mercredi matin, jour 1 de la grand-messe européenne du jeu vidéo. En route !
Mercredi matin donc. 7 heures, la course commence. Nous devons récupérer notre accréditation à l’accueil presse, puis repartir en quatrième vitesse dans un hôtel non loin du parc des expositions, où Namco Bandai présente une partie de son line-up. Plus précisément, nous allons voir / jouer à F1 2013 et Dark Souls II. La petite histoire, c’est que même après 2 cafés bien serrés, il n’est pas évident de piloter une Formule 1 à 9 heures du matin. Cette édition 2013 du jeu de Codemasters se distingue de ses aînées par la présence d’un mode Classique, où l’on pourra revivre les courses des années 80-90, et incarner Prost, Mansell… Pour le reste, les amateurs de la licence auront droit à des nouveaux scénarii, des améliorations sur l’I.A., les réglages, les graphismes… Sans surprises.
Après la course, la crainte ! Celle de mourir dans Dark Souls II, le titre le plus impressionnant de notre mercredi. Impressionnant à l’écran, avec une belle profondeur de champ et quelques superbes panorama. À un moment, notre bonhomme traverse un vieux pont en bois suspendu à des dizaines de mètres du sol, et se retrouve attaqué de toutes parts par des dragons. On avait déjà vu, mais ça reste étourdissant. Impressionnant aussi, bien entendu, par son côté impitoyable. Vous allez mourir, beaucoup. Les développeurs n’ont pas pris beaucoup de risques pour cette suite qui reprend cet équilibre combat/exploration que l’on connaît. On est juste toujours un peu chagriné par une caméra un peu rétive, responsable ponctuellement de morts extrêmement énervantes. Dark Souls II, c’est sur PC, Xbox 360 et PS3 en février 2014. Il ne devrait pas décevoir.
10h30. On se dirige vers le parc des expositions. On a rendez-vous avec Koch Media pour la présentation d’un tout nouveau titre dont on ne connaît même pas le nom en arrivant sur le stand. On va le découvrir tous ensemble dans la salle de présentation : Dead Island Epidemic. Et qu’est-ce que Dead Island Epidemic ? C’est un MOBA chers lecteurs ! Sans atermoiements, les développeurs nous collent devant un PC, nous attribuent une équipe, nous pitchent le machin en trois minutes et la partie est lancée. Heureusement, c’est un peu mon domaine d’expertise. Je vous écrirai un article détaillé pour mercredi ou jeudi prochain, mais sachez déjà que c’est un combat en arène où s’affrontent 3 équipes de 4 joueurs. Comme dans un League of Legends ou un DotA, chaque joueur contrôle un personnage, un seul, doté de plusieurs compétences. Le mode que l’on a essayé ressemblait beaucoup au Dominion sur League of Legends ; plusieurs « drapeaux » étaient disséminés sur la carte, il fallait se les approprier puis tenter de les contrôler le plus longtemps possible pour nourrir un stock de points. L’équipe qui arrivait la première à un certain nombre de points avait gagné la partie. Il y avait des choses à revoir (le mapping des touches incompréhensible, des combats pas toujours clairs, trop d’armes…) mais ça ne marchait pas trop mal, les contrôles étaient assez réactifs, et on a été surpris. Et comme on aime être surpris…
11h30, plusieurs centaines de journalistes sont réunis dans un amphithéâtre pour découvrir la nouvelle annonce made in Blizzard. Tout le monde attend l’extension de Diablo III, et bah oui, c’est ça, Reaper of Souls qu’elle s’appelle. Nouvel acte, nouvelle classe (le Crusader), grosses modifications sur le loot (mieux adapté à sa classe, plus facilement recyclable) nouvelles fonctionnalités pour le endgame, nouveau gros méchant (Malthael, l’ange de la mort), quelques nouvelles idées (le retour de la Mystique, un artisan spécialisé dans les enchantements), des nouveaux talents pour chaque classe, un nouveau niveau maximum, et des Loot runs qui promettent beaucoup, en gros. Mes confrères diabloiens, qui ont en plus mis les mains un peu plus tard sur le jeu, ont paru franchement convaincu par la bête. Notons par ailleurs deux petites choses : 1) Blizzard n’a pas dit un mot sur l’hôtel des ventes. 2) Pas un mot non plus sur The Dark Below. Il faudra sans doute attendre la BlizzCon en novembre prochain pour en savoir plus, sur ça et sur la date de sortie de Reaper of Souls.
