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Culture G(eek) : le light novel, manga sans image…

Des romans extrêmement succins, des intrigues à peine ébauchées et des situations tirées du manuel du bon petit mangaka… Le light novel, ce format de roman…

Des romans extrêmement succins, des intrigues à peine ébauchées et des situations tirées du manuel du bon petit mangaka… Le light novel, ce format de roman venu du Japon porte décidément bien son nom. Phénomène de société incontournable, il est devenu en quelques années une des principales sources d’inspiration des éditeurs de manga et de dessins animés japonais (Suzumiya Haruhi ou le grand classique de l’animation Slayers, sont des adaptations de light novel). Il peine néanmoins à s’imposer en France, pourtant un marché ultra-favorable à la culture populaire japonaise. Alors que le deuxième volume de Library Wars (gros succès au Japon avec près de 1,5 millions d’exemplaires vendus) sort chez Glénat ce mois-ci, voyons un peu ses forces, et de ses faiblesses…

// Le light novel, c’est super cliché

Dans le cas de Library Wars, il s’agit d’un roman d’anticipation. Dans un Japon moderne, la Loi d’Amélioration des Média permet à des fanatiques ultra conservateurs de mener une chasse aux livres dans tout le pays. Les seuls asiles pour les écrits condamnés sont les bibliothèques municipales qui se sont organisées en groupes armés et entraînés à réagir à toute forme d’agression de la part du gouvernement. C’est dans ce contexte que l’on suit la formation d’Iku, une jeune recrue plein de fougue au cœur romantique… On se situe là plutôt dans le genre de la “tranche de vie”, saupoudrée d’une vague intrigue amoureuse à base de prince charmant oublié, et de quelques intrigues politiques ou militaires. Effectivement, à la lecture des différents chapitres du roman, on se croirait face à un synopsis pour un shojo manga. Tous les codes du genre sont présents : quiproquos, dialogues humoristiques, situations “types” : le chevalier au secours de sa bien-aimée, le rapport de force avec le camarade trop zélé, la visite des parents, il ne manquait plus que l’épisode de la fièvre qui fait rougir le héros. Mais il reste encore deux volumes à paraître, rien n’est perdu ! Les personnages eux-même font invariablement penser à des héros déjà connus : il y a la grande jeune fille énergique, pas très douée mais au cœur pur, la beauté manipulatrice aux répliques classes, le héros fougueux et distant qui l’aime de loin, le supérieur placide prêt à se moquer de ses semblables… Et étonnamment, ça fonctionne. On se surprend à visualiser la scène assez précisément. Et tous les personnages arborent de grands yeux et des petites bouches, bien sûr.

En version roman…

 

// Le light novel, c’est super court

Le ton est léger, le style épuré. L’intrigue avance extrêmement vite. On termine le roman en une poignée d’heures, avec la désagréable impression que l’histoire n’a pas été conclue (sans mauvais esprit, cette rubrique est tous publics !). Il faut dire que la sérialisation rend parfois les épisodes un peu anecdotiques. Car au Japon, les light novel sont publiés sous forme de feuilletons, comme les mangas ! L’intrigue est donc divisée en courts chapitres au rythme bien calibré : statu quo, élément perturbateur, résolution… Et les écrits les plus populaires font l’objet de parution sous format relié, comme pour les mangas. C’est ainsi que certaines collections de ces “romans” peuvent atteindre une taille raisonnable (les Douze Royaumes, six romans disponibles aux éditions Milan dans leur petit format d’origine) à respectable (un vingtaine de romans pour Shakugan no Shana, parfois plus…). Alors forcément, on a un peu l’impression de se retrouver face à de la littérature jetable. Autant vous dire que les tarifs pratiqués par les quelques éditeurs français qui s’y sont essayés sont bien loin de ceux des mangas. En fait, ils sont commercialisés comme des romans classiques, et si le ratio argent/temps vous inquiète, vous risquez d’être déçus. Pour autant, la lecture extrêmement aisée de ces textes, ainsi que l’immédiateté du plaisir procuré en font de vrais moments de détente.

…En version manga…

 

// Le light novel, c’est une arnaque ?

La lecture, certes agréable mais extrêmement courte de Library Wars laisse sur sa faim. L’obligation d’attendre plusieurs mois avant de connaître la suite de l’histoire donne la désagréable impression de se retrouver face à un manga qui n’en est pas un. On serait tenté de se rabattre sur le manga, justement, tiré de l’œuvre, et disponible aussi chez Glénat. L’adaptation, extrêmement fidèle, permet de revivre à l’identique les événements des premiers volumes. Tout juste ajoute-t-elle des visages aux personnages qu’on avait imaginés… Honnêtement, l’expérience est déstabilisante. Pour un lecteur un tant soit peu exigeant, la qualité littéraire du light novel est inexistante. On a clairement l’impression de se retrouver face à un sous-produit culturel, sorte de passage obligé pour les scénaristes de manga qui ne savent pas dessiner. Un pari en quelque sorte, pour se faire remarquer. Pourtant, il faut avouer que certains amateurs de manga pourraient bien y trouver du plaisir, dans la liberté que son absence de descriptions offre à l’imaginaire. En revanche, les tarifs pratiqués par les éditeurs français, plus proches de ceux de la littérature classique que des manga, laissent perplexe. Presque 15€ pour une lecture somme toute assez primaire et de maigre qualité, c’est toujours plus qu’un roman de gare en format poche…

… Et en anime !

