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Blocage massif de sites pornos en Inde

Lundi, l’Inde, troisième pays du monde en matière d’internautes, a ordonné le blocage de centaines de sites internet qualifiés de pornographiques. Cette décision a déclenché un…

Lundi, l’Inde, troisième pays du monde en matière d’internautes, a ordonné le blocage de centaines de sites internet qualifiés de pornographiques. Cette décision a déclenché un tollé outrepassant une décision de la Cour Suprême.

Khajuraho - the origin of Kama Sutra
Khajuraho – the origin of Kama Sutra

Sous couvert de lutte contre la pédopornographie, les autorités indiennes ont ordonné le blocage de 857 sites jugés « répréhensibles ». Les internautes voulant se rendre sur ces sites trouvent désormais page blanche et la mention : « L’URL demandée a été bloquée en vertu des instructions reçues par le Département des télécommunications, gouvernement de l’Inde. »

« Nous avons écrit aux fournisseurs d’accès à internet pour leur demander de couper l’accès libre et gratuit aux sites répréhensibles », a ainsi confirmé le porte-parole du ministère des Télécommunications, N.N. Kaul.

Les FAI ont été mis à contribution et n’ont d’autre choix que d’obéir à l’avis reçu par le ministère des Télécommunications s’ils ne veulent pas être tenus responsables du contenu diffusé. Comme le rapporte Daniesh Chandran, l’un des responsables d’Asianet Satellite Communication au New York Times : « C’est une simple lettre avec des instructions pour bloquer les sites précités. Le gouvernement ne nous a donné aucune explication sur les raisons de ce blocage. Et les FAI n’ont pas beaucoup d’autres choix que de s’y conformer. »

Cette décision a suscité un tollé, aussi bien du côté des internautes et intellectuels indiens – auteurs ou éditorialistes – que des politiciens, le hashtag #Pornban devenant vite le plus discuté du pays sur Twitter.
Ils dénoncent pêle-mêle, une censure morale, ironique dans « la plus grande démocratie du monde » et berceau du Kâmasûtra, et un affront fait à la Cour suprême qui a émis un avis contraire le 8 juillet dernier. La Cour estimant qu’en vertu de l’article 21 de la Constitution une telle mesure irait à l’encontre du droit à la liberté individuelle. Chaque indien majeur doit pouvoir consulter le contenu qu’il souhaite dans un cadre privé.


« N’interdisez pas le porno. Interdisez les hommes qui reluquent, qui matent, qui se frottent, qui tripotent, qui importunent, qui agressent, qui humilient et violent les femmes. Interdisez (les rapports) sans consentement. Mais pas le sexe », a tweeté l’auteur populaire Chetan Bhagat.

Le député d’opposition s’est quant à lui interrogé sur le fait que « la dernière interdiction n’est pas à propos d’aimer ou non le porno. C’est sur le gouvernement qui s’attaque aux libertés individuelles. Qu’est-ce qu’ils vont interdire après, les téléphones et les télés ? ».


« Si le Kama Sutra était écrit aujourd’hui, il serait interdit. Si Ajanta ou Khajuraho étaient construits aujourd’hui, le gouvernement enverrait les bulldozers. »

Saisi par un avocat indien, répondant au nom de Kamlesh Vaswani, en avril 2013 d’une Public Interest Litigation (litige d’intérêt public en VF) la Cour Suprême s’était vu remettre une liste de sites pornographiques à bannir. Entre autres arguments ? La pornographie, « C’est pire qu’Hitler, pire que le Sida ou toute autre épidémie. C’est plus catastrophique qu’un holocauste nucléaire et doit être stoppé ».

Inde_pornographie

Débouté, l’avocat s’est donc tourné vers le gouvernement qui lui a prêté une oreille plus attentive puisque sa liste de sites à bloquer a été constituée à partir de la sienne. Ce blocage se serait que temporaire dans l’attente d’un outil de filtrage plus sophistiqué pour bannir les contenus pédopornographiques.

Parmi ces sites figurent Youporn, Pornhub – dont l’Inde est la 4e source de trafic derrière les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni, Playboy.com, Porntube, Redtube et quelques sites français dont Dorcel.tv mais aussi… le dauphine.com, le site internet du Dauphiné Libéré, comme l’a repéré Le Monde.

Ce n’est pas la première fois que l’Inde s’illustre en matière de censure. En 2012, 300 URL avaient été bloquées, dont Facebook et Twitter, sous prétexte qu’ils envenimaient les tensions ethniques qui avaient cours dans le Nord Est du pays.

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