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Zynga versus The World, plagiats en série

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Depuis cet été, une affaire à l’ampleur étonnante oppose Zynga à Electronic Arts : ce dernier accuse l’éditeur de jeux Facebook de copier The Sims Social…

Depuis cet été, une affaire à l’ampleur étonnante oppose Zynga à Electronic Arts : ce dernier accuse l’éditeur de jeux Facebook de copier The Sims Social avec The Ville. Cette affaire pourrait causer du tort à Zynga, EA ayant rallié beaucoup de développeurs à sa cause.

Vous avez un compte Facebook ? Si oui, Zynga ne doit pas vous être totalement inconnu : vous avez déjà dû recevoir une invitation à un de leurs jeux, si vous n’avez pas déjà passé des heures sur l’un d’entre eux. Avec des titres comme Farmville, Cityville ou encore Mafia Wars, ce jeune studio a réussi à trouver la recette du parfait petit jeu Facebook : gratuité, accessibilité, et simplicité.

Un quatrième ingrédient vient s’ajouter à tout cela : l’influence de la concurrence selon les défenseurs de l’entreprise, le plagiat pur et simple pour ses détracteurs . Zynga est constamment accusé de réutiliser à l’identique des concepts déjà existants, venant majoritairement de petits studios n’ayant pas les moyens de s’entourer d’avocats.

Mais avec la sortie récente de The Ville, ce n’est pas un obscur développeur indépendant qui s’est senti lésé. Non, ici la victime est Electronic Arts, qui va jusqu’à déposer une plainte contre l’éditeur pour plagiat.

Marc Pincus, fondateur et CEO de Zynga


You have my axe !

Resituons les faits : en Aout 2011, EA sortit The Sims Social, la version Facebook de la célèbre simulation de vie. Environ un an plus tard, en Juin 2012, arriva The Ville, le nouveau jeu de Zynga sur Facebook. Etrangement, ce nouveau jeu ressemble énormément à The Sims Social, que ce soit au niveau du concept, du gameplay, mais également de l’interface et de la direction artistique.

Ce sont ces similitudes qui ont poussé EA à porter plainte contre Zynga pour plagiat début Aout. Un combat débuta ainsi entre les deux sociétés, qui ont commencé à se provoquer mutuellement par déclarations interposés : Frank Gibeau, un des dirigeants d’EA, a ainsi comparé le départ des fondateurs de Zynga à la crise syrienne. Vous aussi vous sentez cette légendaire finesse caractéristique de l’éditeur ?

Mais malgré les polémiques l’entourant et son image de moins en moins bonne auprès des joueurs, EA a réussi à rassembler autour de lui de nombreux petits studios en se positionnant explicitement contre le système Zynga. L’exemple le plus médiatique est celui de Nimblebit : après avoir  « remercié » les développeurs de Zynga de s’inspirer de leurs jeux en janvier dernier (devenant ainsi l’un des seuls studios à se dresser contre Zynga), ils ont publiquement soutenu Electronic Arts, qui leur a retourné la faveur. L’éditeur déclare d’ailleurs que les soutiens anonymes d’autres studios sont très nombreux : s’il est impossible de vérifier ces informations, elles n’en restent pas moins crédibles tant les développeurs copiés par Zynga sont nombreux.

Tiny Tower, le jeu de Nimblebit copié par Zynga

 

Souvent copieur, jamais à la hauteur

Si on regarde de plus près la plainte déposée par Electronic Arts, il n’y est pas fait mention de gameplay, mais uniquement de “choix relatifs au design, aux animations, aux arrangements visuels, aux mouvements et actions des personnages”. Pourquoi s’attaquer uniquement à certaines composantes des titres de Zynga, et pas à tous ?

Le plagiat dans le monde du jeu vidéo est une question extrêmement délicate, en raison du statut bâtard de ce média qui en rassemble plusieurs autres (la musique, les arts graphiques…). En France, le jeu vidéo était auparavant relié aux logiciels informatiques, il est désormais considéré comme un hybride : selon un arrêt de la cour de cassation datant de 2009, le jeu vidéo ne peut être réduit à sa seule dimension informatique, et chacune de ses composantes est soumise au régime qui lui est applicable. A cela viennent s’ajouter les règles relatives aux droits d’auteur, protégeant les œuvres de l’esprit mais pas les concepts : par exemple, le design d’un personnage est protégé par le droit d’auteur car c’est un élément concret d’un jeu vidéo, mais le gameplay peut être repompé par n’importe qui (car c’est un concept, quelque chose d’immatériel).

Concrètement, on peut utiliser la mécanique de saut dans un jeu, mais il faut créer une animation pour cela. En accusant Zynga de plagier les éléments matériels (comme le graphisme) de son propre jeu, EA fait en sorte que sa plainte soit recevable et puisse aboutir à d’éventuelles sanctions (les lois françaises et américaines sont relativement proches dans ce domaine). 

Une comparaison entre The Sims Social et The Ville

 

L’affaire Zynga/Electronic Arts ne fait que commencer, et promet de durer des mois, si ce n’est plus. Zynga est enfin sortit de son silence il y a quelques jours, et accusa à son tour EA de plagiat : le futur Sim City Social ressemblerait un peu trop à City Ville !

Le verdict, s’il y en a un, pourrait créer une jurisprudence et définir quelles sont les conditions pour que le plagiat d’un jeu vidéo soit reconnu. Et s’il est impossible d’en prédire les conséquences, nous sommes tout de même en droit de nous inquiéter : le jeu vidéo, comme tous les médias, évolue en s’appuyant sur les travaux déjà créé : Il ne faudrait pas que la protection des œuvres se fasse au détriment de la création.

 

Pour aller plus loin :
La plainte d’EA à l’encontre de Zynga
Les vidéos utilisées par EA pour soutenir leurs accusations
Un mémoire sur les droits d’auteur et les jeux vidéo (un des seuls travaux universitaires sur ce sujet)
Un article d’Owni sur Zynga et le plagiat

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