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Culture G(eek) : Du jeu, de l’art, du fun ?

Alors, ce Jeu Vidéo, c’est de l’art, ou toujours pas ? Alors que les amoureux du genre se disputent encore sur cette question, deux expositions rendent…

Alors, ce Jeu Vidéo, c’est de l’art, ou toujours pas ? Alors que les amoureux du genre se disputent encore sur cette question, deux expositions rendent aujourd’hui hommage à la richesse de la création vidéo ludique. Le tout nouvel espace Arludik du cinéma MK2 Bibliothèque à Paris célèbre la sortie de Dead Space 2, tandis que le Festival (é)mergences de Valence rend hommage à la création arcade et indépendante. Deux scénographies, deux points de vue, deux sorties pour répondre peut-être à cette question.

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// (é)toiles…

C’est ce que l’on appelle dans le jargon un jeu AAA, soit l’équivalent du blockbuster hollywoodien. Dead Space 2, la suite du jeu d’horreur qui prenait place dans l’espace (“personne ne vous entendra crier”), s’offre un lancement très glamour-culture. Une série de vidéo “making of” met en scène le réalisateur français Louis Leterrier, bien connu pour ses films justement très hollywoodiens (l’excellent Hulk avec Edward Norton, quelle bonne idée, et le terrifiant Choc des Titans avec Sam Worthington en jupette, quelle mauvaise idée). Le résultat, très court, manque un peu de sex appeal mais pas de clarté. D’autre part, la galerie ArLudik dont nous avions déjà parlé –ici– et –expose une série de dessins préparatoires ainsi que des toiles numériques signées du directeur artistique du jeu, Ian Milham. En terme d’image de marque, on peu dire qu’Electronic Arts a assuré ; une galerie réputée, c’est la première à Paris à mettre en avant toute la création populaire (cinéma, jeux vidéo, dessins animés ou encore bande dessinée), dans un lieu très connoté culture, le MK2 Bibliothèque abritait déjà un espace librairie, et la chaîne est connue pour sa programmation un poil plus élitiste que ses concurrents. Pourtant, si l’on apprécie le talent indéniable et la beauté de ces planches, le tout manque un peu d’interactivité.

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//Art(cade)

Une expérience sensorielle globale, c’est justement ce que tente de proposer l’exposition itinérante Arcade ! Jeux Vidéo ou Pop Art ? Après la banlieue parisienne, les bornes rétro-futuristes se posent à Lux Scène Nationale à Valence. Six jeux choisis pour leurs qualités ludiques, graphiques psychédéliques, et musicales (très électro) : Osmos, Space Giraffe, Audiosurf, Geometry Wars Retro Evolved 2, Super Laser Racer et le culte Rez s’affichent en plein écran et attendent que les visiteurs curieux s’essayent à les prendre en main. Dans ce lieu plongé dans l’obscurité le joueur s’immerge totalement dans l’expérience vidéo ludique. Ici, il faut jouer pour appréhender dans toute sa démesure la richesse de ces jeux d’arcade, d’abord un support technologique puis un genre. Qui fait la part belle à l’adresse et aux réflexes. Et puis viennent les questions : pourquoi ceux-là et pas d’autres, pourquoi sur grand écran, pourquoi debout face à une borne, pourquoi pas de texte, pourquoi pas de discours ? Dans cette expo, la découverte du jeu vidéo se fait exclusivement à travers son gameplay.

JdG_arcade

//(Quest)ion ?

La sortie d’un jeu vidéo dernière génération appuyée par une démarche artistique classique. Des titres indépendants mis en scène dans une salle d’arcade gratuite. Ces deux visions très différentes de la scénographie démontrent la difficulté d’exposer le jeu vidéo. Faut-il l’anoblir au risque de le figer dans un classicisme réducteur, ou bien le rabaisser à son rang de simple divertissement tout en magnifiant l’expérience du jeu ? Les dessins exécutés à la perfection et les toiles numériques signées à la main témoignent-ils d’un bagage artistique plus légitime que les pixels colorés projetés sur les aspérités d’un mur presque blanc ? Y-a-t-il vraiment une bonne ou une mauvaise manière de présenter le Jeu Vidéo, cette pratique, cette création, cette culture, au grand public ? Rien n’est moins sûr. Mais à l’image de ce marché extrêmement varié, on pourra trouver d’innombrables façons de le mettre en scène. Comme s’il pouvait devenir à son tour source de créativité, débarrassé de sa honte vis-à-vis des arts nobles…

–> Exposition Dead Space 2 – du 18 Janvier au 28 Février 2011.
Espace ArtLudik Sketches, Mk2 Bibliothèque, 128/162 avenue de France 75013 Paris – les vendredi, samedi et dimanche après-midi, accès gratuit.
–> Arcade ! Jeux Vidéo ou Pop Art ? – du 18 janvier au 5 mars 2011.
Lux Scène Nationale, 36 Boulevard du Général de Gaulle 26000 Valence – accès gratuit.

