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Un incroyable cousin du Triceratops découvert aux États-Unis

Cet dinosaure aux cornes impressionnantes, baptisé en hommage à un super-héros Marvel, aide déjà les chercheurs à mieux comprendre les mécanismes évolutifs de la fin du Crétacé.

L’illustre Triceratops est sans aucun doute le plus célèbre des dinosaures à cornes, et aux côtés de quelques autres reptiles iconiques comme le fameux tyrannosaure, il fait partie des rares espèces immédiatement reconnaissables par le grand public. Mais il va désormais devoir s’habituer à la concurrence d’un autre bestiau à la coiffe tout aussi impressionnante : dites bonjour au Lokiceratops rangiformis, un tout nouveau dinosaure découvert dans le nord du Montana en 2019 et présenté tout récemment dans une étude.

Comme le Triceratops, il appartient à la famille des cératopsidés, des quadrupèdes herbivores dotés de collerettes osseuses et surtout de cornes impressionnantes. En l’occurrence, celui-ci dispose de deux cornes frontales menaçantes, de deux petites cornes asymétriques situées au-dessus de sa collerette, et surtout de deux grandes cornes incurvées de part et d’autre de ces dernières. Les paléontologues qui l’ont découvert y ont vu une certaine ressemblance avec le couvre-chef de Loki — pas le dieu de la mythologie nordique, mais le super-héros de Marvel campé par Tom Hiddleston.

Crâne Lokiceratops
© Musée de l’Évolution de Maribo, Danemark

« Ce nouveau dinosaure repousse les limites de la bizarrerie dans le domaine des couvre-chefs cératopsiens, avec les plus grandes cornes striées jamais vues chez un cératopsien », explique Joseph Sertich, paléontologue à l’Institut de recherche tropical Smithsonian.

Si cet attirail intéresse autant les chercheurs, ce n’est pas seulement parce qu’il est visuellement très impressionnant. En effet, la forme, la taille et la disposition des cornes sont autant d’indices qui permettent aux spécialistes de mieux comprendre les fonctions de ces appendices, et par extension, leur rôle dans la sélection naturelle qui s’opérait à cette époque. « Ces ornements sont une des clés qui permettent de comprendre la diversité des dinosaures cornus », indique Sertich.

En l’occurrence, les découvreurs de Lokiceratops estiment que cette drôle de couronne avait surtout un rôle social et reproductif, un peu comme les plumes particulières qui ornent de nombreuses espèces d’oiseaux.

Une fenêtre sur l’évolution du Crétacé

Au-delà de sa couronne, il se distingue aussi par sa taille impressionnante. Les chercheurs estiment que leur spécimen mesurait environ 6,7 mètres de long, dont deux mètres rien que pour le crâne, et qu’il pesait environ 5 tonnes — à peu près autant qu’un éléphant adulte. Cela reste un petit peu plus petit que  Triceratops , qui pouvait atteindre 9 mètres de long pour 7 tonnes. Mais ces deux espèces ne se sont jamais croisées. En effet, la star de Jurassic Park a émergé environ 10 millions d’années après Lokiceratops, qui a vécu il y a environ 78 millions d’années. Mais il était significativement plus grand et plus lourd que ses contemporains.

Il s’agit d’ailleurs d’un détail qui pourrait sembler anecdotique, mais qui intéresse énormément les chercheurs. En effet, les modèles évolutifs du Crétacé suggéraient initialement que seules deux espèces de dinosaures cornus pouvaient coexister au même moment et au même endroit. Mais la découverte du Lokiceratops a enfoncé un nouveau clou dans le cercueil de cette théorie. Selon les auteurs, on en compte désormais cinq espèces qui arpentaient l’ancien continent de Laramidia à cette époque.

4 Image5 Centrosaur Portraits By Fabrizio Lavezzi
© Fabrizio Lavezzi – Evolutionsmuseet, Knuthenborg

Selon les auteurs, cette diversité est probablement liée à la relative isolation des cératopsidés dans la zone. En effet, les célèbres travaux de Darwin aux Galapagos ont montré qu’un tel cloisonnement peut conduire à un phénomène de spéciation très rapide ; les dinosaures cornus ont probablement suivi une trajectoire évolutive comparable à celle des fameux pinsons décrits par le naturaliste. Il est donc tout à fait possible que les paléontologues finissent par découvrir d’autres espèces spectaculaires de ce genre d’ici quelques années.

Le texte de l’étude est disponible ici.

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