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13 commentaires
  1. Au début de la lecture de l’article j’arrivai pas à comprendre ce que c’était, je crois que le mot “manga” m’as embrouillé, mais en fait c’est juste des séries de nouvelles ? ca a rien à voir avec le manga si ce n’est que c’est japonais.

    En tout cas je savais pas que ca se faisait comme ca, aujourd’hui, au japon.
    Je trouve pas ca nouveau, ca ressemble beaucoup à ce que faisais, parmis plein d’autres, Robert E. Howard avec Conan et compagnie

  2. En même temps le succès commercial ça n’a souvent aucun lien avec la qualité réelle du livre et c’est même valable pour a peu près tout oeuvre culturelle.
    Personnellement je ne lis que Suzumiya Haruhi no Yuutsu, et sans atteindre les sommets au niveau du style littéraire, on a une histoire d’une rare qualité, complexe et avec du fond. D’ailleurs avant que les premiers épisodes ne soient diffusés le light novel était resté complètement anonyme, complètement méconnu.

    Ensuite, oui forcément comme ces livres sont faits pour être vendus aux jeunes, on a le droit à tout plein d’histoires préformatées…

  3. Merci de me faire découvrir le genre, je ne connaissais pas du tout. Après, je pense que ce n’est absolument pas fait pour moi : je râle déjà quand un bouquin de 500 pages est écrit trop gros avec des grandes marges, parce que ça me laisse sur ma faim et que ça se finit trop vite (au hasard, tiens, le tome 1 d’Autremonde, de Maxime Chattam, pour ne pas le citer… génial mais trop court! Les tomes 2 et 3, ça va, il s’est rattrapé, on en a pour notre argent), alors j’imagine un livre à 15€ qui se lit en quelques heures… surtout que je lis vite. Dommage, et je doute que je puisse trouver ça en bibliothèque, sinon, là, ça m’aurait intéressée ! 😛 Merci pour la chronique en tout cas !

  4. Oula, voilà un article sacrément critique voir lapidaire.
    Certes, les light novels sont courtes et pas forcément aussi policée qu’un roman lu et relu par des dizaines de correcteurs.

    Mais de là à traiter ça de sous-produit de culture sans qualité littéraire ?!
    Grand amateur de livres, j’ai dévoré avec grand plaisir plusieurs light novels.
    Si l’histoire est courte, le scénario est condensé : il y a une histoire, et souvent une bonne, et l’auteur ne perd pas son temps en délayant au maximum. Combien de “vrais” romans de 400 pages auraient pu être écrits en 200 ?
    Le light novel, c’est l’inverse : l’auteur aurait facilement pu en faire 100 pages, il n’en a fait que 50.

    Le scénario en lui-même, comme pour tous les livres, varie beaucoup d’une histoire à l’autre.
    Certes, beaucoup de light novels ont un scénario digne d’un “roman de gare”, mais d’autres disposent d’une histoire vraiment digne d’intérêt.
    Je pense par exemple à Full Metal Panic, qui loin du ton très léger de la majorité de l’anime dispose d’une histoire très noire, ou encore de Haruhi Suzumiya, véritable ovni tel qu’on aimerait en voir plus souvent.

    Quant au style et aux qualités littéraires, je me demande à quel point les traductions françaises, généralement minables voire incorrecte même pour les animes et manga, sont à blamer. Je n’ai lu des light novels qu’en anglais, traduit par des fans prenant souvent le temps de faire du bien meilleur travail que les traducteurs professionnels surchargés des éditeurs, et le style n’était vraiment pas désagréable.

    Dans l’ensemble, le light novel est un style littéraire rafraichissant qui va à l’essentiel, et n’a pas les prétentions pompeuses de ceux qui prétendent écrire de la grande littérature.
    Tout le monde n’a pas l’égo de se prendre pour Proust, certains se contentent d’écrire des histoires intéressantes; ce n’est pas une raison pour les prendre autant de haut.

  5. #Tweedeldee : “Tout le monde n’a pas l’égo de se prendre pour Proust, certains se contentent d’écrire des histoires intéressantes; ce n’est pas une raison pour les prendre autant de haut.”

    Au prix vendu, si.

  6. Critiquer les light novels dans leur ensemble en appliquant un vue purement française est, au mieux, totalement biaisé par la politique commerciale des éditeurs.

    J’ai pris l’habitude d’essayer de juger les oeuvres dans leur contexte originel. Le prix de vente en France et la qualité de la traduction est, à mon avis du moins, à mettre dans une catégorie entièrement à part, de la même façon qu’on ne va pas critiquer une musique elle-même parce qu’elle est revendue hors de prix dans un encodage archi pourri.

