GTA V n’est pas encore sorti qu’il fait déjà frémir la presse généraliste. Certains journalistes ont peut-être encore en tête le scandale qui avait accompagné la sortie de GTA III, ou bien ont-il été inspirés par le cortège d’amalgames et de raccourcis qui accompagnaient la triste tuerie de Newtown. Toujours est-il que dans le reportage diffusé le 24 décembre 2012, le jeu de Rockstar Games se voit traité comme un fléau, qui pourrait bien ne pas être autorisé à la vente aux mineurs.
D’interdit, il sera peut-être bientôt question, ne pas se fier à cette bande-annonce (ndlr : GTA V est alors affiché à l’écran), plutôt sage, ce jeu attendu au printemps devrait frapper d’une interdiction de vente aux mineurs comme l’alcool et les cigarettes.
Contacté par nos soins, Ivar Posthumus, responsable des relations consommateurs de l’organisation, nous affirme qu’il n’en est rien : si la législation française a étudié par le passé la possibilité d’utiliser le système PEGI comme base d’une éventuelle loi, l’élection de François Hollande en mai dernier ne permet pas de tabler sur la poursuite de cette démarche. Il précise même :
GTA V sera traité comme les autres jeux de sa classification.
Le système PEGI (Pan-European Game Information, système européen d’information sur les jeux), présent depuis 2003 sur toute les boites de jeux vidéo, n’a en effet pas pour vocation à faire interdire certains jeux à un public non adapté : il se contente d’informer les consommateurs. Et si en France, il existe une charte, engageant les distributeurs signataires à ne pas vendre de jeux vidéo à un public trop jeune, aucune loi n’oblige à respecter cet engagement.
Utilisé dans une trentaine de pays d’Europe, la classification dépend du jugement de deux organismes à but non lucratifs, le NICAM (Netherlands Institute for the Classification of Audiovisual Media) et le VSC (Video Standards Council). Ceux-ci ont pour tâche de vérifier la conformité d’un jeu aux normes PEGI et d’y appliquer les symboles correspondants : celui de l’âge minimum conseillé, déterminé en fonction du degré de violence d’un jeu, et les pictogrammes correspondant à un contenu susceptible de choquer (drogue, discrimination, sexe…).
Cependant, comme le rappelle Ivar Posthumus, le système ne dispose d’aucun pouvoir d’interdiction :
Notre système est indépendant, volontaire, et ne vise qu’à informer les parents. Nous ne sommes affiliés à aucun gouvernement ni à aucune loi. Certains pays adoptent notre label comme élément de juridiction, mais ce n’est pas notre but, bien que nous aidions les gouvernements qui en font la demande.
C’est en effet le cas des Pays-Bas, où il est impossible d’acheter un jeu dont l’âge recommandé dépasse celui de l’acheteur (à l’exception des jeunes de 16-17 ans, autorisés à acheter des jeux 18+). Au Royaume-Uni, il est également interdit depuis juin 2012 de vendre un jeu 12+, 16+ et 18+ à un acheteur plus jeune. Des précautions qui font suite à une volonté de légiférer la part des gouvernements locaux.
Soulevé de manière récurrente, la question du respect obligatoire de la norme PEGI en France est une vraie problématique : si la présence d’un avertissement semble logique pour beaucoup, au point d’être officiellement soutenue par Microsoft, Nintendo et Sony, rendre obligatoire le respect de l’âge minimum conseillé demeure dangereux pour ceux qui y voient une attaque de plus envers le jeu vidéo, les autres sources de divertissement (livres, DVD, etc.) en étant épargnées.
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