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20 commentaires
  1. aucune hésitation. Le jeu vidéo, c’est de la création, c’est du dessin, c’est de la 3D, c’est de la musique, c’est un univers entier. C’est un art. Après y’a du bon et du mauvais, mais avec ce qu’on sait faire maintenant, certain jeu son des oeuvres!

  2. Hop, je m’invite dans les commentaires pour répondre / compléter quelques petits éléments.
    Concernant l’expo Arcade il n’y a effectivement pas de textes dans l’exposition dans le sens où on l’attend/entend généralement, c’est à dire : les cartels. Cependant, si les commandes et les jeux ne sont pas expliqués dans la salle, c’est qu’un médiateur est là pour le faire à l’oral, et discuter avec chaque visiteur des jeux, de l’expérience, et du discours de l’exposition. (Qui peut être déjà présent implicitement : les jeux vidéo sont exposés dans la galerie d’une scène nationale 🙂 ).
    Je reviens de deux jours à Valence où j’ai fait pas mal de visites, et je suis agréablement étonnée par la curiosité des gens, qui nous demandent toujours d’expliquer le choix des jeux, les bornes etc… J’ai été médiatrice sur différentes expo d’art contemporain, et je trouve qu’ici, il se passe quelque chose de différent, car l’expo force le médiateur à ne pas faire une visite guidée type “conférence” : on explique le propos, on explique les jeux, on joue un peu, on passe la main, tout ce que l’on dit et ce que l’on échange se construit avec la personne que l’on a en face de nous, dépend de son expérience des jeux… Et même pour nous, c’est hyper enrichissant =)
    Le visiteur repart aussi avec le fascicule de l’exposition, qui contient la note d’intention, ainsi que d’autres textes (et les présentations des jeux), et le lien vers le site de l’exposition, que l’on a vraiment voulu concevoir comme un outil de médiation qui peut compléter la visite =)

    Bref, le discours et les textes ne sont pas mis en scène comme c’est le cas dans une expo classique, mais ils sont là. 🙂

  3. Le jeux vidéo n’est pas un Art.
    C’est plusieurs arts combinés. J’ai deux exemple qui me frappe et qui aurait mérité d’être mentionné dans une chronique comme ça.

    Nabuo Uematsu & Yoshitaka Amano.

  4. J’ai du mal à te comprendre NB… Tu dis que le jeu vidéo est un ensemble d’arts différents… Donc pour moi c’est art aussi alors ^^

    Personnellement, je pense que l’on peut parler d’art, du moment qu’il y a création. ça va du jeu vidéo au design de petite cuillère.

    Le jeu vidéo est clairement un art : graphisme, musique, parfois digne d’un film, etc…

  5. /Mode relou/ on
    @Nocolkte,
    Créer une petite cuillère n’est pas un art. Pas dans son sens premier, du terme. Cela relève à la rigueur de l’artisanat, puisqu’effectivement il y a création d’un objet qui a une fin en soi ( i.e. manger des danettes).
    Sujet épineux : le jeux vidéo a a priori une fin bien défini, nous divertir. Le simple fait qu’il ait une fin pourrait nous amener à penser que ce n’est pas de l’art. D’ailleurs, dans ces expositions, on joue moins qu’on ne contemple. On n’a donc détourné le rôle premier du jeu vidéo, de manière à pouvoir en faire une exposition, comme on exposerait un tableau. Ce n’est donc plus un jeu vidéo.
    En réalité on assiste à l’exposition des œuvres d’artistes explorant de nouveaux horizons, grâce au numérique, des artistes qui se prostituent vidéoludiquement pour gagner leur vie. Le Jeu vidéo ? Un art ? Une perversion de ce dernier estampillé “capitalisme” !
    /mode relou/ off

    Mouahah… hm… sinon, je considère les Metal Gear Solid comme de pures chef-d’œuvres, parce que certains jeux vidéos rivalisent également avec le cinéma, en ce qui concerne les scenarii.

