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Chronique : Bilan du TGS 2012

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Les Chroniques du Journal du Gamer invitent régulièrement des personnalités à réfléchir sur l’actualité du jeu vidéo. Cette semaine, Daniel Andreyev, journaliste, spécialiste de la culture…

Les Chroniques du Journal du Gamer invitent régulièrement des personnalités à réfléchir sur l’actualité du jeu vidéo. Cette semaine, Daniel Andreyev, journaliste, spécialiste de la culture japonaise et des comics dresse le bilan du Tokyo Game Show 2012 qui s’est achevé le week-end dernier.

Il y a comme une ironie à voir qu’un des jeux le plus marquants du Tokyo Game Show 2012 est Metal Gear Rising Revengeance. Voilà un titre annoncé il y a plus de trois ans, tombé dans les oubliettes de l’annulation de Kojima Production et qui ressurgit finalement avec l’aide de PlatinumGames, le dynamique studio du Kansai (comprendre “les Marseillais du Japon”). Après avoir utilisé Sega financièrement pour se faire une solide réputation de “yesman développeur” qui surmonte les défis, le studio quelque peu rogue termine le prochain hit de Konami avant d’enchaîner sur Bayonetta 2 sur WiiU. S’il y a bien quelqu’un qui sort vainqueur victorieux de ce TGS dit “de la déprime”, c’est bien les mecs de Platinum.

Metal Gear
featuring Raiden le néo-cyborg est beau, dynamique, presque cabotin quand il s’amuse des clichés des productions de Kojima, quand l’action ralentit pour faire place à une réflexion sur l’impact du bras robotique sur le capitalisme moderne. Tout en respectant son quota de découpages de membres, Rising Revengeance s’autorise une approche beaucoup plus subtile que ne le laissaient deviner les trailers survitaminés. Et par subtil, on entend arracher les cœurs des soldats sans se faire remarquer ou d’enchaîner les glissades / parades faces aux attaques enragées d’un léopard-robot. Comme une ode à la virilité chromée, MGRR est probablement le jeu que les fans méritaient.

Les marchands du Temple

Évidemment, il s’agit du jeu préféré de la presse, qui plus est occidentale. Car la vaste majorité des joueurs japonais qui ont fait le long déplacement jusqu’au Makuhari Messe de Tokyo lui préfèreront Monster Hunter 4. La dernière mouture de la série de Capcom qui règne souverainement sur les ventes japonaises ne change pas vraiment sa formule mais l’embellit. L’empreinte de Monster Hunter est si forte là-bas que depuis un septennat entier, chaque éditeur essaye et réessaye d’imposer son jeu “multi pour portables”. Phantasy Star Online 2 réclame sa couronne de hack’n slash originel, God Eater 2 remet ça en version PSP et Vita compatible, histoire de ne fâcher personne tandis Sony pimp son Soul Sacrifice pour en faire un challenger potable. Personne ne veut louper le prochain “MonHan” comme on l’appelle ici.

Mais la plupart des éditeurs majeurs ont quitté le hall d’entrée pour laisser la place à Gree ou encore à Gloops, les golden boys des jeux pour smartphones. Des stands surprenants, assez grands pour encourager les investisseurs, et aérés pour mieux profiter des versions attiédies de hits venus du monde de la console. On aura beau considérer ces entreprises à l’aune de leur production actuelle (c’est à dire plutôt pauvre) elles brassent tellement d’argent que la situation est appelé à durer. Bien malin ceux qui délogeront les marchands du Temple.

La WiiU en casuelle-embuscade

Alors quoi de mémorable, encore ? Certainement pas Square-Enix qui a choisi de ne montrer que des images de Dragon Quest X sur WiiU. Pour la première fois, il n y a aucun jeu jouable sur le géant japonais du RPG qui lutte une dernière fois pour boucler son délire FFXIII qui intéresse à chaque fois un peu moins de gens (FF XIII-2 a été un bide incroyable pour un épisode canonique de la saga. Les absents (Microsoft, SNK Playmore, Atlus, Irem etc) ne se sont jamais fait autant sentir. Et puis il y a les déconvenues. Après une série de gadins cuisants, Level-5 revoit ses ambitions à la baisse en alignant une série de jeux Layton, dont l’un tourne sur iOs tandis que l’autre est un cross-over avec Phoenix Wright, annoncé lui aussi depuis longtemps. L’éditeur se positionne habilement en “Nintendo jr”, avec des produits de type “Inazuma Eleven“, calibrés pour la cour de récré.
Quand à Nintendo, en baissant le prix de sa 3DS l’année dernière, le fabriquant a enterré toute velléité de concurrence pour les quelques années à venir. Au Japon, tout se (street)passe sur 3DS, ne laissant qu’une marge très réduite aux autres, y compris à sa propre WiiU. La nouvelle machine était présente sur le salon via Namco Bandai avec Tank Tank Tank et Tekken Tag Tournament 2 et un portage anecdotique de Warriors Orochi 3 par Tecmo Koei. A se demander si elle sort vraiment dans 3 mois. C’est une habitude: au Japon, Nintendo ne se déplace jamais pour montrer sa production, si ce n’est dans ses propres salons et événements. De fait, plus que jamais, c’est le TGS qui aurait besoin du fabriquant plutôt que l’inverse.

Certains jeux arrivent encore à cristalliser l’attention. Le summum du genre, c’est Ryû ga Gotoku 5 alias Yakuza 5. Avec ses trailers maboules et sa manière de mélanger un peu n’importe quoi pour en faire du “à-peu-près-Shenmue”, le crime, les filles et la pub en plus, c’est le prototype même du jeu médiatique et adulte japonais: pas flamboyant techniquement mais avec une énorme envie.

Malgré les foules qui se déplacent en masse pour les jours “publics” du show, à moins d’être mégalo, les développeurs japonais ont tous très bien compris qu’ils n’ont plus la vista en ce moment. C’est, avec un peu de retard et des plannings qui s’étalent normalement sur deux ou trois ans, le contrecoup de Fukushima. Ceux qui ne sont pas encore passés à autre chose, ceux qui bougent encore, ceux qui sont passés à des versions light de grosses licences sur Smartphones en sont bien conscients. Souvent surnommé à tort “le TGS de la déprime” qui pourrait vraiment venir si l’on ne fait rien, cette édition 2012 a plutôt été celle du reality check.

L’auteur : Daniel Andreyev (@kamuirobotics) a écrit pour les principaux magazines de jeux vidéo quand le papier n’était pas encore nostalgie. En attendant son premier roman, il continue à partager ses analyses et obsessions pop-culturelles dans ses articles pour différents sites (parmi lesquels jeuxvideo.fr) ainsi que sur son blog, affuté comme un coup de pied dans les dents.

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