C’est ici que l’indigestion de Bratwurst a commencé. J’avoue même en avoir mangé deux. Erreur ! Grossière erreur.
On enchaîne en début d’après-midi, le ventre un peu en vrac, avec XCOM : Enemy Within. XCOM : EW, c’est tout simplement l’extension de Enemy Unknown, le (bon) jeu de stratégie sorti en 2012. Alors là rien de fou, mais ça fait le boulot. On a pu mettre les mains dessus une petite demi-heure, découvrir quelques unes des nouvelles capacités, améliorations et nouvelles armes avec lesquelles combattront nos troupes. Des exosquelettes pourront maintenant rejoindre notre escouade, ils sont gros, ils sont forts, et ils ont des lance-flammes et/ou des lance-grenades. XCOM : EW, c’est vraiment l’extension à l’ancienne. Le titre est déjà daté au 15 novembre sur PC, PS3 et Xbox 360.
Poursuivons, poursuivons ! À ce moment-là de la journée, le public commençait à pénétrer dans le parc des expositions. Pour votre gouverne, 90% des présentations presse se déroulent au calme (relatif hein, le calme) dans des halls réservés au business. Les 10% restants, ben c’est par exemple les deux jeux de Square Enix dont on va parler. Mais du coup, j’ai dû braver la foule pour atteindre les stands avec mon super pass VIP, j’ai dû me battre contre des Allemands boutonno-belliqueux et sauver une superbe cosplayeuse (Nidalee de League of Legends, si vous voulez tout savoir) de l’étouffement. Puis Murdered : Soul Suspect donc, premier jeu. Le pitch de base est intéressant : dans la première scène, on assiste à son propre assassinat par un mystérieux homme cagoulé un peu trop balèze pour être totalement honnête avec la magie noire. Dans la seconde scène, on s’aperçoit qu’en fait notre âme – ou un truc du genre – s’est matérialisée dans une forme brumeuse. Et au lieu d’aller taper un rami avec les autres décédés du coin, on va décider d’enquêter sur notre propre meurtre. Nous allons donc analyser la scène, recueillir des indices, écouter les conclusions des enquêteurs sur place, puis faire des déductions pour progresser dans notre enquête. Y a de l’idée ! Mais deux problèmes : 1) La présentation se déroulait en langue allemande et était ponctuée toutes les 10 secondes par des cris stridents à cause des 3 t-shirts qu’on faisait gagner sur le stand d’à côté. Pas gé-gé pour se mettre dans l’ambiance. 2) Ça a l’air mou et ce n’est pas très beau. On est gentil, on demande à revoir.
Le second jeu présenté chez Square Enix, c’est Thief. Et c’était là aussi un peu énervant parce que lui il fait méchamment envie, que je l’attends, et que ça fait 6 mois qu’on nous sert des vidéos de gameplay qui sont certes très classes mais qui ressemblent surtout à des démo technologiques. Il faut jouer pour juger de comment réagit l’I.A., du nombre d’approches tactiques… En octobre ou en novembre ce serait bien, la sortie étant prévue le 28 février 2014.
On en a presque terminé pour ce mercredi. Il nous reste à voir Wasteland 2, présenté par Brian Fargo et son équipe. Pour ceux qui ne suivent pas au fond, Wasteland est un RPG post-apo sorti en 1988, le genre de trucs un peu mythique vous voyez. La suite a été financée par de gentils donateurs sur Kickstarter (3 millions de dollars récoltés, excusez du peu). Le jeu a ce petit fumé old school, vachement austère dans l’interface, avec beaucoup de dialogues et des choix en veux-tu en voilà (8 choix de réponses, parfois, dans une discussion). En 30 minutes difficile de se faire une idée sur la richesse du jeu mais l’atmosphère de désolation était bien retranscrite à l’écran (route craquelée, décor orangé, villages désertés) et l’ambiance sonore westernisante était bien cool aussi.