  6. L’expo Arcade à Valence est comprise dans un festival qui dure toute la semaine (jusqu’au 23). Et faut préciser qu’en plus de l’expo Arcade il y a des conf, un game contest, de la dance, des performances, des démo techniques, etc. Bref un sacré bouillonnement pour tenter d’expliquer en quoi le jeu vidéo est un art à part entière et pas seulement le croisement de plusieurs arts déjà revendiqués comme tel.

    @moossye: c’est moi qui m’occupe de la médiation maintenant. ahah! on va rigoler.

  7. @taez “on joue plus qu’on ne contemple”, pas forcément. Enfin, je pense que ça dépend des expositions, mais pour Arcade, je ne pense pas que ce soit le cas, le centre de l’expo ce sont des jeux et des bornes d’arcade, et il y a une grosse réflexion sur l’expérience de jeu en elle même, pas sur un “simple” aspect esthétique… En tout cas le visiteur qui pendant le vernissage est resté devant REZ jusqu’à finir toutes les aires à 100% n’a pas fait que contempler 😀
    Au contraire d’un accrochage ou tu montres des tableaux, le dispositif est plus complexe et la relation avec le spectateur est différente, il n’est pas mobilisé de la même manière.

    (et puis je ne m’étendrais pas sur la définition de “Art” mais on ne peux pas dire que ce soit un domaine ou il existe une définition unique et figée… et encore heureux !)

    @Grandlap t’as intérêt à t’entrainer à Geometry Wars.

  8. @Taez : le problème c’est qu’on revient toujours à la même question : c’est quoi l’art? Un débat dont on peut difficilement s’en sortir.
    “Créer une petite cuillère n’est pas un art. Pas dans son sens premier, du terme.” ça c’est ton avis 😉 Mais pas une vérité générale. Pour toi, un objet qui a une “fin”, n’est pas de l’art (?). Je peux te citer pas mal d’installations qui sont considérées par pas mal de professionnels comme de l’art, mais qui ont une fin. Et un objet d’art en lui même n’a t-il pas une fin? Nous divertir en un sens, habiller un mur, etc…
    Dans ce genre de débat, on peut seulement donner son avis et difficilement faire des vérités générales (comme tu as un peu fait sans vouloir te vexer).

  9. Je réfléchis afin de donner mon avis et, comme a écrit nocolkte, la même question me revient toujours : “qu’est-ce que l’art ?”. À mon avis, chacun définit lui même ce que signifie ce dernier. Pour moi, un jeu vidéo est de l’art tout simplement parce-que, selon moi, dès qu’il y a création “réfléchie “, il en ressort de l’art.

  10. Wouhou on parle de ma ville dans le journal du geek !
    Bon au niveau de l’art c’est maintenant tellement subjectif que je sais pas si on peut qualifier les Jeux vidéos D’art …..

  11. Le jeux vidéo est a la fois un art et une forme de compétition , il est à l ‘ égal du Cinéma et de la bande dessiné ( comics et manga inclus bien évidemment ) , le soucis est que notre gouvernement méprise le jeu vidéo , l ‘ écosystème de celui ci , par extension nous les geeks

  12. @Tom15: Pas seulement, Amano est un véritable artiste qui a beaucoup apporté à la série Final Fantasy mais pas que ça, ses toiles ont fait le tour du monde dans divers musée. Uematsu a composé la plus part des musique Final Fantasy, son meilleur cru étant celui de FFVIII, simplement extraordinaire,une oeuvre d’art 8)

  13. Pour moi un jeu vidéo peut être élevé au rang de l’art, quand les mains qui le confectionne arrivent de par leurs habilités, leurs approches, leurs maîtrises etc à modeler quelque chose qui s’élève au dessus de ce qui existe, de ce que l’on connais, ou de ce que l’on s’attend à trouver, pour moi c’est cela qui génère l’émotion.

  14. Magnifique !

    Le 1er était une tueurie. Perso j’y es vue un grand coup de pied au cul de Capcom et son très mauvais RE5, du coup le 2 c’est Day One en collector sur PC 😀

    Vivement sa sortie 🙂

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