    De même, l’ensemble de l’article détaille UN light novel, Library Wars, mais étendant les conclusions à TOUS les light novels.
    Pourquoi ne pas juger tous les livres sur la base d’un Twilight, ou tous les mangas sur la base d’un Naruto, juste parce que ces oeuvres ont obtenu un gros succès ?

    Bref, autant un tel article part d’une très bonne idée et d’une volonté de faire découvrir que je soutiens entièrement, autant il faudrait faire la part des choses et éviter les amalgames en tous genres.

  7. Euh, je n’ai pas lu Library Wars mais j’ai lu les 12 Royaumes (7€ à 10€ le tome environ avec une excellente traduction) et d’autres… et cette généralisation à partir d’un seul exemple est totalement fausse. Les light novel tous comme les mangas disposent d’une offre variée et s’adressent à des tranches de publics précis (d’où la publication dans un magazine).
    Bref comme dit plus haut c’est comme limiter un genre à une œuvre regroupant tous les clichés possibles.

  8. 50 pages pour 10 € = 5 pages pour 1 € ! Le meilleur comme le pire peuvent se côtoyer mais comme l’a indiqué RJ, les 12 Royaumes est la meilleure affaire dans la catégorie !

  9. Certaines remarques sont pertinentes. J’irai jeter un œil à une traduction de full metal panic.
    En revanche, on ne peut pas laisser de côté le tarif et les choix éditoriaux pratiqués par les éditeurs français, ce serait aberrant ! Je rappelle que l’article n’étudie par les light novel à travers le prisme de la culture japonaise, mais française. Nuance.

    Autre point, Les Douze Royaumes c’est aussi mal écrit que Library Wars. Et ça ne m’a pas empêché de les acheter… Et de les apprécier ! Et c’est sur ce point que je tiens à insister : on peut tout à fait apprécier un produit considéré comme “au rabais” (vous noterez les guillemets, avant de me lapider^^), mais avec objectivité. Qui ne s’est pas régalé du plaisir coupable qu’est Transformers ? On est pourtant tous ok pour dire que c’est un blockbuster pas très intello, parfait pour se détendre, non ? Bah les light novel, c’est pareil en bouquin. Quoi qu’en disent leurs défenseurs. Et si je n’ai pas lu l’intégralité de l’offre française, j’en ai parcouru plusieurs, et je me suis renseignée auprès de contacts dans l’édition. Croyez-moi, leur discours est parfois plus critique que le mien !

    Mais je vous accorde qu’on effleure là un débat assez intéressant entre culture ou sous-culture…

  10. Il ne faut pas laisser de coté la traitement et les tarifs français, tout à fait d’accord là dessus. Mais j’aurais préféré voir ça dans une partie à part, plutôt qu’entrelacé tout au long de l’article.

    Cela dit, loin de vouloir m’acharner contre l’auteur de cet article qui somme toute est plutôt bien fait, je suis contre cette forme d’élitisme qui consiste à différencier “les bouquins” et “la littérature”… J’ai surement passé trop de temps avec des professeurs pour qui tout auteur vivant ou mort depuis moins de 100 ans n’est même pas digne d’être nommé. On érige souvent Molière comme grand auteur : pourtant, la plupart de ses pièces sont du niveau pipi-caca-popo, bastonnade du riche et autres archi-clichés.

    Si les farces populaires voir populistes de Molière sont un des piliers de la culture française, je peux difficilement laisser les light novels être qualifiées de sous-produit de culture. :mrgreen:

  11. Une petite question, qui êtes vous pour porter des jugements lapidaire et totalement subjectif en vérité général ? Si vous me répondiez H.P Lovecraft ou Bram Stocker, je n’aurais qu’a me taire.Vous ne pouvez juger l’ensemble des Light Novel de cette manière, ce généralisme est infondé. Vous semblez oublier qu’un Light Novel n’est pas un roman français, mais une oeuvre artistiquement et économiquement créé pour un publique Japonais. Les standards Japonais sont différent. Il y a aussi de bon Light Novel, comme de mauvais. Si vous voulait lire un sublime pavé compacte à l’intrigue longue et lente, je vous conseil un Balzac, vous serrez surement charmé par la verbe du maître ainsi que par sa capacité à susciter l’ennui le plus total (Fallait-il autant de page pour décrire Fougère dans les Chouans ?). Il faut savoir qu’un Light Novel est une oeuvre de pure divertissement (Ce qui tend à se faire rare, alors qu’il s’agit de quelque chose de fondamental), néanmoins, il ne s’agit pas forcément de divertissement de qualité inférieur. Lisez Spice and Wolf (Si vous maîtrisez l’Anglais), vous verrez que Light Novel peut très facilement rimer avec talent. En plus du divertissement, les Light Novel peuvent inclure comme tout autre oeuvre, de profonde réflexion. Et puis, se débrancher de la réalité avec un récite agréable n’est-il pas important ? Je conçois qu’il faille aimer les mangas et l’animation japonaise en général pour apprécier pleinement la lecture d’un Light Novel. Si ce n’est pas votre cas, vous auriez pu passer votre chemin sans problème.
    De manière générale, on ne dit pas : “C’est nul” mais, “Je n’aime pas”. Comprenez la nuance.

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