Vers 18h, cette première journée prend fin. On est tous crevé, on a tous des cernes, certains ont vu des trucs géniaux, d’autres moins. Je vous raconte pas ma soirée, ainsi que ce que mon estomac a dû une seconde fois subir dans un resto mexicano-italo-americano-allemand. Oui, oui.
Quelques heures de sommeil, et hop, nous voilà jeudi. 10 heures, Wildstar, le MMORPG de NCSoft. La présentation, menée par le lead designer des combats, était axée sur les combats (bah oui). Deux nouveaux éléments à retenir sur le jeu de Carbine :1) la possibilité de réduire les sorts de CC ennemis en cliquant sur une touche au bon moment (mouais). 2) la présence de zones colorées à l’écran pour mieux repérer les zones de dégâts/soins qui vont tomber sur vous et vos ennemis. Mais non c’est pas incompréhensible ce que je raconte. Exemple : disons qu’un monstre quelconque s’apprête à frapper dans le coin haut gauche de l’écran. Eh bien un court instant avant la résolution des effets, vous verrez un marquage rouge au sol dans le coin haut gauche de l’écran. Carbine a très fièrement mis en place tout un code couleur pour repérer les différents effets : du vert pour les soins, du orange pour les attaques alliées, etc. Bon, c’était vraiment très précis comme présentation. Visuellement en tout cas, Wildstar a de belles qualités. C’est coloré (voire criard), c’est dynamique. Les gens qui n’ont pas peur de la crise d’épilepsie fulgurante pourront découvrir le titre au printemps 2014, a priori.
L’heure de la saucisse approche à nouveau, mais avant ça, on va aller tâter du Hotline Miami 2 et du Shadow Warrior. Hotline Miami 2, sans nous surprendre d’un poil nain au niveau de sa mécanique (il a l’air un poil nain plus bourrin, peut-être) nous a ravi les oreilles (quelle bande-son, mais quelle bande-son !) et décoincé les méninges, avec une meta-histoire faite de mises en abîme lourdes de sens et de sous-entendus. On a effectué deux missions, et on a pris du plaisir. On a aussi aimé, pour la petite anecdote, le mur des « vous n’avez pas le droit de demander ». Sur le stand, les développeurs ont listé les questions que les journalistes ne pouvaient pas poser. Morceaux choisis : “Est-ce que ce n’est pas un peu violent ? Pourquoi vous dites que c’est une suite alors que c’est presque la même chose qu’avant ? Est-ce que vous aimez blesser les gens ?” Sont bons ces types !
Après ça, nous avons assisté à une longue, détaillée et très sympathique présentation de Shadow Warrior, le remake édité par Devolver. 16 ans après la version originale, le ninja Lo Wang reprend donc du service. Sans casser 16 pattes à un canard, ça avait l’air rigolo. Du FPS sans prétention, absolument bourrin, totalement nerveux, très second degré, avec des références au jeu vidéo ou au ciné à tous les coins de décor. La mécanique est à l’ancienne, et sans couverts s’il vous plait. Y a juste des environnements un peu trop génériques, qui fait qu’on a l’impression d’évoluer dans du carton pâte, mais ça devrait détendre son homme, ou sa femme. Ce sera dès cet automne sur PC, à un prix correct espérons.
Bon, là il doit être un peu plus de 13 heures, l’heure de la saucisse allemande ! On s’arrête donc là pour ce premier épisode. Titanfall, Dying Light, Mad Max, Command & Conquer, Dead Rising 3, Wolfenstein, quelques indés, la Ouya (oui), la Shield (oui, oui) sont notamment prévus pour la seconde partie de notre périple. En ligne demain, vers 14 heures, même endroit !
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