[MAJ] La vidéo de la conférence est disponible à cette adresse en anglais uniquement.
Pour le créateur d’Heavy Rain, les jeux vidéo se trouvent dans une phase d’adolescence, comme en témoignent les jeux les plus vendus : ceux-ci sont soit des jeux pour enfants, des jeux casuals ou des jeux violents.
Regardez Wolfenstein (1992) et Call of Duty (2012) : il n’y a pas vraiment eu de changement. Vous avez toujours un objectif, une arme et vous devez avancer et éliminer les ennemis avant qu’il ne vous tue.
Afin de résoudre ce problème de répétition, David Cage a alors cité neuf points qui pourraient faire évoluer les jeux vidéo :
– Faire des jeux pour tous les publics, et notamment les adultes. Cage déplore en effet que si l’absence de changement dans le développement n’est pas gênante pour les enfants et les adolescents qui sont le public majoritairement visé, les adultes finissent par se lasser de cette répétition.
– Changer notre façon de voir les choses. Pour Cage, la violence et la plate-forme sont trop exploitées dans les jeux, et les designers sont souvent perdus si le personnage principal ne dispose pas d’une arme sous la main. Il plaide pour davantage de recherche quant à l’interactivité entre le joueur et le jeu sans passer par les raccourcis “classiques”.
– Travailler le message à faire passer. Trop de jeux vidéo se contentent selon lui du statut de jouet alors qu’ils pourraient être bien plus. Les moyens d’y parvenir ? Utiliser davantage les auteurs sans les brider, et utiliser des sujets de notre quotidien. Les jeux devraient parler d’homosexualité, de politique, de la société… Pour Cage, les jeux ont l’avantage de l’interactivité sur le cinéma, et il faudrait utiliser cet outil pour impliquer davantage le joueur.
– Rendre les jeux accessibles. Se concentrer davantage sur les pensées et les sentiments à faire naître chez le joueur, et lui faire prendre des décisions plutôt que de lui demander de maîtriser un gameplay (ndlr : The Walking Dead en est un parfait exemple).
– Ouvrir les bras d’autres talents que ceux que l’industrie du jeu vidéo connaît déjà.
– Redéfinir les rapports avec Hollywood. Cette idée est liée à la précédente : il s’agit de faire venir des créatifs et des acteurs dans le milieu du jeu afin de le faire évoluer. Cage imagine même les réalisateurs travailler avec les game designer sur un nouveau média.
– Modifier le rapport à la censure. Il n’est actuellement pas possible d’aller aussi loin dans un jeu que dans un film, parce que l’opinion publique trouve l’interactivité problématique. Cage compare cela à la censure cinématographique des années 50, bien qu’il reconnaisse que certaines scènes du dernier E3 l’ont choqué. Il estime que l’industrie va parfois trop loin.
– Diversifier la presse : il y a d’un côté les journalistes qui traitent de l’industrie en elle-même, et de l’autre les critiques qui notent un jeu en fonction de la caméra ou du niveau de l’intelligence artificielle. Cage aimerait davantage d’analyse de fond sur les jeux, et il rêve d’un équivalent des Cahiers du Cinéma pour le jeu vidéo.
– Responsabiliser les joueurs. Pour David Cage, acheter un jeu est similaire au fait de voter. Si les joueurs achètent de mauvais jeux, l’industrie continuera de leur en fournir. S’ils plébiscitent des jeux innovants, on leur en donnera d’autres.
Des idées qui sont loin d’être dénuées d’intérêt, mais qui soulèveront probablement un certain nombre de réactions de la part d’autres développeurs.
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